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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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vertueuse Aubry et s’exhibait demi-nue avec un cortège qui ne présentait plus rien de virginal.
    Tout cela n’aurait pas été mieux calculé si l’on avait voulu rendre la république odieuse à tout esprit possédant la moindre notion de dignité, de décence, si l’on avait voulu donner au catholicisme lui-même le prestige du martyre. Robespierre ne doutait pas de cette volonté.
    « Prends garde, dit-il à Claude, cela fait partie du complot de l’Étranger pour discréditer la Révolution. Hébert et ses séides sont des royalistes masqués. Vois donc à quoi tu te laisses entraîner par ton athéisme. »
    Claude n’avait pas attendu cette admonestation pour prendre vivement à partie Hébert et Clootz, aux Jacobins : « Quoi, nous prétendons enseigner au peuple la philosophie, la sagesse, et vous débutez en lui offrant l’exemple de tous les débordements ! » Il ne croyait pas néanmoins au complot. Clootz, l’ Orateur du genre humain, était un utopiste emporté hors de toute mesure par ses chimères ; Chaumette, un assez bon garçon, plutôt faible, trop peu sensible aux charmes du beau sexe, racontait-on, et trop sensible à de plus mâles attraits. Mais ne chuchotait-on pas de même que Robespierre et Saint-Just… Ce qui était absolument inexact. La faute des Hébertistes tenait toute dans leur impatience, leurs courtes vues. Ils ne comprenaient pas que les révolutions devaient maintenant céder la place à une évolution, soutenue mais prudente, grâce à laquelle, d’étape en étape, la Révolution atteindrait sa maturité et son terme, c’est-à-dire l’épanouissement de l’homme dans l’égalité, la justice parfaites, dans une complète liberté matérielle, intellectuelle et morale. L’ambition d’Hébert, effrénée pour avoir piétiné trop longtemps devant les Pétion, les Roland, les Danton, les Robespierre, les Marat, l’enivrement de la position qu’il avait acquise une fois disparu l’Ami du peuple, et Jacques Roux, Leclerc éliminés, lui donnaient une véritable frénésie de parvenir, maintenant qu’il se sentait près de dominer ses deux grands rivaux. Il devenait lui-même un de ces Enragés qu’il avait contribué à abattre, et dont, du reste, les partisans se rangeaient désormais avec lui.
    En fait, il était allé trop loin. Avec Chaumette, sans doute tenait-il la Commune où le parti Dubon, menacé d’une accusation de modérantisme, ne bougeait plus et se bornait à travailler en silence dans les commissions. Cependant Dubon assurait à Claude que cela ne durerait pas : Hébert effrayait Chaumette dont le caractère n’était ni violent ni sanguinaire et que la crainte seule poussait à l’exagération. Il avait pris sous sa protection Cléry : le valet de Louis au Temple. Dans ses fonctions, il faisait beaucoup de bien. Hébert régnait encore sur les Cordeliers, disposait de Vadier, Jagot et Voulland au Comité de Sûreté générale. Mais le club de la rue Honoré – on ne disait plus Saint – ne le suivait plus qu’avec réticence ; les purs Jacobins avaient applaudi la protestation de Claude. Et, au Comité de Salut public, Billaud-Varenne en personne blâmait les excès du fanatisme hébertiste.
    D’un commun accord, on rédigea une circulaire pour les représentants en mission : « Vous devez vous garder, les avisait-on nettement, de fournir aux contre-révolutionnaires hypocrites aucun prétexte qui semble justifier leurs calomnies. Il ne faut pas leur présenter l’occasion de dire que l’on viole la liberté des cultes et que l’on fait la guerre à la religion elle-même. »
    Hébert, en outre, s’affaiblissait du discrédit dans lequel tombaient tour à tour les Dantonistes, dont il avait eu le soutien. En l’absence de Danton – encore dans sa maison d’Arcis où il demeurait depuis bientôt un mois, avec un congé régulier de maladie – ses amis se déconsidéraient chaque jour davantage. Claude découvrait avec stupeur que la plupart des hommes avec lesquels il avait vécu plus ou moins familièrement dans l’entourage de Danton étaient des aigrefins. Outre l’abbé d’Espagnac, triste enfant de Brive, devenu grâce à Danton entrepreneur des charrois pour l’armée de Dumouriez, et accusé par Cambon d’effarantes filouteries – il touchait chaque mois cinq millions quatre cent quarante-trois mille livres en numéraire, pour un service qui lui coûtait un million cinq cent mille livres en

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