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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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Maximilien lui écrivait, à Limoges. Mais à Danton aussi, il avait écrit : « Je suis toi-même. Je t’aime jusqu’à la mort », et il s’était résolu à le faire mourir parce qu’il le jugeait coupable. Il en allait de même pour lui. « Tu as voulu anéantir la plus sacrée des libertés, lui répondit Claude. Point de salut pour toi. »
    Alors, il se mit à les injurier tous, les Montagnards, ses anciens compagnons. « Brigands, lâches, hypocrites ! » criait-il, haletant, s’élançant çà et là comme une bête traquée. « On veut m’égorger, on veut m’égorger !
    — C’est toi qui veux égorger la liberté ! » lui rétorqua André Dumont.
    Dans la touffeur de la salle trop chaude, le tumulte atteignait à la frénésie. Le bruit de la sonnette, maniée à tour de bras par le président, se perdait parmi les trépignements du public, les vociférations, les clameurs hystériques. Jusque dans le Jardin national et sur le Carrousel, on entendait le grondement de cette fureur. Thuriot se couvrit. Ce geste ramena, au bout d’un instant, un peu de calme. Robespierre, qui s’était laissé tomber sur une banquette, se releva pour demander une fois de plus à parler. Et, une fois de plus, les cris : « Non, non ! À bas ! » retentirent. Il se tourna, implorant, vers la Plaine : « Hommes purs, hommes vertueux, je m’adresse à vous, accordez-moi la parole que les brigands me refusent ! » Un mince et froid sourire aux lèvres, Sieyès restait impassible, et la Plaine muette. Les hurlements recommençaient à couvrir l’aigre voix que l’on ne voulait plus entendre. Elle apostropha Thuriot :
    « Président, de quel droit protèges-tu des assassins ?
    — Tu n’as pas la parole, tu n’as pas la parole ! » répondit Thuriot à pleine gorge. Et la voix de Tallien : « Vous l’entendez, le monstre ! Il nous traite d’assassins ! »
    Tout se perdit de nouveau dans la trépidation, le vacarme insensé. Le président s’était encore couvert. On voyait Robespierre, le visage en sueur, la bouche ouverte, remuer ses lèvres minces, mais nulle parole ne se distinguait plus. Il se rassit, épuisé.
    Comme le silence se rétablissait, deux députés, l’un à droite, l’autre à gauche – deux députés obscurs : le dantoniste Louchet et le feuillant Lozeau – crièrent ensemble :
    « Arrestation !
    — Aux voix ! » répondit l’Assemblée.
    Billaud-Varenne remontait à la tribune où il se mit derechef à discourir, tandis que Robespierre jetait à la Plaine : « Écoutez les scélérats qui ont égorgé les citoyens ! » Mais on en avait assez, des discours, on voulait en finir. « Arrestation ! Aux voix, aux voix ! » criait-on sur tous les bancs. Augustin descendit en courant pour se joindre à son frère, et, lui prenant le bras : « Moi aussi, je périrai par la main du crime ! » Thuriot fit voter. La Montagne, le Marais, ce qui restait de la droite se levèrent quasi unanimes. En un instant le décret fut rendu, aux cris de « Vive la liberté ! Vive la République !
    — Elle est perdue, riposta Robespierre, car les brigands triomphent.
    — Qu’on m’arrête aussi ! Je ne partagerai pas l’opprobre de ce décret ! » s’écria Le Bas en venant se mettre aux côtés de ses amis. Robespierre ne renonçait point. Debout devant l’estrade, redressé de toute sa petite taille, il tenait tête encore aux vainqueurs. Comme Fréron, Legendre, Barras le souffletaient du nom répété de Danton : « Pourquoi ne l’avez-vous pas mieux défendu, lâches ! » répliqua-t-il. Fréron réclamait l’arrestation de Saint-Just et de Couthon, en qualifiant celui-ci de « tigre altéré du sang de la représentation nationale. »
    « Robespierre, Couthon, Saint-Just forment un triumvirat, dit Élie Lacoste. Saint-Just a voulu la scission du Comité pour faire la paix avec l’ennemi.
    — C’est exactement le contraire, protesta Claude. Ne tombons pas dans l’absurdité. Saint-Just a voulu la poursuite de la guerre et l’union entre nous.
    — Aux voix, aux voix ! »
    La raison n’avait plus de place ici, la machine dévoreuse était lancée. En un tournemain, Couthon, Saint-Just, Le Bas furent réunis aux deux Robespierre. Se souvenant du rapport coupé dès l’exorde, Collot d’Herbois, revenu au fauteuil, demanda que Saint-Just remît à la Convention le texte dont il tenait encore à la main les feuillets. Le

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