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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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république. Là-dessus, il conclut en réclamant, comme le voulait son chef Hébert, le procès des soixante-treize, exclus le 3 octobre. Et, une fois de plus, Robespierre le refusa d’un ton fort sec. « La Convention, dit-il, les a jugés elle-même en les chassant de son sein, et les a condamnés à la détention. Il n’y a pas à revenir là-dessus. » Comme Amar voulait appuyer Fayau, Maximilien trancha net. « Ils n’étaient coupables que d’une opinion erronée. Le Tribunal n’a point à connaître des opinions mais des crimes. » Claude agita sa sonnette.
    « L’Assemblée passe à l’ordre du jour », déclara-t-il, escamotant toute discussion.
    Sitôt la séance levée, il envoya un huissier lui acheter le journal de Desmoulins. On n’en trouvait plus, le citoyen Avril avait vendu en une heure tous ses exemplaires. Diantre ! Les Révolutions de France et de Brabant ne s’étaient pas enlevées de la sorte. Au Comité toutefois, Le Vieux Cordelier ne manquait point. Couthon passa le sien à Claude en hochant la tête.
    « Ce n’est pas mal, tu verras. »
    Le Vieux Cordelier, c’était Camille. Il rappelait son ancienneté révolutionnaire. Avec Danton, Dubon, Santerre, Momoro, Brune – à présent aux armées –, il avait été des tout premiers membres du club fondé par Legendre, et il le proclamait à la face des nouveaux venus qui profitaient du terrain gagné en l’absence de Danton, pour « le huer aux Jacobins comme un homme condamné par tous les suffrages. La victoire nous est restée parce que, au milieu de tant de ruines de réputations colossales, celle de Robespierre est debout ; parce qu’il a donné la main à son émule en patriotisme, notre président perpétuel des anciens Cordeliers, notre Horatius Coclès. Après le discours foudroyant de Robespierre il est impossible d’élever la voix contre Danton sans donner une quittance publique des guinées de Pitt ». Foudroyant ! c’était beaucoup dire ! S’adressant à Maximilien, Camille ajoutait : « Dans tous les autres dangers dont tu as délivré la république, tu avais des compagnons de gloire ; ce soir-là, tu l’as sauvée seul. » La feuille évoquait moins un journal qu’un pamphlet. Desmoulins, sans les nommer, désignait clairement les Hébertistes et, avec sa verve féroce, fustigeait durement ces hommes qui, « usurpant un titre sacré », outraient l’énergie révolutionnaire pour ruiner la Révolution.
    Un instant, Claude se demanda si Maximilien n’avait pas inspiré directement Camille. Mais non, il n’aurait pas approuvé ce panégyrique. En effet, passant dans son cabinet, Claude l’y trouva mécontent, sinon effrayé, de se voir mis en avant de la sorte.
    « Tout cela vient de Danton, dit-il. Il a poussé le naïf Desmoulins dont on enflamme aisément l’enthousiasme. Danton se sert adroitement de moi pour se relever dans l’opinion, pour se donner un brevet de civisme.
    — Tu peux rétablir les choses, à la Société.
    — Non pas. Tous les alliés sont bons pour combattre les exagérés. Camille les mènera rudement, mais je prendrai la précaution de surveiller ses écrits avant qu’il ne les imprime. »
    Il se fit communiquer les numéros suivants, en épreuves, pour les corriger et annoter. Danton en faisait autant. Le succès du Vieux Cordelier ne cessait de croître, le tirage ne suffisait pas à la demande. Cela donnait même lieu à une spéculation : les marchands ne le vendaient qu’au prix de l’or. Camille malmenait les ultra-révolutionnaires, s’en prenait nommément à Chaumette, à Clootz – qui, affolé, envoyait à Claude en le suppliant de le défendre devant les deux Comités, ces lignes admirables : « Fort de ma vertu, une main sur les mamelles de la nature, je repousserai de l’autre tous les sophismes de la friponnerie » – à Hébert qu’il criblait d’une plume étincelante, impitoyable.
    « Ne sais-tu donc pas, Hébert, que quand les tyrans d’Europe veulent avilir la république, quand ils veulent faire croire à leurs esclaves que la France est couverte des ténèbres de la barbarie, que Paris est peuplé de vandales, ne sais-tu pas, malheureux, que ce sont des lambeaux de tes feuilles qu’ils insèrent dans leurs gazettes, comme si le peuple était aussi bête, aussi ignare que tu voudrais le faire croire à M. Pitt, comme si on ne pouvait lui parler qu’un langage aussi grossier, comme si c’était là le langage de

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