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Vengeance pour un mort

Vengeance pour un mort

Titel: Vengeance pour un mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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quelle que soit sa timidité, son innocence ou la façon dont elle est gardée. Et c’est parfois d’hommes très étranges.
    — Quand elle quitte la maison, elle porte tant de voiles – de son plein gré – que moi-même ne la reconnais pas si elle ne parle pas, Isaac. Elle est toujours accompagnée de sa servante et d’un membre de la famille. Les seuls jeunes hommes qu’elle voit, je le jure, ce sont ses frères.
    — Est-elle proche d’eux ?
    — Bien entendu, répondit le père de façon machinale. Enfin, pas si proche que ça, je suppose. Ils sont absents de la maison, m’aident à mes affaires ou se donnent du bon temps, et quand ils lui adressent la parole, c’est semble-t-il pour la réprimander à propos de ses bouderies. Ils préfèrent parler à leur belle-mère, une femme enjouée et raisonnable. J’aimerais qu’elle ressemble davantage à Preciosa.
    — Maîtresse Preciosa n’a décelé aucun signe que la jeune maîtresse Bonafilla aurait donné son cœur à quelqu’un d’autre, quelle que fût sa condition ?
    — Non. Mais elle a été vigilante. Bonafilla est si triste à cause de ce mariage que, franchement, ce sera un soulagement de la voir loin de la maison. Le soleil est levé, maître Isaac, annonça Astruch avec sa bonne humeur habituelle. Nous devrions arriver à Figueres à temps pour dîner.
    — Vous avez beaucoup de transactions à y effectuer ?
    — Qui a dit que je voulais discuter affaires ?
    — En dehors de ça, pourquoi un homme aussi plein d’entrain que vous, maître Astruch, ne cheminerait-il pas quelques heures de plus afin d’atteindre sa destination au plus vite ?
    — C’est le cas, avec notre hôte et une ou deux autres personnes. J’espère que cela ne sera pas trop pénible pour nos compagnons.
     
    — Monseigneur Puigbalador est de retour, dit Margarida.
    Elles étaient assises dans le verger de Sa Majesté, un jardin ceint de murs, paisible et beau, à l’abri de la façade sud du palais. Johana et Margarida se consacraient à leurs travaux d’aiguille. Une petite chatte écaille de tortue, arrière-petite-fille de la chatte que Margarida avait amenée de sa lointaine Écosse, se lassa de jouer avec les fils de soie et sauta sur ses genoux pour s’endormir aussitôt.
    — Vraiment ? fit Johana. Je ne m’étais pas rendu compte qu’il était parti.
    — Comme vous avez de la chance ! Je remarque toujours quand il s’en va. Dès qu’il franchit les portes, on respire avec délices dans les pièces supérieures du palais un air purifié de son odeur.
    — Quelle sorte d’odeur ? s’enquit Johana en riant malgré elle.
    — Une sorte de virilité brute, je suppose, mêlée à ce parfum de bois de santal qu’il adore. Personnellement, je préfère l’odeur de ma mule quand il fait chaud et avant qu’elle ait été pansée.
    — Margarida, vous me faites du bien. Voilà si longtemps que je n’ai même pas souri. Je dois toutefois avouer que je n’ai rien remarqué des allées et venues de Bonshom.
    — À votre place, petit moineau, je m’en soucierais. Il est trop curieux en ce qui vous concerne. Voilà qu’il cherche à savoir quelle sera votre fortune exacte quand…
    — Quand Arnau mourra dans la disgrâce et que tous ses biens seront saisis ?
    — Précisément.
    — Que lui avez-vous dit ?
    — La vérité, ou ce que j’en savais. J’ai pensé qu’il serait utile de connaître sa réaction. Je crois que nous allons la découvrir, ajouta-t-elle en humant l’air.
    — Le bois de santal et la virilité brute ?
    — C’est cela même.
    Margarida rassembla son ouvrage, prit sa chatte dans le creux de son bras et s’installa sur un autre banc, sous un figuier, au moment précis où Bernard Bonshom, seigneur de Puigbalador, s’en venait chercher quelques instants de conversation auprès de dame Johana.
    — Madame, dit Bonshom en s’emparant de la main de Johana qu’il pressa contre ses lèvres, vous n’avez pas quitté mes pensées depuis notre brève conversation de samedi. Est-ce trop espérer que d’avoir occupé les vôtres ne fût-ce qu’un instant ou deux ?
    — Un instant ou deux, certainement, répondit Johana.
    — J’aurais souhaité davantage, mais je vous en suis tout de même reconnaissant. Vous ne me demandez pas pourquoi j’ai pensé à vous ?
    — Je trouvais plus sage de demeurer silencieuse, monseigneur.
    — Très sage, oui. Je me préoccupais de votre bien-être. Quoi

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