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Une veuve romaine

Une veuve romaine

Titel: Une veuve romaine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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et la posa enfin sur le sol à côté d’elle. Une étincelle sembla voler de la bague jusque dans ses cheveux roux. Sans être irrévérencieux, son geste marquait nettement la rupture de ses fiançailles avec le mort.
    — Il n’y a plus rien à faire… Plus personne n’a besoin de moi… Je n’ai plus personne vers qui me tourner… Pourquoi fait-on tout ça, Falco ?
    La bague qu’elle venait d’enlever paraissait aussi lourde que celle que Novus portait lui-même. Beaucoup trop massive pour les doigts de Severina, aussi fragiles que ceux d’un enfant.
    — Pour le profit, jeune dame ! Cette bague, par exemple, vaut son poids d’or !
    L’air dédaigneux, Severina la fit glisser loin d’elle sur le carrelage.
    — L’or d’une bague finit par s’user, comme l’amour qu’il est censé représenter.
    — Il arrive que l’amour dure.
    — Tu le crois sincèrement ? demanda-t-elle. Et qu’en est-il de ta petite amie ?
    Sa question me donna envie de rire.
    — Ma petite amie, comme tu dis, est réaliste. Elle me garde en réserve, juste au cas où.
    Après quelques instants de silence, Severina leva sa main droite, ornée de la bague de pacotille décorée d’une gravure bâclée de Vénus.
    — Ça, c’est du cuivre, déclara-t-elle, sans qu’on sache où elle voulait en venir. Et le cuivre dure toute l’éternité.
    — Tout de suite les grands mots ! Sais-tu qu’on a donné le nom de cuivre à ce métal à cause des montagnes de Chypre d’où il est extrait ? (J’aime citer des faits obscurs.) Et c’est également à Chypre que Vénus est née. Voilà pourquoi le cuivre est le métal de l’amour.
    — Il tache l’âme de vert-de-gris, Falco ! murmura-t-elle.
    — Alors tu devrais consulter un médecin à ce sujet. (Je me refusais à lui demander ce qu’elle voulait dire. Quand une femme a décidé de se montrer mystérieuse, il ne sert à rien d’insister.) Qui t’a offert cet anneau de cuivre ?
    — Quelqu’un qui était esclave avec moi.
    — Il a un nom ?
    — Seulement parmi les ombres de l’au-delà.
    Je ne pus m’empêcher d’ajouter, avec un sourire narquois :
    — Comme beaucoup de tes amis !
     
    Severina se pencha en avant pour se saisir de la jarre. Je levai la main pour l’arrêter mais, ne tenant aucun compte de mon geste de protestation, elle partagea le vin restant entre nos deux coupes. !
    Elle se laissa aller de nouveau en arrière, en se rapprochant imperceptiblement de moi. Nous bûmes lentement, sans parler, avec l’expression hébétée que prennent les ivrognes quand ils veulent faire croire qu’ils sont en train de remuer des pensées profondes.
    — Il faudrait que je parte.
    — Je peux te faire préparer un lit.
    Ce dont j’avais besoin, c’était d’un sommeil paisible. Si j’acceptais de dormir dans cette maison, je savais que je ne fermerais pas l’œil de la nuit. Je m’attendrais continuellement à ce qu’un plafond mécanique descende me réduire en bouillie… Je fis non de la tête.
    — Eh bien, merci d’être resté avec moi. (Et Severina serra les lèvres comme une petite fille qui a un gros chagrin, mais qui essaie de se montrer courageuse.) J’avais vraiment besoin de compagnie, ce soir.
    Je tournai la tête. Elle tourna la sienne. Je fus à deux doigts de l’embrasser. Elle s’en rendit compte et ne tenta pas de s’éloigner. Si je cédais à la tentation, je savais ce qui allait se passer : j’allais me sentir responsable.
     
    Prenant appui sur le lit de repos, je réussis non sans mal à me hisser sur mes pieds.
    Severina y parvint elle aussi, après m’avoir tendu la main pour que je l’aide à garder l’équilibre. Pendant quelques instants, nous oscillâmes tous les deux, sans nous lâcher la main.
    S’il s’était agi d’Helena, je me serais empressé de la serrer dans mes bras. Severina étant plus petite, j’aurais eu besoin de me pencher. Elle n’était pas maigre comme celles dont la vue me donnait la chair de poule. Sous sa légère tunique, j’apercevais un corps généreux. Sa peau douce était merveilleusement parfumée d’huiles aux effluves familiers. À la lumière de la lampe, et proche de moi comme elle l’était, le bleu de ses yeux paraissait soudain plus profond, plus rare. Elle pouvait lire mes pensées. J’étais détendu et vulnérable. Moi aussi j’avais besoin de compagnie. Helena me manquait.
    Elle ne fit aucun effort pour se dresser sur la pointe des

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