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Victoria

Victoria

Titel: Victoria Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Joanny Moulin
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Sardaigne, écrit Victoria à la princesse Augusta de Prusse, ressemble davantage à un chevalier ou un roi du Moyen Âge qu’à quoi que ce soit que l’on puisse rencontrer aujourd’hui. »
    La reine et le prince lui font bon accueil. Ils lui remettent à Windsor l’ordre de la Jarretière, lui font visiter l’arsenal de Woolwich et les hôpitaux militaires. Il est leur invité d’honneur pour la parade de l’artillerie et une inspection de la flotte à Spithead.
    « Je n’aime pas le métier de roi, confie à Victoria ce rude guerrier, et je préférerais me retirer dans un monastère s’il n’y avait pas de guerres à faire.
    — Les rois, lui répond-elle, doivent être bien certains que les guerres qu’ils mènent sont justes, faute de quoi ils devront répondre de vies humaines devant Dieu.
    — Les guerres justes sont préférables, mais Dieu pardonnerait une erreur.
    — Pas toujours. »
    Car Victor-Emmanuel a engagé ses troupes dans ce conflit avec un esprit quelque peu mercenaire. Cette guerre contre la Russie ne concernait pas directement le royaume de Sardaigne. Il s’est laissé convaincre par Napoléon III qu’il pourrait, le moment venu, en tirer des avantages aux dépens de l’Autriche. Quelles que soient les sympathies de Palmerston pour la cause de l’indépendance italienne, la Grande-Bretagne n’est pas dans une position telle qu’elle puisse aisément ou veuille satisfaire les revendications territoriales du « roi gentilhomme », prince de la Savoie et du Piémont.
    Dans la nuit du 16 janvier 1856, alors que les alliés se réunissent à Paris pour un conseil de guerre, Victoria reçoit un télégramme du roi de Prusse. Il l’informe que les diplomates prussiens et autrichiens sont parvenus à un compromis éventuellement acceptable par la Russie. Le roi demande que son identité comme auteur du message soit gardée secrète. Néanmoins, Victoria transmet immédiatement à son secrétaire d’État aux Affaires étrangères, Lord Clarendon, cette « curiosité télégraphique » et son étonnante source. Car la communication a été faite en clair et par le télégraphe commercial. Cela signifie que « toute la ligne est déjà au courant » que la Prusse est bien partie prenante des transactions en cours et qu’elle tient à y jouer un rôle de premier plan.
    En attendant que le congrès de Paris se réunisse en mars, dans un climat de ressentiment envers la Prusse accusée de faire servilement le jeu de l’ennemi russe, la nouvelle du prochain mariage de Vicky est éventée. Le Times considère que la princesse royale est sacrifiée à une « petite dynastie allemande », et que Fritz sera probablement réduit à gagner chichement sa vie au service du tsar, perdant ainsi les privilèges de sa naissance puisqu’il n’est pas né russe. Certains émettent des réserves sur le jeune âge de la princesse, qui ne permet guère de supposer qu’elle ait pris cette décision sans être influencée. Les Prussiens non plus ne sont pas éblouis. Ils protestent de surcroît que la façon dont la demande a été faire est contraire à leur étiquette et à leurs coutumes nationales. Bismarck est tout à fait défavorable à cette union – le contraire eût été étonnant. Quant à l’idée saugrenue que le mariage puisse avoir lieu à Berlin, la reine n’y pourrait jamais consentir.
    « Quels que puissent être les usages des princes de Prusse, ce n’est pas tous les jours que l’on épouse la fille aînée de la reine d’Angleterre. La question doit donc être considérée comme entendue et l’incident clos. »
    Albert avait expressément écrit à Clarendon que le secret le plus absolu devait être gardé quant au mariage de la princesse royale, mais que la reine avait l’intention d’en informer confidentiellement l’empereur des Français. Au moment où le congrès de Paris approche de ses conclusions, Clarendon rapporte à Victoria une conversation qu’il vient d’avoir avec Napoléon III.
    « Il semblerait, a dit l’empereur, que l’Angleterre ait davantage intérêt à plaire au roi de Prusse qu’à la France.
    — Quel intérêt, je vous prie ? a demandé Clarendon.
    — Le mariage de la princesse royale, qui doit rendre la reine désireuse d’être en bons termes avec la Prusse.
    — Sa Majesté ne fait pas mystère de son opinion selon laquelle la participation de la Prusse aux négociations, après que son attitude pendant toute

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