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Victoria

Victoria

Titel: Victoria Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Joanny Moulin
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est enceinte. Cette « affreuse nouvelle » bouleverse terriblement la reine et le prince.
    « Je suis très malheureuse pour toi, lui écrit Victoria. Fritz a de la chance d’être loin de ma vue en ce moment, parce que je ne le recevrais pas de bonne grâce. Dis-lui que s’il te laisse toute seule quinze jours (il a promis de ne jamais le faire à moins que tu ne sois avec sa mère, sa sœur ou nous) je ne l’appellerai plus jamais mon fils et considérerai qu’il a perdu ce privilège ! Je le mets au défi ! »
    L’idée d’être grand-mère à 39 ans, alors qu’elle se sent encore si jeune, l’amuse beaucoup. Cela dit, Vicky doit se méfier de la familiarité que son état ne manquera pas d’encourager chez ses dames. Il faut qu’elle s’efforce de garder aussi longtemps que possible une pudeur de jeune fille, et ne pas se laisser aller à devenir une matrone à qui l’on peut tout dire, parlant elle-même sans grand discernement.
    Car enfin, elle doit lui signaler certains signes de relâchement. Par exemple, elle a confondu l’anniversaire de son couronnement avec celui de la naissance de Bertie ! Par ailleurs, elle prend la fâcheuse habitude de mettre des majuscules à tous les mots, ce qui en anglais est tout à fait incorrect et choquant. Et puis encore, elle est consternée d’apprendre que sa fille porte des robes à manches longues. Outre que c’est affreusement laid, à force d’avoir trop chaud elle finira par attraper la mort. Enfin, si le coiffeur Chauvenin n’est pas à Potsdam, pourquoi Vicky ne demande-t-elle pas, comme elle, à ses servantes de lui rouler un chignon le matin, en attendant d’être coiffée plus tard ? Car il est insupportable de se faire tirer les cheveux quand on n’est pas bien. Quant aux délices de la maternité, très peu pour elle.
    « Ce que tu dis de la fierté de donner la vie à une âme immortelle est très beau, ma chère, mais j’avoue ne pas pouvoir te suivre sur ce terrain. Car je pense bien plutôt que nous sommes comme des vaches ou des chiennes dans ces moments-là, quand notre pauvre nature devient si animale et si peu extatique. »
    Avec l’été, toutefois, la politique vient arracher la reine à des questions si triviales qu’elles finissent par l’énerver un peu. Albert fait un voyage éclair à Cobourg. Victoria va voir son fils Alfred qui poursuit ses études navales à Alverbank, en face de l’île de Wight. Puis elle se rend en visite officielle à Birmingham. Au mois de juin, la canicule est telle que la Tamise exhale des odeurs pestilentielles, au point qu’il faut y déverser de grandes quantités de soude, en attendant de pouvoir entreprendre des travaux d’assainissement.
    Cela dit, il y a tant de sujets plus graves. Par exemple, ces protestations et pétitions demandant le rappel de Lord Canning, gouverneur général de l’Inde, dont la politique d’apaisement rencontre l’hostilité des coloniaux britanniques.
    « Lord Canning regrette d’être obligé de dire à Votre Majesté que l’une des grandes difficultés que nous aurons à surmonter est la violente rancune manifestée par la plupart des Anglais contre tout Indien. Il y a ici une soif de vengeance furieuse et aveugle même chez ceux qui devraient montrer le bon exemple. »
    Celui qu’on appelle désormais « Canning la clémence » ne ménage pas ses efforts pour mettre au plus vite un terme à la « terreur blanche ». Il muselle la presse anglaise comme les journaux indiens, impose à tous le permis de port d’arme, ordonne que cessent les représailles contre les mutins. La reine lui apporte son entier soutien, de même que le gouvernement.
    Au nombre des progrès dont Victoria se félicite, le Parlement adopte enfin, à l’issue d’une longue controverse, une résolution en faveur de ses membres élus de confession juive. La loi les dispense désormais d’avoir à prononcer la phrase : « Je fais cette déclaration sur la vraie foi chrétienne. » Le 26 juillet 1856, le baron Lionel Nathan de Rothschild a fait son entrée à la Chambre des communes en prêtant serment sur l’Ancien Testament.
    Puis les esprits semblent devoir s’échauffer de nouveau, quand en juillet 1858 l’Italie rejoint la France au centre des préoccupations anglaises. Napoléon III a rencontré à Plombières le comte Cavour, et promis son soutien militaire au royaume de Piémont-Sardaigne en cas de conflit l’opposant à l’Autriche. En Angleterre,

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