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Vengeance pour un mort

Vengeance pour un mort

Titel: Vengeance pour un mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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sortit de l’ombre des larges épaules d’Isaac.
    — Ici, Jacob. Vous ne vous souvenez peut-être plus de moi. Mais cela importe peu. Je viens vous trouver pour faire appel à votre générosité à l’égard de ma fille, Jacinta.
    Jacob souleva un chandelier à trois branches afin de mieux éclairer le visage de la femme. Ses propres traits avaient une pâleur de mort.
    — Puisse le Seigneur me pardonner, murmura-t-il, c’est toi. Je croyais que tu étais morte. Ma…
    — Je m’appelle Esclarmonda à présent. Il n’est pas bon, pour vous comme pour moi, que nous utilisions le nom sous lequel vous me connaissiez. Et voici Jacinta. Elle n’est pas l’enfant de ma honte, je puis vous l’assurer. Vous le saurez en comptant les années. Mais elle mérite mieux que la vie que je mène. Je ne me plains pas pour moi, mais j’aimerais qu’elle soit épargnée.
    — C’est une enfant bonne et courageuse, dit Jacob. Et j’aurais dû me douter de qui elle était. Je lui ai toujours trouvé quelque chose de familier. Mon amie, quoi que je puisse faire, je le ferai, mais je crains que Ruth…
    — Que se passe-t-il, Jacob ?
    Ruth se tenait sur le pas de la porte, en chemise de nuit et couverte d’un châle.
    — Pourquoi tout le monde est-il debout ?
    — C’est la mère de Jacinta. Elle est venue nous demander si nous pouvions engager sa fille. Elle est utile, et ce serait une bénédiction pour nous.
    — Jacob, nous en avons déjà parlé maintes fois. Vous savez ce que j’en pense. Je suis désolée, dit Ruth en adressant un regard froid à Esclarmonda, mais nous avons tout le personnel nécessaire. Nous ne pouvons prendre une servante de plus.
    — Ruth, écoutez-moi…
    — Je vous ai écouté, Jacob, et vous savez que je tiens la maison comme vous l’exigez. Mais c’est aussi ma demeure, et il y a des choses que je ne puis admettre.
    — Surtout aujourd’hui, dit très vite Raquel avant que Ruth pût poursuivre. La maison est si bondée que vous avez à peine de la place pour dormir. Mais, papa, rappelez-vous ce que maman a dit juste avant notre départ. Elle a grand besoin d’une petite servante, vous vous en souvenez ?
    — Naturellement, fit Isaac. Il est très difficile d’en trouver chez nous. Nous avions même songé à acheter une esclave, mais Judith en a repoussé l’idée. J’ignore si vous laisseriez partir votre fille à Gérone, mais si vous acceptez, ce serait un soulagement pour nous tous et surtout pour ma femme, qui attend un enfant et a besoin d’être aidée.
    — Elle recevrait un lot d’habits et trois livres la première année. Si elle continuait à donner satisfaction, son salaire passerait à cinq puis sept livres au cours des quatre années suivantes, ajouta Raquel. Elle serait vêtue, évidemment. Il est important de préciser ces détails, papa.
    — Qu’en pensez-vous, maîtresse ?
    — Jacinta ? Qu’en penses-tu ? Tu me manqueras, mais ce serait mieux pour toi.
    — Je crois que Naomi pourrait t’apprendre à faire la cuisine. Et maman s’occupera de ton éducation.
    — Je vais y aller, maman.
    — Ce serait demain…
    — Alors, d’accord pour demain, dit Esclarmonda. Mais je veux un contrat, ajouta-t-elle, une touche de désespoir dans la voix. Je ne la laisserai pas partir sans ça.
    — Je vais écrire ce que j’ai promis, dit Raquel. Connaissez-vous vos lettres ?
    — Oui, répondit Esclarmonda.
    — Bien. Vous pourrez m’aider. Asseyons-nous à cette table, à l’écart. Pouvez-vous apporter ce chandelier, maîtresse Esclarmonda ?
    Celle-ci prit le chandelier sur le secrétaire de Jacob et le posa au milieu de la table.
    — Auriez-vous du papier, maître Jacob ? Ou un morceau de parchemin ?
    — Certes, fit Jacob. Du papier, une plume et de l’encre.
     
    Les deux femmes s’installèrent à la table. Jacinta se reposait sur un coussin, appuyée sur sa mère. Rapidement, elle s’endormit.
    — Êtes-vous sûr de devoir partir demain ? demanda Jacob.
    — J’ai fait la promesse solennelle à mon épouse de revenir avant le sabbat, dit Isaac. Et l’on m’a rappelé cette promesse ce soir même.
    — Dans ce cas, que faisons-nous ?
    — Que faisons-nous à propos de quoi ?
    David venait d’entrer, habillé de pied en cap, les bottes aux pieds. Il regarda autour de lui, se versa du vin et s’assit.
    — J’espère que je ne vous dérange pas, mais il est décidément impossible de dormir dans cette

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