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Une veuve romaine

Une veuve romaine

Titel: Une veuve romaine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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aucun ménagement du trottoir sur la route, je parvins à arquer ma colonne vertébrale, et cela ne se passa pas trop mal. Le sac me protégeait un peu, mais n’empêchait pas ma tête de rebondir sur les blocs de pierre. Combien de temps allait-elle résister ?
    Je compris que nous avions tourné à l’angle d’une rue, parce que mon côté heurta le coin d’un mur, m’arrachant un lambeau de peau à travers le sac. Nous quittâmes alors la rue pour un endroit plus frais.
    Le franchissement d’un seuil faillit me rompre plusieurs vertèbres, avant de me fracasser le crâne. Finalement, ils me lâchèrent les jambes et mes talons s’écrasèrent par terre. On venait de me lâcher sans ménagement. Je restai immobile, essayant de profiter de cet instant de répit qui s’annonçait bref.
    Je me rappelai enfin l’odeur : de la lanoline. J’étais enfermé dans un sac qui servait à transporter de la laine non filée. Une indication si inquiétante que je choisis de n’y plus penser.
    J’ouvris tout grand les oreilles. J’étais à l’intérieur. Pas seul : j’entendais bouger. Puis je saisis un bruit sans parvenir à l’identifier : des « clics », comme si on frappait des galets l’un contre l’autre.
    — Bien. (Une femme. Mécontente, mais pas vraiment agitée.) Sortez-le que je puisse le voir. (Je me débattis furieusement.) Attention ! Il est en train d’abîmer un bon sac.
    Je reconnus l’esclave trapu, aux énormes mains, qui me libéra de ma prison de toile. Je pus aussi identifier les « clics » : de gros poids en terracotta, servant à tendre la laine, et qui se heurtaient l’un contre l’autre quand la personne installée au métier à tisser ajoutait un rang à son ouvrage. Je ne l’avais jamais vue tête nue, mais cela ne m’empêcha pas de la reconnaître elle aussi.
    Autant pour mon professionnalisme : j’avais été enlevé, en plein jour, par Severina Zotica.

17
    Les cheveux étaient brun-roux. Assez rouges pour attirer des commentaires, mais pas trop flamboyants. Ils n’auraient pas excité du bétail nerveux, par exemple. Et je dois dire qu’ils ne m’effrayaient pas. La peau était pâle, les cils inexistants, et les yeux délavés. Elle tirait ses cheveux en arrière, sans doute pour mettre son front en valeur. Cette coiffure aurait dû lui donner une apparence enfantine, mais au contraire, Severina Zotica affichait une expression laissant deviner qu’elle avait traversé l’enfance beaucoup trop vite. Elle paraissait avoir le même âge qu’Helena, alors que je la savais plus jeune de plusieurs années. Je lui trouvais un regard vieux, un regard de sorcière.
    — Tu vas attraper du mal à rester assis à l’ombre toute la journée, commença-t-elle d’une voix aigre.
    Je continuai de me tâter pour voir si je n’avais rien de cassé.
    — La prochaine fois, je préférerais que tu m’envoies une simple invitation.
    — Tu accepterais ?
    — Je suis toujours heureux de rencontrer une fille qui réussit dans la vie.
    L’épouse professionnelle portait une tunique verte à manches, mélange de simplicité et de bon goût. Elle savait choisir les couleurs. L’ouvrage étiré sur son métier à tisser était dans les tons d’ambre, de grège, et de rouille. Les murs safran de la pièce dans laquelle nous nous trouvions faisaient ressortir les coussins des fauteuils et les rideaux plus vifs des portes. Un grand tapis épais, tissé de laine pourpre, marron foncé et noire, couvrait le sol. J’avais mal un peu partout, au point que j’avais presque envie de rester étendu par terre.
    En passant la main à l’arrière de ma tête, je sentis du sang dans mes cheveux. À l’intérieur de ma tunique, la blessure reçue au cours de ma dernière mission s’était remise à suinter. Déprimant !
    — Tes gros bras m’ont à moitié démoli. Si cette conversation doit se prolonger, serait-ce trop leur demander que de m’avancer un fauteuil ?
    — Va le chercher toi-même !
    Elle fit signe à ses esclaves de se retirer. Après avoir replié bras et jambes, je parvins enfin à me mettre sur pied.
    — C’est pénible, hein ? se moqua-t-elle.
    Elle recommença son travail sur le métier à tisser. Assise de profil, elle faisait mine de m’accorder très peu d’attention, mais ne parvenait pas à donner le change. Les mouvements répétitifs de la navette me portaient sur les nerfs – déjà passablement éprouvés.
    — Ça ne

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