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Victoria

Victoria

Titel: Victoria Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Joanny Moulin
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de Chabot.
    « Le prince, pour moi, c’est le roi », assure Louis-Philippe à Victoria, certain de gagner ainsi ses bonnes grâces.
     
    Le 28 octobre 1844, Victoria et Albert inaugurent le nouveau Royal Exchange. Le prince a veillé sur la commission qui a travaillé à sa reconstruction, après l’incendie de 1838. Les foules sont immenses, plus encore, estime-t-on, que le jour du couronnement. Les journaux font tous l’éloge du prince Albert, qui, par ailleurs, a pris cette année la présidence de la Société pour l’amélioration de la condition ouvrière.
    «  Aucun souverain, écrit Victoria au roi des Belges, ne fut plus aimé que moi (j’ose le dire) et cela , à cause de notre heureux foyer domestique , qui offre un si bon exemple. »
    Il est vrai que la nation apprécie que la reine reçoive somptueusement ses augustes visiteurs ; le public lui en sait d’autant plus gré qu’elle le fait à ses frais. L’une des grandes fonctions de la monarchie est de contribuer au rayonnement de la Grande-Bretagne. Cela va de pair avec l’exigence de mener une existence exemplaire. Si certains membres de la famille royale voient d’un mauvais œil la vie très bourgeoise qu’affectionnent Victoria et Albert, l’opinion se félicite qu’ils tournent résolument le dos aux débauches et à l’arrogance de leurs prédécesseurs.
    Le public incline à aimer le prince Albert pour ses vertus de père de famille. Travailleur, appliqué, épris de probité morale, il se révèle être un remarquable gestionnaire. S’il montre un intérêt assidu pour les affaires de l’État, il s’occupe tout aussi méticuleusement de l’économie domestique. Le duché de Cornouailles, dont il supervise la gestion, rapporte de substantiels profits. Albert a également fondé à Windsor une ferme modèle : il y emploie ses connaissances agronomiques à l’amélioration des produits agricoles, qui concourent régulièrement pour des prix, et dont la vente génère aussi de confortables revenus. Contrastant heureusement avec les sempiternels endettements des générations précédentes, les finances du ménage royal sont excédentaires et florissantes.
    Pour que l’image de la reine et de son exemplaire bonheur familial soit parfaite, il ne manque qu’une maison. Buckingham Palace est un palais gigantesque et mal conçu. Sa situation urbaine ne s’accorde pas au romantisme de leur foyer, qui s’accommoderait mieux d’un écrin naturel. Le château de Windsor est une forteresse médiévale suffocante, indissolublement liée par l’histoire à Guillaume I er et aux rois normands. Victoria n’aime pas ce lieu trop sinistrement hanté par les fantômes du passé.
    Son cœur se tourne vers le sud, et particulièrement vers l’île de Wight, où elle garde le souvenir d’avoir passé, enfant, des vacances si agréables. Amarrée à l’Angleterre par le Solent où parade la Navy dans le tonnerre de ses canons, Wight est comme une figure de proue. Symbolique avant-poste, cette île fait une sorte d’apostrophe lancée par la grande nation maritime vers le reste du monde.
    Sir Robert Peel leur a signalé une demeure à vendre, près d’East Cowe, avec trois cents vingt hectares de terrain. Osborne House, au sommet d’une colline, offre une vue magnifique sur le Solent, qui rappelle à Albert la baie de Naples. Mais quoi ? 30 000 livres ! Pour laisser à Lady Isabella Blatchford le temps de se résoudre à baisser son prix, Albert feint de n’être pas vraiment intéressé et se contente de louer la propriété pour un millier de livres par an.
    Enfin, la transaction se fait, pour 26 000 livres. L’architecte Thomas Cubitt, pressenti pour des rénovations, estime qu’il ne serait pas beaucoup plus coûteux de bâtir une maison neuve. C’est donc chose entendue ! Le prince dessine lui-même une grande demeure, dans le style des palais de la Renaissance italienne, dont Cubitt établit les plans.
    Leurs finances permettront tout juste la construction, mais seront insuffisantes pour les aménagements. Ils décident donc de trouver le complément en vendant le pavillon de Brighton, une folie orientale érigée pour le régent avant qu’il ne devienne George IV. Son style indo-sarracénique peu conforme à leurs goûts, le souvenir des excentricités qui s’y rattachent en font un emblème des exubérances aristocratiques dont ils veulent se dissocier tout à fait.
    Parallèlement, il est temps de songer à

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