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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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dépendances de l’ancienne église Saint-Eustache, où elles siégeaient, elles assaillirent leurs adversaires qui les reçurent avec vigueur. On vit alors sur la placette ce rare spectacle : deux troupes de femmes se houspillant dans un ramage de basse-cour en folie, ces dames s’efforçant de se trousser les unes les autres, et finalement, dans des envols de jupons, de chemises, une floraison de rondeurs callipyges de tous les calibres et de tous les tons solidement claquées par les étalières ; car ce furent elles les fesseuses, non point les fessées. À la suite de quoi la Convention supprima par décret tous les clubs féminins. Une perquisition au domicile de Claire Lacombe ne fit rien découvrir d’autre que quatre ou cinq piques, aussi n’était-elle point inquiétée. Elle déclarait d’ailleurs ne plus vouloir s’occuper que de son art. Leclerc d’Oze, soumis par son âge à la réquisition, s’était engagé dans le bataillon de la section Marat et partait tenir garnison à La Fère, emmenant sa toute récente épouse, Pauline Léon. Pour Varlet, le Comité de Sûreté générale se disposait à le remettre en liberté sur la demande d’Hébert et des Hébertistes de la Commune qui répondaient de lui après deux mois de détention considérés comme une leçon suffisante. À Stanislas Maillard aussi on venait de rendre la liberté, aucune charge n’ayant été retenue contre lui. Les pièces recherchées par Panis et Sergent ne se trouvaient pas dans ses papiers, et les deux anciens membres du Comité de surveillance restaient avec leur obsession, avec la crainte que Maillard, un jour, ne les accablât.
    Égalité était mort courageusement. Vêtu avec sa recherche habituelle, son visage au gros nez plus congestionné que jamais, il montrait un suprême détachement, voire quelque empressement à se débarrasser de la vie. « Dépêchons ! » avait-il dit au bourreau.
    Manon Roland lui succéda devant le Tribunal révolutionnaire. Une première fois – le jour de la Toussaint – elle avait été interrogée en chambre du conseil par un juge et Fleuriot-Lescot, le substitut de l’accusateur public. Ils avaient eu de la peine à endiguer sa faconde ; il n’avait pas fallu moins de trois heures pour obtenir d’elle, acide et finalement glaciale, des réponses à des questions précises sur le complot fédéraliste dont elle nia tout. Ramenée dans sa cellule à la Conciergerie, elle passa ses nerfs en écrivant des pages vengeresses sur Robespierre mais plus encore sur l’ennemi essentiel, le Cyclope :
    « Ô Danton ! c’est ainsi que tu aiguises les couteaux contre tes victimes. Frappe ! une de plus augmentera peu tes crimes, mais leur multiplicité ne peut couvrir ta scélératesse ni te sauver de l’infamie. Aussi cruel que Marius, plus affreux que Catilina, tu surpasses leurs forfaits sans avoir leurs grandes qualités, et l’Histoire vomira ton nom avec horreur ! »
    Plus calme quoique non moins sévère, elle jugeait également ses anciens amis : les guillotinés du 9 et les traqués.
    « Ils ont temporisé avec le crime, les lâches ! ils devaient tomber à leur tour, mais ils succombent honteusement sans s’être plaints de personne, sans autre perspective dans la postérité que son parfait mépris. »
    La reine Coco n’était point femme, elle, à succomber sans se plaindre. Elle le prouva, le 17 du second mois, quand elle comparut devant la section du tribunal présidée par Dumas. Elle avait préparé un mémoire exposant sa conduite politique depuis le début de la Révolution. Elle en commença la lecture. Dumas l’interrompit en observant qu’elle abusait de la parole pour prononcer l’éloge de criminels dont le tribunal avait reconnu la culpabilité. Elle protesta de toute sa voix contre ce procédé, et, se tournant vers le public : « Je vous demande acte, s’écria-t-elle, de la violence que l’on me fait. » À quoi le peuple répondit : « À bas les traîtres ! Vive la République ! »
    Pour comparaître, Manon s’était vêtue de blanc, les cheveux répandus sur les épaules, noués d’un ruban. L’ignoble Hébert n’avait-il pas eu le front d’écrire, une fois, que ses cheveux n’étaient pas à elle. Elle ne l’oubliait point et tenait à les montrer. Elle les secouait avec colère, séduisante encore, pleine de son indomptable énergie, acharnée à se défendre, elle et son mari, même après le réquisitoire de

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