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Une veuve romaine

Une veuve romaine

Titel: Une veuve romaine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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trompes. Figure-toi que j’ai grandi avec cinq sœurs. C’était Victoria la plus douée. Elle était capable de faire durer « la mauvaise période du mois » pendant trois semaines d’affilée, surtout s’il y avait des cérémonies religieuses qui la barbaient.
    — Je suis allée voir Novus cet après-midi, précisa-t-elle. Mais à la fin, je n’ai pas pu supporter l’idée de passer toute une soirée avec des gens qui ne font pas mystère de me détester.
    — Et il t’aurait fallu un sacré courage pour rester allongée près de ta victime, pendant qu’elle ingurgitait la sauce empoisonnée !
    — C’est de la diffamation, Falco ! se défendit-elle. Je me suis contentée d’aller rassurer le cuisinier. Novus n’a pas cessé de le harceler depuis le moment où il a lancé les invitations. (Je remarquai qu’elle parlait de Novus comme s’il n’était pas mort, à la façon des gens en état de choc. Son numéro était au point !) C’était une grosse responsabilité pour Viridovix.
    — Qu’est-ce qui avait pris Novus de s’acheter un cuisinier gaulois ? S’il tenait à posséder un chef venant de l’autre bout de l’Empire, il aurait au moins pu se tourner vers Alexandrie.
    — Tu sais comment ils se comportent, dans cette maison. Ils sont très fiers de leur prince esclave.
    — C’est à coup sûr un personnage peu banal, qui a su s’adapter à la situation. Parle-moi du banquet de ce soir. Pourquoi tout ce tralala ? Qui étaient les invités ?
    — Il y en avait un seul : Appius Priscillus.
    Pendant un bref instant, je ne compris pas à qui elle faisait allusion.
    — Oh ! la grosse huile de l’immobilier ! Celui qui s’amuse à faire tabasser les vieux vendeurs de fruits. Quel est son lien avec les Hortensius ?
    — Ils ont les mêmes intérêts dans l’immobilier. Et les relations entre leurs deux consortiums n’ont cessé de se détériorer. Prolonger cette controverse finissait par se retourner contre leurs propres intérêts. Alors, ils espéraient pouvoir arrondir les angles au cours de ce dîner.
    —  Qui en a eu le premier l’idée ? demandai-je, le front plissé, tout en étant certain de connaître la réponse.
    — C’est moi. Mais à l’origine, c’était une idée à toi, Falco… Excuse-moi un moment, murmura soudain Severina, qui donnait l’impression qu’elle allait se trouver mal.
    Elle se glissa rapidement hors de la pièce, et j’attendis très peu de temps avant de me lancer à sa recherche.
     
    Mon intuition me guida jusqu’à une antichambre qui jouxtait le triclinium où j’avais déjeuné avec Novus. Severina s’y tenait immobile dans le noir. Je tendis vers elle la lampe dont j’avais pris soin de me munir.
    — Ça ne va pas ?
    — Il y a tellement de choses qui tournent dans ma tête.
    Je m’approchai d’elle avec précaution.
    — Zotica ?
    Son calme impressionnant et son regard fixe conduisaient à penser qu’elle était vraiment en état de choc. Elle resta un moment sans bouger, une main plaquée sur son front, puis elle éclata en sanglots.
    Essayant de masquer mon agacement, je ne pus m’empêcher de dire :
    — La première chose qu’on enseigne à un détective, c’est que les femmes en pleurs n’apportent rien de bon.
    — Alors laisse-les en paix ! rétorqua-t-elle.
    Passant deux doigts sous son coude, je la guidai jusqu’à un divan. Elle se laissa faire sans protester et accepta de s’asseoir, mais elle continua de sangloter en me tournant le dos. Je m’installai près d’elle en attendant qu’elle se calme d’elle-même.
    — Excuse-moi, finit-elle par dire.
    Puis elle se pencha en avant pour s’essuyer le visage avec le bas de sa tunique. J’aperçus un genou dénudé qui me fit un effet bizarre.
    Elle se forçait à respirer lentement, comme pour calmer un violent trouble intérieur. Elle jouait un rôle. Il ne pouvait pas en être autrement. Je me rappelais ce que m’avait dit Lusius, le commis du préteur : que Severina gardait son calme en toutes circonstances. Et l’ami Lusius m’avait fait l’effet d’être un excellent observateur. Pourtant, je ne pouvais m’empêcher de penser qu’il y avait une part de sincérité dans ce besoin de laisser s’écouler un trop-plein d’émotion.
    — J’espère que tu as bien préparé ton histoire pour le magistrat qui va être chargé de l’enquête ? (Elle continuait à regarder fixement devant elle, dans une espèce de

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