Une histoire du Canada
chemin propice à l’invasion.
Le Congrès interdit les échanges commerciaux avec toute colonie qui n’a pas envoyé de délégués à ses séances, puis autorise les corsaires à s’attaquer aux navires marchands britanniques et à tout autre bien, y compris ceux des pêcheurs terre-neuviens et néo-écossais. Cette arme économique est puissante mais c’est une arme à deux tranchants : elle cause du tort alors même qu’elle impressionne et offre aux néo-écossais l’occasion de combler le vide dans l’économie impériale ouvert par les rebelles. il est aussi vraisemblable que la nouvelle-écosse elle-même arme des corsaires et rende à ses voisins la monnaie de leur pièce avec les intérêts.
en nouvelle-écosse, on observe une certaine sympathie à l’égard de la cause des rebelles parmi les immigrants récents venus de la nouvelle-angleterre (mais les immigrants récents en provenance de la Grande-Bretagne ou d’autres parties de l’empire ne sont pas immunisés contre les sentiments révolutionnaires). il s’agit d’un mouvement né dans les régions inexploitées, loin de la capitale, Halifax, où l’assemblée, par rapport à celle des autres colonies, demeure respectueuse du pouvoir impérial, voire pleine de déférence à son égard. La région se trouve aussi loin des villes de nouvelle-angleterre les plus proches, à des centaines de kilomètres de forêts sans voie de communication et séparée par des amérindiens qui sont, au mieux, neutres face à la cause des rebelles.
Le chef des rebelles, George Washington, autorise l’invasion du Québec qui, avec la nouvelle-écosse, espère-t-il, pourraient devenir les quatorzième et quinzième colonies à se joindre à la rébellion. À l’automne de 1775, deux forces rebelles convergent vers le Québec, l’une vers Montréal, où Carleton s’efforce de diriger la résistance de sa province, et l’autre par voie terrestre en passant par les forêts des appalaches en direction de Québec.
en vain, Carleton espère recevoir de l’aide des neuf mille vétérans canadiens de la guerre de sept ans ou de leurs nombreux enfants. Certains seigneurs se rallient à sa cause, mais beaucoup trop peu. La plupart des agriculteurs canadiens-français, les « habitants », ne ressentent aucune loyauté envers George iii. ils ont beaucoup souffert aux mains des pouvoirs 5•lesguerrespourlaconquêTedel’amérique(2) 95
français pendant la guerre de sept ans, ont connu de nombreuses pertes de vies humaines et des pertes économiques considérables, et les Britanniques ont couronné le tout en incendiant et en pillant tout le long du saint-Laurent. C’est suffisant pour inciter à la prudence face à l’enthousiasme des seigneurs envers une guerre qui justifierait leur statut social (en tant qu’officiers) et leur apporterait gloire et faveurs.
en 1775, Carleton commence à recevoir une aide inattendue : les immigrants anglophones du Québec, qu’ils proviennent des îles Britanniques ou des colonies, se rallient au gouvernement. ils s’intéressent surtout à la traite des fourrures et leurs marchés se trouvent en Grande-Bretagne et non en amérique. La guerre les libère de la concurrence américaine et a pour effet de rendre à Montréal son ancien statut de capitale nord-américaine de la traite des fourrures. Mieux encore, les « Canadiens » qui s’adonnent à la traite des fourrures sont aussi susceptibles de percevoir l’avantage que peut leur apporter un lien avec la Grande-Bretagne. Cette perception s’intensifiera au cours des années de guerre qui suivront mais, au départ, elle n’est pas d’une grande utilité pour Carleton.
Finalement, à la mi-novembre, le gouverneur abandonne Montréal aux américains et s’enfuit sur le saint-Laurent couvert de glaces jusqu’à Québec, où l’attend une autre armée américaine. Heureusement pour Carleton, il parvient à constituer une force de défense avec ses maigres troupes et des volontaires de la ville ; cette force est suffisante pour résister à une armée américaine qui, fort heureusement, ne dispose pas d’une artillerie propre à assiéger une ville et doit donc s’en remettre à un blocus ou prendre Québec d’assaut. Comme beaucoup de soldats américains se sont enrôlés jusqu’à la fin de l’année seulement, leur commandant, richard Montgomery attaque la ville en pleine tempête de neige la veille du jour de l’an en 1775.
Les Britanniques repoussent
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