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Une irrépressible et coupable passion

Une irrépressible et coupable passion

Titel: Une irrépressible et coupable passion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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faces avides aux aguets et
objecta :
    « C’est impossible. Je n’en serai pas capable. »
    Il baissa la tête, puis imita Isabel lorsqu’elle se leva.
Elle endura un baiser.
    « Je ne comprends pas, sanglota-t-elle.
    — Je ne comprends pas non plus. »
    Puis, put-on lire, « dans une pièce adjacente, elle
s’abandonna à ses caresses affectueuses ».
    Quelques jours plus tard, Isabel lui écrivit :
« Je ne peux plus sortir. Je n’en ai plus la force. J’essaye de dormir,
mais je n’y parviens pas et je mijote tant et plus dans mon jus, à espérer que
ce cauchemar soit seulement dans ma tête. Comme maintenant, assise avec le
psaume 91 devant moi. Lis-le et tu sauras ce que je pense. Je réexamine ma
vie avec toi, à la recherche de ce que j’ai fait de mal. Mais je ne trouve
rien. Je me suis efforcée d’être une épouse et une mère dévouée, pour toi et
Jane. Et maintenant, il ne me reste que de vagues souvenirs du mari bon et
aimant que tu as jadis été pour moi. »
    Isabel disparut de la circulation. Et Jane ne revit plus
jamais son père.
     
    Haddon Jones n’avait toujours rien dit à la police, mais au
bout d’une heure sur la sellette, il fut autorisé à avoir une entrevue privée
avec son ami, dans la cellule de Judd.
    « Bud, est-ce que tu as fait ce dont ils
t’accusent ? s’écria-t-il, en larmes.
    — Oui, Had », acquiesça Judd.
    Haddon émit un soupir affligé.
    « Oh, Bud, pourquoi ?
    — Je ne le sais pas moi-même », lui confia Judd.
    Avec le sentiment que ce bon vieux Judd lui pardonnerait,
Haddon s’en fut ensuite dans le bureau du procureur et raconta sans détour la
vérité sur son camarade de lycée.
    Ce fut à travers un formidable attroupement que, ce mardi
après-midi là, on mena Henry Judd Gray jusqu’au tribunal de police de l’hôtel
de ville de Jamaica pour sa mise en accusation. Des centaines de personnes
congestionnaient Jamaica Avenue et des indiscrets escaladèrent même les échafaudages
d’un chantier pour observer par les hautes fenêtres du tribunal la réponse des
amants honnis aux chefs d’accusation énoncés par le magistrat.
    Mrs Ruth Brown Snyder était déjà là, en chapeau-cloche
de feutre vert, manteau de rat musqué marron, bas de soie couleur chair et
escarpins en alligator. Elle avait toujours au doigt son alliance en platine.
L’accompagnaient plusieurs inspecteurs qui avaient enquêté sur le crime le
dimanche, ainsi que son tandem de défenseurs mal assortis : Edgar Hazelton,
un ancien juge municipal cultivé qui s’intéressait à la vie politique
républicaine, et Dana Wallace, avocat pénaliste grandiloquent et alcoolique
notoire, qui avait étudié l’art dramatique à Yale. Les deux hommes ne tardèrent
pas à se prendre en grippe. Mrs Josephine Brown avait retiré à la banque,
en guise de provision, dix mille dollars – les économies de toute une
vie – et elle les aurait entièrement perdus si Wallace n’avait pas refusé
sa moitié des honoraires dans l’intérêt de Lorraine.
    Judd, lui, était représenté par Samuel Miller, la trentaine,
expert-comptable, spécialisé dans le droit fiscal et des sociétés, ainsi que
par William J. Millard, politicien républicain plus âgé, ancien assistant
du procureur fédéral, et proche ami du défunt président Theodore Roosevelt.
    Moins de soixante heures s’étaient écoulées depuis que les
deux accusés s’étaient quittés, aussi, lorsqu’il s’avança dans la salle
d’audience au côté de son amante, Judd lui tendit-il instinctivement la main.
Elle l’accepta avec tendresse et ils échangèrent un sourire fugace. Puis ils se
rappelèrent les instructions de leurs avocats et regardèrent devant eux. Ils ne
se toucheraient plus jamais.
    Judd eût volontiers plaidé coupable pour en finir, mais il
était inculpé de meurtre avec préméditation, ce qui impliquait obligatoirement
qu’il conteste sa culpabilité devant un jury.
    Le camp de Ruth soutint avec ferveur qu’elle n’était pas
coupable, que Judd Gray avait agi seul et qu’elle était « détenue sur la
base de présumés aveux sur lesquels elle revient aujourd’hui au motif qu’ils
ont été obtenus sous la contrainte et par la force ».
     
    La veillée publique du corps d’Albert Snyder eut lieu à son
domicile, au rez-de-chaussée, juste au-dessous de sa chambre, au soir du
22 mars. Mrs Josephine Brown se chargea de l’organisation. Le
cercueil verni était en

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