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Vengeance pour un mort

Vengeance pour un mort

Titel: Vengeance pour un mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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que vous puissiez penser, madame, d’après ce que j’ai entendu dire, votre mari est à l’agonie.
    — Vous m’étonnez, monseigneur, dit Johana avec un air d’indifférence. Vous semblez entendre plus de choses que moi. Qui vous livre donc ces renseignements ?
    — Je n’ai rien appris de certain, évidemment, mais chacun sait qu’il a été grièvement blessé, n’est-ce pas ? Et il est rare de se remettre de pareilles blessures. C’est pourquoi la plupart des gens affirment qu’il est sur le point de mourir. Quand viendra ce triste jour, tout ce qu’il possède, hormis votre dot, sera saisi. Vous serez sans ressources. Prenez-en conscience.
    — Cela dépend certainement de ce que vous appelez être sans ressources. La chose est très différente pour un cordonnier ou un tailleur et un grand seigneur tel que vous. Quand un cordonnier a assez pour payer son loyer, nourrir sa femme et ses enfants et acheter de temps à autre du drap pour leurs vêtements, il se considère comme riche. Un grand seigneur tel que vous se sent pauvre quand il ne peut entretenir plusieurs maisons et un domaine.
    — Et vous ? demanda-t-il doucement, sur un ton plus familier.
    — Je me situe quelque part entre les deux, monseigneur. Ni seigneur ni cordonnier.
    — Avec un homme fort et influent pour appuyer votre réclamation, dit Puigbalador, il est très possible que les propriétés de votre mari vous soient rendues.
    — Vous voulez dire, quelqu’un d’aussi fort et d’aussi influent que vous, monseigneur ?
    — Exactement. Quand vous aurez un instant de libre, réfléchissez-y.
     
    Dès que l’excellent dîner fut terminé et la table débarrassée, Astruch et Beniamin, leur hôte, se retirèrent dans le petit cabinet, laissant les autres se reposer ou jouir de l’ombre des arbres de la cour. Raquel s’installa sur un banc et prit la pile de linge fin à laquelle elle travaillait. Puisqu’elle devait faire ce voyage, se dit-elle avec détermination, autant consacrer le maximum de son temps à des choses utiles.
    Les mains vides, Bonafilla s’assit à côté d’elle.
    — Votre père a l’intention de faire beaucoup de transactions commerciales pendant ce voyage ? lui demanda Raquel.
    — Je l’ignore, répondit Bonafilla. Pourquoi ?
    — Je me demandais si je devais déballer une autre pièce d’étoffe afin d’y travailler. Mais elle se trouve dans le coffre, tout au fond naturellement. Cela ne me dérange pas si nous devons aller très lentement.
    — Nous n’en avons pas parlé. Mais je lui poserai la question si vous le désirez.
    Elle se leva.
    — Pas maintenant quand il est occupé, Bonafilla. Demandez-le-lui quand il aura fini.
    Elle prit son ouvrage à bout de bras et le regarda d’un œil critique.
    — S’il n’y en a que pour un jour ou deux, je ne toucherai pas au coffre avant d’être arrivée. J’en ai assez pour m’occuper d’ici là.
    — Pourquoi travaillez-vous tout le temps ? lui demanda Bonafilla en se rasseyant.
    — Parce que je déteste m’ennuyer. Pourquoi ne travaillez-vous pas quand il n’y a rien d’autre à faire ?
    Bonafilla regarda Raquel d’un air curieux.
    — Parce que je n’aime pas ça. Daniel vous manque ?
    — Comment en aurait-elle le temps ? dit une voix traînante, juste derrière Bonafilla.
    La jeune fille poussa un cri et sursauta.
    — Qui va là ? fit-elle précipitamment, et elle se retourna.
    Les yeux clos, Yusuf était mollement appuyé au tronc d’un poirier, juste à côté d’elle.
    — Elle lui a dit adieu au déjeuner et lui a fait au revoir du pont. Vous ne l’avez donc pas vu ? poursuivit-il.
    — Je n’ai rien remarqué, répondit Bonafilla.
    — Je pensais que tu étais allé visiter la ville, lui dit Raquel, accusatrice.
    — C’est déjà fait. Elle n’a pas beaucoup de murailles. Comment se protège-t-elle en cas de danger ?
    — Peut-être que le danger ne vient jamais jusqu’ici, supposa Bonafilla.
    — Le danger vient toujours à un moment ou à un autre.
     
    Chargé des senteurs des fruits et des fleurs, l’air frais du soir attirait tout le monde dans la cour, les uns après les autres. Les derniers à faire leur apparition furent Astruch et Beniamin, semblant tous deux satisfaits.
    — Nous vous causons un grand dérangement, à vous et à votre maison, maître Beniamin, dit Isaac quand tous se furent réunis autour de la table dressée pour le souper.
    — Nullement, répondit

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