Une histoire du Canada
y a aussi un nouveau gouverneur général, le marquis de vaudreuil, qui, soit dit en passant, est né au Canada.
Montcalm ne perd pas son temps. en août 1756, il s’empare du seul poste britannique sur les Grands Lacs, fort Oswego. Pendant ce temps, les pouvoirs britanniques tergiversent, alors que la réaction des divers gouvernements coloniaux à une crise qui menace d’enflammer leurs frontières varie énormément.
L’année suivante, 1757, n’est pas meilleure. Les Britanniques dépêchent force troupes et généraux en amérique du nord, avec un succès très mitigé. sur les mers, les Français parviennent à nouveau à faire débarquer des renforts à Québec, dont Montcalm se sert dans une nouvelle campagne audacieuse, s’emparant cette fois du fort William Henry, une possession britannique située près du lac Champlain.
On se souvient surtout de cette capture en raison du massacre, par les alliés amérindiens de Montcalm, d’une partie de la garnison qui s’est rendue, qui s’ensuit ; cet événement sera immortalisé dans le dernier roman de James Fenimore Cooper, Le dernier des Mohicans . On fait moins de cas des événements qui suivent la reddition du fort. il est certain que les indiens massacrent une partie des prisonniers britanniques et en capturent d’autres, car un Britannique captif représente pour eux une rare source de profit en raison de la rançon – une pratique courante pendant les guerres coloniales18.
Montcalm sauve bel et bien quelques prisonniers des amérindiens, tout en en condamnant presque certainement d’autres à mort quand leurs ravisseurs voient s’envoler leur espoir de profit.
deux cultures s’affrontent. Pour les Français et les Britanniques, les prisonniers qui se sont rendus sont sacro-saints, ce qui n’est pas le cas pour les amérindiens. en réalité, les alliés amérindiens de Montcalm se sentent 76
UnE HIsTOIRE dU Canada
Placentia
Louisbourg
Halifax
Sn ATpE
Fort Beauséjour
SE
Boston
DERREU
Fort William Henry
G
Fort Carillon
Québec
LA
new York
Montréal
Fort Oswego
Fort niagara
Fort Presqu’île
Fort duquesne
Fort Frontenac
Fort
detroit
4•lesguerrespourlaconquêTedel’amérique(1) 77
trahis par le général français, venu se mêler de leurs coutumes guerrières.
Beaucoup ne se battront plus aux côtés des Français ; il s’agit là d’une perte grave pour l’armée française dans cette guerre. il ne fait aucun doute que Montcalm finit pas avoir en horreur ses alliés amérindiens, sans parler du manque de discipline de la milice coloniale, et les événements survenus au fort William Henry marquent un tournant dans la désintégration de la puissance militaire coloniale française.
enfin, les Britanniques, tant ceux des colonies que de la mère-patrie, sont effarés par les récits de vols et de meurtres que les survivants du massacre – et ils sont nombreux – viennent rapporter. C’est aussi un tournant dans la perception que les Britanniques ont des amérindiens, qu’il leur arrive parfois de considérer comme des êtres romantiques, de « nobles sauvages », sans tache attribuable à la civilisation. après William Henry, certains durcissent leur opinion. Loin d’être une version améliorée de l’humanité, les amérindiens sont bien pires que les européens civilisés. tous ne sont pas unanimes sur ce point et c’est dans cette divergence d’opinion que naîtra la politique amérindienne des Britanniques19.
au terme de deux années sombres, en 1758, la chance tourne pour les Britanniques. Un gouvernement plus solide au pays, dirigé par William Pitt père, combiné à de meilleurs généraux et des finances plus saines, finit par se révéler payant. Pitt donne de généreuses subventions aux colonies pour les inciter à lui fournir une aide essentielle, en hommes et provisions, pour l’armée et la flotte qu’il a expédiées de l’autre côté de l’océan. La flotte britannique, la Marine royale, garde la marine française à quai dans les ports de France.
Montcalm et les autres dirigeants coloniaux devront s’en remettre à leurs propres ressources ou, à tout le moins, à ce que leur colonie est en mesure de leur donner. Malheureusement pour les Français, la récolte au Canada est mauvaise et les vivres commencent à manquer – et les prix à grimper, à la grande satisfaction de l’intendant, Bigot, et de ses petits copains. Le général Montcalm et le gouverneur vaudreuil ne
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