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Vengeance pour un mort

Vengeance pour un mort

Titel: Vengeance pour un mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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l’écho.
    — J’en ai une. Tu as de quoi l’allumer ?
    — Allumer, allumer, allumer, lança l’écho moqueur.
    — Non, mais je l’ai, lui.
    Cette fois, le son émanait d’une personne bien réelle : c’était celle du deuxième personnage.
    — C’est moi que tu tiens, espèce d’imbécile ! dit la première voix, celle qu’Isaac avait reconnue. Il faut encore chercher.
    Aux bruits, Isaac estima que les deux hommes étaient devant lui. Il roula sur le sol pour s’éloigner d’eux. Ce mouvement augmenta la douleur qui le tenaillait et il replongea dans ce néant tourbillonnant auquel il venait tout juste de s’arracher. « Non, c’est impossible, se dit-il, si je replonge, je n’en reviendrai jamais. »
    Et dans le vide, une voix se moquait de lui.
    — Reviendrai jamais, jamais, jamais…
    Il s’enfonçait dans une obscurité suffocante pareille à une boue épaisse et collante.
    Mais une autre voix murmura dans le vide.
    — Je te retrouverai, toi, je te le promets.
    Puis son bras s’arracha au néant ; ses doigts remuèrent et touchèrent quelque chose. Son bâton. Il s’en saisit et, doucement, prudemment, rampa sur le sol.
    — Ça y est, dit la seconde voix, je l’ai.
    L’homme se tenait devant lui, sur sa droite, à un peu plus d’une longueur de bras.
    — Qu’est-ce que tu as ? demanda la première voix, près de la porte.
    La petite maison se reformait dans l’esprit d’Isaac, à une exception près : une voix manquait au tableau.
    — La pierre pour allumer la bougie. Où est la bougie ?
    Très loin, une voix désincarnée répéta :
    — Par ici. Par ici.
     
    Ce n’est pas sans inquiétude que Yusuf avait vu Isaac partir avec Jacinta. À Gérone, son maître avait l’habitude d’aller en tout lieu se frotter à toutes sortes d’hommes, bons ou mauvais. Il connaissait chaque maison, chaque pavé, et chacun le connaissait, y compris les membres de la garde épiscopale, des hommes efficaces, et les gardes municipaux, qui eux l’étaient bien moins. À Gérone, ses amis dépassaient largement en nombre ses ennemis.
    Tandis qu’ici il ne connaissait personne. L’évêque n’userait pas de son pouvoir pour fouiller la ville à sa recherche si, par malheur, il ne revenait pas ; il n’avait pas de patients reconnaissants, susceptibles de l’abriter chez eux en cas de danger. L’évêque, songea Yusuf. Qu’avait donc dit son maître à son sujet ? Cela l’avait frappé sur le moment. Et, soudain, il se souvint. Il prit sa cape et se hâta de sortir.
    — Gros, dit-il en secouant l’homme couché sur la paille, derrière un tonneau. Debout. J’ai besoin de toi. C’est Yusuf.
    — Ça va, ça va, je t’ai entendu, grommela le portefaix. Qu’est-ce qu’il y a de si important pour que tu me réveilles à une heure pareille ?
    — Mon maître…
    — Le médecin aveugle ?
    — Oui. Jacinta l’a emmené voir Esclarmonda. Je crois qu’il va avoir des ennuis.
    — Ça m’étonnerait pas. C’est elle qui a des ennuis. On dit que des individus peu sympathiques sont allés lui rendre visite, expliqua el Gros en bâillant. Je suppose que c’est le moment de faire quelque chose. Tu as ta petite épée ?
    — Oui, et elle n’est pas petite. C’est une véritable épée !
    — Bien. On en aura peut-être besoin. Roger ! Secoue-toi ! Même toi, tu pourras être utile.
    Ils marchaient très vite sans se préoccuper du bruit qu’ils faisaient, et ils couvrirent en un rien de temps la distance qui séparait le marché aux grains du quartier du Partit. La lune en était à son dernier quartier mais, même ainsi, elle éclairait assez les rues pour qu’ils trouvent leur chemin. Brusquement, devant eux, une silhouette apparut pour s’évanouir aussitôt.
    —  Hola, Jacinta ! cria el Gros. Qu’est-ce qui se passe ?
    La silhouette ressortit de l’ombre.
    — Je crois qu’Esclarmonda et maître Isaac sont en danger. Je partais chercher de l’aide.
    — Eh bien, nous voilà. Où sont-ils ?
    — Chez Esclarmonda. Vite !
    Elle prit Yusuf par la main et les conduisit à l’intérieur du quartier du Partit.
    — Où elle habite, maintenant ? demanda el Gros. On raconte qu’elle a déménagé.
    — C’est par là. La vieille maison. Les bougies sont éteintes.
    — Non, regarde. Quelqu’un vient d’en allumer une. Ça veut dire que je n’aurai pas à prendre la mienne, dit-il en tapotant sa tunique.
    Sur ce, el Gros fit exploser

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