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Victoria

Victoria

Titel: Victoria Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Joanny Moulin
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leçons. Victoria, longtemps réticente, apprend enfin à lire et à écrire avec Thomas Stewart, maître d’écriture à Westminster. Élève attentive, elle persiste néanmoins à ne pas aimer se concentrer trop longtemps sur un même ouvrage. Le révérend Davys, plus chanceux à l’oral, veille sur son élocution. Bientôt Victoria parle anglais sans trop laisser entendre d’accent allemand.
    Louise Lehzen lui lit à haute voix les Histoires fabuleuses de Sarah Trimmer, écrivain tout à la fois très altruiste et très conservatrice, fondatrice des écoles du dimanche et autres institutions charitables pour l’éducation des classes laborieuses. Éducatrice devenue célèbre au temps des générations précédentes, pionnière de la littérature juvénile, Sarah Trimmer est hostile à l’irrationalité des contes de fées. Ses histoires édifiantes visent, entre autres choses, à développer chez les jeunes enfants la bonté envers les animaux, dans l’espoir qu’ils feront preuve d’une bienveillance universelle à l’âge adulte.
     
    Dans Hyde Park envahi de flâneurs, où paressent les cygnes et les colverts de la Serpentine, les nuages font aller et venir le soleil printanier. Victoria, en chapeau de paille tenu par un ruban noué, marche main dans la main avec Victoire, la fille de John Conroy, née quelques mois après elle. La haute silhouette de Maloney, en livrée pourpre et vert de la famille royale, les suit nonchalamment, précédant Fraulein Lehzen. Une feuille de houx, épinglée au col de sa robe, rappelle à la princesse qu’il faut maintenir sa tête bien droite et le menton haut.
     
    John Conroy était l’écuyer du duc de Kent. Quand la duchesse s’est retrouvée veuve et presque sans ressources, il l’a persuadée de le prendre pour intendant. Cet Irlandais ombrageux, arborant de longs favoris noirs comme pour souligner une très lointaine ressemblance avec Edward de Kent, est jaloux de son influence. Une place prépondérante dans l’entourage de la princesse pourrait bien lui valoir davantage encore qu’une fortune et des titres de noblesse. Aussi ne voit-il pas d’un bon œil que Léopold, par le soutien financier qu’il apporte à sa sœur, garde une autorité sur l’éducation de sa nièce.
    En 1825, la duchesse de Kent apprend que le gouvernement veut lui proposer 4 000 livres par an pour qu’elle puisse mieux subvenir aux besoins de la princesse. Conroy n’est pas pour rien dans l’indignation avec laquelle Mme de Kent reçoit cette proposition. Car elle juge insultant de se voir attribuer une somme inférieure aux 6 000 livres votées pour le prince George, fils du duc Ernest-Auguste de Cumberland, frère puîné d’Edward, qui vient derrière sa fille dans l’ordre de succession. Convaincu par cet argument, le Parlement rétablit la parité. La différence ne servira qu’à commencer de rembourser les dettes que la duchesse a bien été contrainte de contracter. Toutefois, cet incident attire l’attention sur le fait que Victoria est « l’héritière présumée du trône ». Au même moment, à la Chambre des lords, on vante la prudence et l’excellence de l’éducation qui lui est prodiguée à Kensington.
    Cet été-là, les vacances se passent à Claremont, chez Léopold, en raison de la visite de « Grand-Maman », la duchesse douairière de Saxe-Cobourg-Gotha. Victoria est atteinte par une épidémie de dysenterie qui a récemment tué plusieurs enfants dans la ville voisine d’Esher. Le médecin local, dont la propre fille est morte du même mal quelques jours auparavant, est tout à fait désemparé. On fait venir de Londres le Dr Blagden qui guérit la princesse en quelques jours. Elle boude et pleure tant et plus, parce qu’on la contraint à porter une chemise de flanelle à même la peau. Sa grand-mère tour à tour gronde gentiment sa «  schönes Kind  » quand elle exagère et console sa « petite fleur de mai » convalescente.
    Délibérément, Conroy n’apaise qu’à demi l’angoisse de la mère. Peut-on vraiment croire que le coup de feu qui l’a manquée de peu à Sidmouth n’était qu’un accident ? Il fait fond sur la très mauvaise réputation du duc Ernest-Auguste de Cumberland. C’est un personnage effrayant, défiguré par des blessures qu’il a reçues en 1794 à la bataille de Tourcoing. La rumeur publique le soupçonne de meurtre, et peut-être même d’inceste avec sa sœur Sophie. Lui-même et son

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