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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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la Convention et du Comité de Salut public, comme si tes saletés étaient celles de la Nation, comme si un égout de Paris était la Seine ! »
    À quoi Hébert riposta : « Il est, braves sans-culottes, un grand homme que vous avez oublié. Il faut que vous soyez bien ingrats, car il prétend que sans lui il n’y aurait jamais eu de révolution. Il s’appelait autrefois le Procureur général de la Lanterne, et on lui doit quelques bonnes pendaisons, quelques cœurs et têtes promenés dans Paris au bout des piques. Mais à présent c’est le plus pacifique des humains. Il est si sensible qu’il n’entend jamais parler de guillotine sans frissonner jusqu’aux os. C’est grand dommage que sa langue le trahisse, il prouverait à la Montagne et au Comité de Salut public qu’ils n’ont pas le sens commun. Mais s’il ne parle pas, maître Camille, en revanche, il écrit. Il écrit, au grand contentement des modérés, des Feuillants, des royalistes et des aristocrates. »
    Remarque juste, et redoutable. Tous les contre-révolutionnaires achetaient Le Vieux Cordelier, applaudissaient aux philippiques de Camille, l’en félicitaient. Leurs feuilles, plus ou moins déguisées, chantaient ses louanges. Les muscadins : ces « culottes dorées » qui, bravant la guillotine, signalaient ostensiblement leur royalisme par le luxe extravagant de leur costume et le musc dont ils se parfumaient en abondance pour combattre, disaient-ils, la mauvaise odeur des patriotes, l’acclamaient dans ce même Palais-Royal où il avait, en juillet 89, appelé aux armes contre la royauté.
    Dans son troisième numéro, sous le couvert d’une fiction transparente, empruntée à l’histoire romaine, il fit le procès de la Terreur. Paraphrasant Tacite, il stigmatisait le régime de dénonciations et de suspicion générale établi par les Hébertistes, tournait en ridicule la liste des crimes contre-révolutionnaires, dénonçait l’arbitraire des deux Comités.
    Dans le numéro IV, il rejeta toute précaution pour lancer ce cri : « Non, la liberté, cette liberté descendue du ciel, ce n’est point une nymphe de l’Opéra, ce n’est point un bonnet rouge, une chemise sale ou des haillons. La liberté, c’est le bonheur, c’est la raison, c’est l’égalité, c’est la justice !… Voulez-vous que je la reconnaisse, voulez-vous que je tombe à ses pieds, que je verse tout mon sang pour elle ? Ouvrez les prisons à ces deux cent mille citoyens que vous appelez suspects, car dans la Déclaration des droits, il n’y a point de maison de suspicion, il n’y a que des maisons d’arrêt, il n’y a point de gens suspects, il n’y a que les prévenus de délits fixés par la loi. Et ne croyez pas que cette mesure serait funeste à la république, ce serait la mesure la plus révolutionnaire que vous ayez prise. Vous voulez exterminer tous vos ennemis par la guillotine ! Il n’y eut jamais plus grande folie. Pouvez-vous en faire périr un seul sur l’échafaud sans vous faire dix ennemis, de sa famille, de ses amis ? Croyez-vous que ce soit ces femmes, ces vieillards, ces cacochymes, ces égoïstes, ces traînards de la Révolution qui soient dangereux ? De vos ennemis, il n’est resté parmi vous que les lâches et les malades ; les braves, les forts ont émigré, ils ont péri à Lyon ou dans la Vendée. Tout le reste ne mérite pas votre colère. »
    Il demandait la constitution d’un comité de clémence.
    Claude y était tout disposé, ou plutôt à la création d’un comité de justice, car il pensait bien, après son expérience de septembre 92 à la Commune, qu’une partie des suspects devaient leur emprisonnement à l’animadversion personnelle, à la jalousie, à la bêtise, non point à des agissements ni même des intentions antirévolutionnaires. Quant au reste, on ne pouvait approuver Desmoulins, et il le lui dit.
    « Tu as la tête dans les nuages, mon pauvre Camille. Ah ! tu t’imagines que les gens dangereux ont émigré ou sont tous morts à Lyon et dans la Vendée ! Ceux que Batz recrute journellement, ce sont des amis de la république, selon toi ? Sais-tu que chaque section, chaque comité révolutionnaire même, renferme des contre-républicains cachés sous le masque du sans-culottisme, qu’ils s’entendent, qu’ils agissent, qu’ils profitent de tout pour gagner des adeptes et miner la Révolution ? Sais-tu où se cachait Proli ? Chez un commis de la Sûreté

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