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Une veuve romaine

Une veuve romaine

Titel: Une veuve romaine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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Nous étions retournés sur un terrain glissant.
    — Dois-je entendre que tu n’aimes pas les femmes, Falco ?
    — Je les adore !
    — Quelqu’un en particulier ?
    — Moi, je suis très particulier, rétorquai-je rudement.
    — Les renseignements qu’on nous a fournis étaient différents. (Leurs renseignements étaient erronés.) Je pose cette question (elle ouvrait de grands yeux innocents) parce que je me demande si tu ne vas pas tomber toi-même sous le charme de Severina…
    — Je bénéficierai d’une totale immunité à la minute où elle apprendra que mon coffre ne contient que mon extrait de naissance, mon certificat de démobilisation de la légion, et quelques mites asphyxiées.
    Je n’avais pas l’intention de laisser dévier la conversation. Je lui demandai quelques informations complémentaires qui m’étaient indispensables : l’adresse de la fille, le nom du préteur et, surtout, combien elle comptait me payer. Puis je pris congé.
     
    Je descendis le large escalier de marbre, en faisant la grimace tellement les marches étaient glissantes (comme les habitants de la maison, d’ailleurs). Juste à ce moment-là, une chaise à porteurs arrivait.
    Il y avait six hommes en livrée bleu de cobalt. D’immenses Numides aux larges épaules. On les devinait capables de traverser le Forum du Tabularium au Hall des Vestales sans jamais ralentir le pas, malgré la foule s’y pressant. Le bois de la chaise s’agrémentait d’écailles de tortues, de rideaux en velours rouge ; une Gorgone de nacre décorait la porte et, sur les brancards, couraient des motifs en argent. Je fis semblant de me tordre la cheville, pour pouvoir m’attarder un peu et voir qui allait en descendre.
    Je me félicitai de ma décision, devinant tout de suite qu’il s’agissait d’Atilia.
    Elle portait un demi-voile, parce qu’elle savait qu’il la rendait encore plus attrayante. Au-dessus des broderies brillaient des yeux sombres et sérieux qui trahissaient une origine orientale. Pollia et elle disposaient de beaucoup d’argent et s’efforçaient visiblement d’en dépenser le plus possible. Ses coûteux bijoux à filigrane d’or cliquetaient allègrement. Un tel poids d’or sur une seule femme devait être illégal. Sa robe, couleur améthyste, laissait penser que les pierres elles-mêmes avaient servi à fabriquer la teinture. Au moment où elle se mit à monter les marches, je la saluai gracieusement en m’écartant sur le côté.
    Elle retira le voile.
    — Bonjour ! fut tout ce que je trouvai à dire.
    J’essayais de reprendre ma respiration.
    Elle était aussi froide que la calotte glaciaire sur le mont Ida. Si Sabina Pollia était ravissante, cette nouvelle apparition donnait l’impression d’arriver de quelque province exotique où je n’étais jamais allé.
    — Tu es certainement le détective ?
    Son expression était sérieuse et elle avait l’air intelligent. Je ne me faisais cependant aucune illusion : dans la maisonnée du vieil Hortensius, elle était probablement fille de cuisine – ce qui ne l’empêchait pas d’avoir l’allure d’une princesse orientale. Si Cléopâtre lui avait ressemblé le moins du monde, il était facile de comprendre pourquoi des généraux romains respectables s’étaient succédé pour perdre leur réputation sur les rives du Nil.
    — Je suis Didius Falco… Hortensia Atilia ? (Elle acquiesça d’un hochement de tête.) Je suis heureux d’avoir l’occasion de te présenter mes respects.
    Son visage exquis adopta une expression morose qui lui allait tout aussi bien. D’ailleurs, toutes les expressions devaient bien lui aller.
    — Excuse-moi de ne pas avoir été présente lors de ta visite, mais j’ai dû accompagner mon jeune fils à l’école. (Une mère dévouée, quelle merveille !) Crois-tu que tu vas pouvoir nous aider, Falco ?
    — Il est encore trop tôt pour le dire, mais je l’espère.
    — Merci, dit-elle en poussant un soupir. Ne me laisse pas te retarder. (Hortensia Atilia me tendit sa main avec un naturel qui me rendit tout gauche.) N’hésite pas à venir me voir pour me tenir au courant des progrès de ton enquête.
    Je lui adressai un sourire. Une telle femme s’attend à ce qu’un homme lui fasse des sourires. Et je suppose que, dans la plupart des cas, les hommes essayent d’éviter de la décevoir. Elle me rendit mon sourire, parce qu’elle savait que, tôt ou tard, je trouverais une excuse pour venir la

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