Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Une veuve romaine

Une veuve romaine

Titel: Une veuve romaine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
Vom Netzwerk:
réputation d’être une région malsaine. Ses meurtres étaient soigneusement planifiés ; aucun détail laissé au hasard.
    — Qui lui avait prescrit ces pastilles ?
    — Je suppose qu’il se les était prescrites à lui-même ! Il en remplissait une petite boîte en stéatite qu’il gardait à portée de la main. Je ne l’ai jamais vu en prendre, mais il m’avait dit que c’était contre la toux.
    — Avais-tu l’habitude de t’occuper de ses affaires ? Brillante comme tu l’es, tu avais dû devenir une associée indispensable ? Je suis même prêt à parier que la première chose que tu as faite, quand il t’a amenée chez lui avec ta couronne de mariée, ce fut de t’offrir à rassembler ses formules, puis mettre à jour sa liste de poisons… Qu’est-il arrivé à Grittius Fronto ?
    Cette fois, un frisson la parcourut.
    — Pourquoi le demandes-tu, puisque tu le sais ! Il a été dévoré par un animal. Et avant que tu te donnes la peine de poser la question, laisse-moi préciser que je n’ai jamais rien eu à voir avec ses affaires. Et que je n’ai jamais mis les pieds dans l’arène où l’accident est arrivé. Je n’étais pas près de Fronto quand il est mort.
    — On m’a dit qu’il y avait beaucoup de sang !
    Severina ne répondit rien. La pâleur naturelle de son visage était telle qu’il était impossible de dire si elle éprouvait quelque émotion. Mais j’avais le droit de penser ce que je voulais !
    Elle possédait beaucoup trop de réponses préparées à l’avance. J’essayai de la désarçonner avec une question stupide :
    — Est-ce que tu connaissais la panthère ?
    Nos regards se croisèrent. Je découvris dans le sien qu’elle avait marqué le coup.
     
    J’étais certain d’avoir quelque peu ébranlé sa confiance en elle. Elle m’observait d’un air beaucoup plus circonspect.
    — Il va te falloir beaucoup de courage, lançai-je, pour oser porter ton voile de mariage une quatrième fois.
    — C’est une belle étoffe. Je l’ai tissée moi-même, railla la rouquine. (Et l’humour fit soudain pétiller ses yeux bleu glacé.) Les femmes seules, sans gardien, commenta-t-elle d’un ton redevenu sombre, ont une vie sociale très limitée.
    — Tu as raison. Et quoi de plus triste, pour quelqu’un qui aime sa maison, que de n’avoir personne à recevoir ?
    Arrivé à ce point, si je n’avais pas entendu autant de sordides détails concernant la mort de ses maris, j’aurais pu me laisser séduire. Je m’étais attendu à rencontrer quelqu’un de beaucoup plus futile et exubérant. Mais je haïssais l’idée que sous l’aspect de la discrète maîtresse de maison se dissimulait une aptitude à la violence calculée. Qui penserait à se méfier des filles qui tissent et empruntent des livres à la bibliothèque ?
    — Tu as dû être ravie de découvrir une astrologue qui t’a prédit que ton prochain mari te survivrait ?
    — Alors Tyche t’a raconté ça ?
    — Tu savais parfaitement qu’elle le ferait. L’avais-tu prévenue que j’allais te suivre ? Ma visite n’a pas eu l’air de la surprendre.
    — Nous nous soutenons, entre femmes, répliqua Severina d’un ton sec qui me rappela celui de Tyche elle-même. Tu as terminé, Falco ? Je n’ai pas que ça à faire.
    J’étais déçu qu’elle décide de mettre un terme à notre discussion. Puis je la vis hésiter. C’était une faute d’essayer de se débarrasser de moi. Mes nombreuses questions avaient dû provoquer chez elle un certain malaise. D’une voix assez faible, elle ajouta :
    — À moins que tu n’aies encore quelque chose à me demander ?
    Je souris légèrement, pour lui faire comprendre qu’elle avait l’air vulnérable.
    — Non, rien.
    J’étais couvert de bleus, et j’avais mal partout. J’en aurais pour plusieurs jours avant de me sentir mieux.
    — Merci de m’avoir accordé ton temps. Si j’ai besoin de savoir autre chose, je viendrai ici te le demander directement.
    — Comme c’est aimable à toi !
    Elle fixait de nouveau les écheveaux de laine qui s’entassaient à ses pieds, dans un panier à hauts bords.
    — Admets-le ! m’exclamai-je. Une servante fait le gros du travail quand les visiteurs sont partis !
    — Faux, Falco, dit-elle en relevant les yeux. (Elle laissa une ombre de tristesse envahir son visage. Effet garanti.) D’ailleurs, il faut bien le dire, tu as tout faux.
    — Ah ! écoute. J’ai bien aimé ton

Weitere Kostenlose Bücher