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Victoria

Victoria

Titel: Victoria Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Joanny Moulin
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les Français, voilà qui est vraiment des plus gratifiants et des plus prometteurs pour l’avenir. En un mot, la complète union des deux pays est scellée de la manière la plus solide et la plus satisfaisante, car c’est non seulement l’union des deux gouvernements et des deux Souverains, mais aussi des deux Nations ! »
     
    Avec le premier jour de septembre revient le temps des vacances annuelles à Balmoral, où la nouvelle demeure est enfin terminée. Avec une sensation d’amusante incongruité, la famille royale traverse en voiture l’ancienne bâtisse incomplètement démolie. Tandis qu’ils entrent dans le hall du château neuf, on jette à leur suite, selon la coutume écossaise, de vieilles chaussures pour leur porter bonheur.
    Le 10 septembre 1855, sur les hauts de Balmoral, où un colossal monceau de branchages s’empilait depuis les faux espoirs de 1854, un gigantesque brasier lance ses escarbilles dans le ciel. Le prince Albert et tous les hommes de la cour dansent une bruyante sarabande, bientôt rejoints par toute la population du village. Vers minuit, la farandole s’élance dans une longue descente aux flambeaux vers le château, où Victoria les attend, entourée de ses dames et de ses enfants. L’excitation est à son comble, les Highlanders bondissent de toutes parts en tirant des coups de feu en l’air. Le whisky ne tarit pas et l’on porte toast sur toast :
    « Pour la reine ! »
    «  Nish ! Nish ! Nish ! Hurrah !  »
    « Pour le prince Albert ! »
    «  Hurrah !  »
    « Pour l’empereur des Français ! »
    «  Hurrah !  »
    « Pour la chute de Sébastopol ! »
    Quatre jours plus tard, le jeune prince Frédéric-Guillaume de Prusse les rejoint dans leur résidence estivale. Albert, fermement attaché aux valeurs dans lesquelles il a été élevé, voit en Fritz un prince éclairé selon son cœur. Il sera, à n’en pas douter, l’un des premiers souverains de l’Allemagne enfin unifiée. Son mariage avec Vicky, elle-même si semblable à Victoria, lui paraît éminemment désirable, non seulement pour sa propre famille, mais aussi pour l’avenir de l’Europe. Une telle union renforcerait l’heureuse entente du Royaume-Uni avec la France, en l’étendant aux États de la Confédération germanique. L’influence bénéfique que Vicky ne manquerait pas d’exercer sur un époux si prometteur stabiliserait l’Allemagne en la préservant des penchants réactionnaires des Russes comme de l’esprit dissolu des Français. Mais du rêve à la réalité, les obstacles sont nombreux. Albert n’ignore pas que l’oncle de Fritz, Frédéric-Guillaume IV, considère la récente alliance entre la Grande-Bretagne et la France comme « honteuse ». Par ailleurs, Victoria éprouve la plus profonde répugnance pour l’idée même d’un « mariage politique ».
    Grand et mince, le visage orné d’une moustache juvénile, sobrement coiffé avec une raie de côté, le prince héritier de Prusse, aux manières impeccablement courtoises, ressemble décidément beaucoup à Albert. Le 20 septembre, après le breakfast, Fritz s’approche de Victoria et d’Albert, très droit, la mine solennelle.
    « Je désire vivement vous parler d’un sujet dont je sais que mes parents ne l’ont pas encore abordé avec vous et qui est d’appartenir à votre famille. C’est mon souhait de longue date, dont je sais que non seulement mes parents, mais aussi le roi, l’approuvent. Mais, par-dessus tout, je trouve Vicky si charmante que je ne puis tarder davantage à faire cette proposition. »
    Victoria et Albert lui accordent leur bénédiction avec une joie grave. Il faudra toutefois attendre la confirmation de la princesse pour que les fiançailles puissent être annoncées. Fritz est autorisé à poursuivre sa cour et à trouver le moment opportun de faire sa demande à Vicky, car c’est à elle que revient la décision.
    Une autre semaine d’une vie bucolique se passe, dans le double bonheur de la paix retrouvée et d’une heureuse perspective. La reine a repris ses visites aux dames des chaumières du voisinage. Albert court la lande avec ses chasseurs. Les soirées lentes s’écoulent en lectures et jeux de société. Victoria s’amuse gentiment des absurdes difficultés que Fritz éprouve à maîtriser le jeu de 21 qu’Albert s’évertue en vain à lui apprendre.
    Ils partent en famille pour de longues randonnées équestres. Dans l’ascension du

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