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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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Père Duchesne, tenta de le paralyser, mais le pauvre Camille, butant sur les mots, n’était point propre à l’escrime verbale. Maximilien lui dit à mi-voix de se taire. Bientôt convaincu d’avoir favorisé Custine, et, avec Bazire et Chabot, intrigué pour « faire rebrousser chemin à la Convention », voulu « ressusciter le Brissotisme », Thuriot fut exclu de la Société. Robespierre n’avait pas répliqué à Hébert, il empêcha également Claude et Couthon de riposter.
    « Non, non, dit-il, ne nous engageons pas encore. »
    Il répondit indirectement à la tribune de la Convention, mais en prenant les choses de leur point le plus haut. Passant bien au-dessus du méprisable personnage d’Hébert, il fit un de ses discours de véritable homme d’État. Il s’agissait d’un rapport sur la situation politique, intérieure et extérieure, de la république. Claude ne put qu’admirer et applaudir. C’était un travail profondément médité, édifié sur les plus solides notions. Pour les acquérir, Maximilien avait demandé au Conseil exécutif un fonctionnaire compétent. Deforgues désigna le premier chef de division au ministère des Affaires étrangères, Colchen. Celui-ci, tout l’opposé d’un sans-culotte, avait refusé de se rendre auprès du conventionnel dont il exécrait jusqu’au nom, sans d’ailleurs connaître le personnage. Deforgues, très inquiet, ayant assuré à Robespierre que seul le premier chef de division pouvait lui fournir une vue complète de la situation européenne, Maximilien s’était rendu lui-même au ministère. Colchen eut la surprise de voir un homme parfaitement courtois, en poudre comme lui et vêtu d’un habit du meilleur ton, un homme qui l’appela monsieur, non pas citoyen, et se garda de le tutoyer. Il ne fut pas moins surpris, après trois quarts d’heure au cours desquels il avait parlé librement sans ménager son opinion et sans être interrompu une seule fois, quand il entendit l’odieux Robespierre lui répondre, d’une manière fort obligeante, qu’il l’avait écouté avec intérêt et plaisir. Pour l’instant, on l’attendait ; il demanda une seconde conférence pour mieux s’assurer, dit-il, que sa mémoire ne le trahirait pas. Cette conférence eut lieu quelques jours plus tard, elle dura une demi-heure. Robespierre paraissait fort content, mais, se défiant encore de sa mémoire, il pria son interlocuteur de lui envoyer une notice sur chacun des objets dont il l’avait entretenu. Colchen, assez troublé par ce personnage si différent de la façon dont on l’imaginait dans la « bonne société », et lui-même grand commis, soucieux par-dessus tout des intérêts de la France, s’était fait finalement un plaisir de lui fournir les renseignements les plus étendus et les plus clairs.
    Appuyé là-dessus, Maximilien montra la faiblesse profonde de la coalition étrangère : les ambitions inavouées que couvrait la lutte contre la Révolution française ; l’égoïsme de l’Angleterre et l’inintelligent dédain de son Premier ministre ; l’alliance fragile de la Prusse avec l’Autriche, toutes manifestations et combinaisons de façade, factices et plus compromises encore par le choc d’intérêts contradictoires, par la haine des nationalités jalouses, et qui faisaient uniquement le jeu de la Russie. Au contraire, à ce colosse aux pieds d’argile, la nation française pouvait opposer son unité, sa force puisée aux racines mêmes, la puissance d’un idéal. L’existence de la France n’assurait-elle pas dans l’Europe l’équilibre politique garantissant l’indépendance des petits États ?
    « Que sur son sol la liberté périsse, et la nature se couvre d’un voile funèbre, la raison humaine recule jusqu’aux abîmes de l’ignorance et de la barbarie. Le despotisme, comme une mer sans rivages, déborderait sur le globe. »
    Mais pour remplir son rôle, fallait-il encore que la France n’épouvantât pas toutes les nations en leur montrant une figure hideuse. Il fallait éviter les excès ou les fureurs qui aviliraient aux regards de l’Europe l’œuvre magnifique de la Révolution.
    « La sagesse seule peut fonder une république. Soyez révolutionnaires et politiques. Soyez terribles pour les méchants et secourables aux malheureux, fuyez à la fois le modérantisme et l’exagération systématique des faux patriotes. Ne l’oubliez pas, Pitt a la main dans nos troubles depuis 1789, et

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