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Victoria

Victoria

Titel: Victoria Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Joanny Moulin
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offensive beaucoup plus ambitieuse. Le capitaine Arthur Balfour Haig, écuyer du prince Alfred et à ce titre proche de l’entourage de la grande-duchesse Maria, l’informe de la duplicité des Russes. Ils viseraient Constantinople, misant sur le fait que les Britanniques n’arriveront jamais à temps.
    « Ils prévoient d’y arriver à la mi-août , pour ensuite s’entendre avec nous et nous offrir l’Égypte !  »
    Cela semble confirmé par le fait que les Russes attaquent sur deux fronts simultanément, prenant la Turquie en tenaille. Ils pénètrent en Bulgarie dans les Balkans. Sur la rive opposée de la mer Noire, dans le Caucase, ils entrent en Arménie et assiègent la ville de Kars. Selon certains informateurs, le tsar Alexandre s’est assuré la neutralité de l’Autriche-Hongrie en promettant à l’empereur François-Joseph la Bosnie-Herzégovine. Or, cette province de l’Empire ottoman se trouve de l’autre côté de la péninsule des Balkans, sur les côtes de l’Adriatique. Les intentions des Russes paraissent assez claires.
    « Ce retard, écrit Victoria à Beaconsfield, cette indécision par lesquels, à l’extérieur, nous perdons notre prestige et notre position, tandis que la Russie avance et sera devant Constantinople en un rien de temps ! Dans ce cas, le gouvernement serait terriblement blâmé et la reine si humiliée qu’elle pense qu’elle abdiquerait immédiatement. De l’audace ! »
    À Whitehall, le gouvernement conservateur est divisé. Derby et Salisbury au Foreign Office, Carnavon, le secrétaire d’État aux Colonies, sont farouchement opposés à une intervention militaire du Royaume-Uni. Beaconsfield, souffrant de bronchite asthmatique, gouverne le plus souvent possible de son lit à Hughenden. « La reine écrit tous les jours et télégraphie toutes les heures », dit-il. Pour rester en contact avec son Premier ministre en contournant les canaux officiels, Victoria fait porter les lettres par Lady Ely, l’une de ses dames de compagnie. Jugeant son secrétaire particulier Ponsonby trop libéral, elle confie une clé des boîtes rouges au prince Léopold. Bertie est à Naples. Lorsqu’il apprend que la reine accorde à son frère cadet ce qu’elle lui refuse obstinément depuis tant d’années, il se brouille avec Léopold. « Quelqu’un doit lui faire sentir, dit Victoria, qu’une telle attitude envers une mère et une souveraine ne peut être tolérée. » Tout se bouscule dans une paradoxale inertie. Au mois de juillet, le premier Lord de l’Amirauté, George Ward Hunt, meurt subitement. Beaconsfield veut nommer à son poste le député W. H. Smith, libraire et homme d’affaires. Victoria hésite : la Navy est une arme où servent de nombreux personnages de haut rang. Elle consent finalement, à condition que W. H. Smith prenne bien garde de ne froisser aucune susceptibilité. Sa Majesté souhaite que les ministres conservateurs qui sont en désaccord avec elle-même et son Premier démissionnent.
    « Lord Carnavon démissionnera évidemment, écrit-elle à Beaconsfield le 5 novembre. Elle doit avouer qu’elle est choquée par ses opinions. Comment peut-il penser que la religion et la civilisation véritables peuvent être portées par les Russes, qui sont presque plus barbares et plus cruels que les Turcs ? »
    En décembre, les Russes remportent sur les Turcs la bataille décisive de Plevna. Les armées russes débouchent dans la plaine de Thrace et marchent sur Constantinople. L’opinion publique britannique, jusque-là très largement pro-russe, s’inquiète et se divise. Les Turcs, après tout, sont un peuple qui maintenant défend son territoire national. Les lourds sacrifices consentis par le Royaume-Uni pendant la guerre de Crimée semblent se révéler en fin de compte inutiles.
    « L’Angleterre, écrit Victoria à Beaconsfield, n’acceptera jamais (sans parler de sa souveraine) de se soumettre à la Russie, car elle déchoirait alors de sa haute position et deviendrait une puissance de second ordre ! »
    Ces sentiments trouvent un écho dans le peuple. Une foule en colère brise les vitres de Gladstone. Ses arguments ne tiennent plus devant l’imminence d’une conquête de l’Empire ottoman par la Russie. Une vague de nationalisme agressif vient soutenir la politique interventionniste préconisée par certains membres du gouvernement, comme le ministre Manners et le secrétaire d’État à la Guerre Gathorne-Hardy.

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