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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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violente, de la Commune. Les Robespierristes de l’Hôtel de ville n’allaient pas laisser arrêter comme ça leurs chefs. Il retourna au Comité, tout en se sentant peu de nerf pour combattre ; l’arrestation de Saint-Just était absurde, celle d’Augustin et celle de Le Bas injustes et inutiles.
    On avait conduit les prisonniers dans les locaux du Comité de Sûreté générale. Au pavillon de Flore, aucune nouvelle de la Commune. L’huissier Courvol, envoyé vers onze heures et demie à l’Hôtel de ville pour citer Hanriot et Payan à la barre de la Convention, n’était pas revenu. Pas davantage Héron, chargé de saisir Hanriot lorsque son arrestation avait été votée avec celle de ses lieutenants, de Payan et du président du Tribunal révolutionnaire : Dumas. Aucune nouvelle, non plus, d’Hesmart, le nouveau commandant de la garde nationale. La situation apparaissait on ne peut plus bizarre et incertaine. Tout semblait étrangement calme autour des Tuileries. Par les fenêtres, on voyait la foule ordinaire se promener dans le jardin, par ce temps gris, lourd, mais sans autre pluie depuis ce matin. On savait, par les agents de Sénar, qu’aux Jacobins les Robespierristes se réunissaient ; les comités des sections s’agitaient, les uns pour Robespierre, d’autres contre. Dans l’ensemble, la ville demeurait paisible. Un piquet de gendarmerie à cheval et quelques canonniers gardaient la Maison commune où se manifestaient des mouvements très confus. Claude était en train de remarquer mollement que l’on ne réprimerait pas une sédition éventuelle par de simples décrets dont l’exécution appartenait à Herman, robespierriste notoire, qu’il fallait constituer une force armée directement sous l’autorité de la Convention, lorsqu’un appariteur vint demander si l’on voulait recevoir le citoyen municipal Jean Dubon.
    Il entra, essoufflé. Il arrivait en hâte de l’Hôtel de ville après s’en être échappé de justesse. Comme on pouvait s’y attendre, Hanriot et Payan, loin de se soumettre aux décrets lancés contre eux, avaient fait arrêter Héron après Courvol, puis le colonel Hesmart. Ils étaient incarcérés tous les trois à la prison militaire de la Maison commune, rue du Martroi, et l’on s’emparait des municipaux non robespierristes pour les enfermer, de l’autre côté de l’eau, dans les cachots de la mairie, avec deux des administrateurs de police : Michel et Benoit, opposants eux aussi. Dubon ignorait l’arrestation de Robespierre, Saint-Just et Couthon. On n’en savait rien à la Commune lorsqu’il s’était enfui. Le Conseil général venait de lever sa séance jusqu’à six heures. Les mesures exécutées l’avaient été simplement en riposte aux décrets de la Convention contre l’agent national, le chef de l’armée parisienne, le président du Tribunal révolutionnaire et leurs adjoints.
    Mais depuis la fuite de Dubon, la nouvelle avait atteint l’Hôtel de ville. On y prenait d’autres dispositions. Dans la salle du Conseil général, sous le haut plafond de la Renaissance italienne, Fleuriot-Lescot, Payan exhortaient une trentaine de municipaux rappelés en hâte. Dumas venait d’être arrêté en plein tribunal. Le public ne comprenait rien à ce qui se passait. Il bourdonnait sur la Grève, et quelques sans-culottes regagnaient les tribunes. Le Conseil déclara la Commune en insurrection. On rédigea une adresse au peuple pour l’inviter à se lever. On convoqua les présidents des comités de section. Une députation se rendit aux Jacobins pour les amener en nombre à rejoindre la municipalité. De son côté, Hanriot faisait porter à tous les chefs de légion l’ordre d’envoyer quatre cents hommes sur la place de la Commune où devaient également se réunir la gendarmerie à cheval et tous les canonniers avec leurs pièces. Après quoi, le général et Payan partirent pour aller soulever les faubourgs.
    Payan n’alla pas loin, il fut arrêté par les agents de la Sûreté. Hanriot, lui, avec ses aides de camp, galopait vers le faubourg Antoine, appelant aux armes, agitant son sabre et criant : « Les coquins, les scélérats triomphent ! » Ce qui ne renseignait personne. La population, dans son grand nombre ignorante des événements, s’ébahissait de cette galopade, de ces braillements, et, bien que la générale battît çà et là, s’émouvait peu. On n’imaginait nul grand changement. Aucun mouvement insolite

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