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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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deux frères Robespierre, le fit garder à part dans la pièce voisine, avec ses aides de camp arrêtés en même temps que lui. Du reste, le Comité décidait de mettre les prisonniers en lieu plus sûr, et de les répartir dans les diverses prisons de façon qu’aucun coup de main ne pût être tenté pour les libérer.
    À sept heures, chacun dans un fiacre, sous bonne garde, ils furent expédiés : Robespierre au Luxembourg, son frère et Le Bas à la Conciergerie, Saint-Just aux Écossais, Couthon à La Bourbe. La nouvelle de leur désastre avait, dès le premier moment, atteint la famille Duplay. Élisabeth Le Bas désespérée, était depuis longtemps parmi les curieux amassés sur le Petit-Carrousel. Elle suivit le fiacre qui emmenait son mari.
    On conserva Hanriot sur place. Collot et Billaud ne désespéraient pas de le faire entrer dans leur jeu, lui et ses lieutenants, par un habile dosage de menaces et de promesses. Ils se rendirent dans ce but au Comité de Sûreté générale. Convaincre Hanriot eût été fort utile, car la situation devenait très incertaine pour la Convention. Le tocsin maintenant sonnait partout. Selon les nouvelles, Payan, Dumas et tous les Robespierristes incarcérés avec eux avaient été libérés par leurs amis. Il semblait bien que le peuple se soulevait à l’appel de la Commune. Elle disposait dès à présent, annonçaient les observateurs, d’assez grosses masses en armes, réunies sur la Grève, les quais et dans les rues voisines, de deux escadrons de gendarmerie, de trente-quatre pièces de canons. Les sections bourgeoises restaient pour le moment dans leurs quartiers, mais elles n’oseraient probablement pas s’opposer à une insurrection populaire. Certaines refusant d’envoyer leur artillerie à la Grève, la municipalité avait fait arrêter leurs chefs de bataillons. Pour se défendre, la Convention ne pouvait compter que sur ses grenadiers, sur une poignée de gendarmes fidèles et sur les cent cinquante invalides chargés de la police dans les Tuileries. Fouquier-Tinville, enfin au courant, avait regagné en hâte son poste et signalait que le Tribunal révolutionnaire demeurait fidèle au gouvernement.
    À la vérité, les membres du Conseil général ne jugeaient pas leur position aussi favorable qu’elle le semblait aux observateurs de police. On avait des canons, oui, et deux escadrons de gendarmes venus du Petit-Luxembourg. Cela ne représentait pas toute la cavalerie. Quant à l’infanterie réunie sur la place, elle ne comptait pas même trois mille hommes, pour la plupart armés de sabres et de piques. Les Jacobins, priés de s’unir en corps à la municipalité, s’étaient fait représenter par une maigre députation, rien de plus. Enfin, une quinzaine seulement des comités de sections déléguaient leurs présidents à l’Hôtel de ville. Aussi n’y balançait-on pas moins qu’aux Tuileries à s’engager dans une offensive sans retour. En tout cas, sur l’initiative de Payan revenu à son siège, le Conseil avait pris une mesure habile : celle d’interdire aux concierges des prisons d’accepter aucun nouveau détenu.
    Lorsque l’huissier, l’agent de la Sûreté et le gendarme amenant Robespierre se présentèrent, vers sept heures et demie, au guichet du Luxembourg, le concierge se refusa énergiquement à recevoir le prisonnier, et il montra l’ordre du Conseil. L’agent crut alors bien faire en conduisant « le tyran » à la mairie, quai des Orfèvres, pour le remettre aux mains des administrateurs de police. Cependant, la Commune, ignorant que les grands prisonniers eussent quitté l’hôtel de Brionne, confiait à Coffinhal la mission de les délivrer. Il partit avec quatre cents hommes d’infanterie sectionnaire, six compagnies de canonniers et une cinquantaine de gendarmes à cheval. En route, ils entraînèrent plusieurs bataillons des sections populaires. Ils arrivèrent à plus d’un millier aux abords du Carrousel. À huit heures, au soir tombant sous la chape du ciel plombé, ils investissaient le siège du Comité de Sûreté générale, désarmaient la faible garde, envahissaient les locaux où l’hercule Coffinhal ne trouva qu’Han-riot à délivrer, et à saisir que l’officier commandant le poste.
    Les commissaires de la Sûreté générale et ceux du Salut public, sauf Carnot toujours au travail, étaient à la Convention où la séance avait repris depuis une heure. Bréard tenait au fauteuil la

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