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Victoria

Victoria

Titel: Victoria Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Joanny Moulin
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l’ovation populaire. Ponsonby lui tend une lettre et un bouquet de primevères en s’écriant : « De la part de la reine ! »
    « Lord Salisbury et moi-même vous rapportons la paix ! lance le Premier à la foule exaltée. La paix avec l’honneur ! »
     
    Par la subtilité politique qui le caractérise, en évitant tout conflit déclaré, Beaconsfield a obtenu davantage que Palmerston avec la sanglante guerre de Crimée. Il relève le prestige du Royaume-Uni dans ce qu’il appelle désormais « le grand jeu ». Victoria, étant donné que Benjamin Disraeli, Lord Beaconsfield, n’a pas de descendance, aimerait anoblir son frère ou son neveu : « un tel nom doit être perpétué ». Il ne le souhaite pas, car la noblesse doit être méritée, non pas héritée.
    « Tout le monde est ravi, grands et petits, lui dit la reine, sauf Mr Gladstone, qui est fou de rage. »
     
    Dans les journaux, les salons et les pubs, les spéculations vont bon train sur le nouvel équilibre du monde. L’île de Chypre, au sud de la Turquie, en face du canal de Suez, est une position stratégique aussi importante qu’inattendue. Cette Cythère regorge, dit-on, de richesses fabuleuses et de vins enivrants. À n’en pas douter, elle devrait fournir l’occasion d’une ouverture de l’Asie Mineure aux intérêts britanniques.
    Cette aventure et sa brillante conclusion ont apporté à Victoria une exaltation qu’elle croyait révolue. Avec la paix retrouvée, la passion retombe. Les affaires d’État lui ont procuré un plaisir inouï, qui rendent d’autant plus moroses les soucis de famille qui leur succèdent. Au mois de septembre 1878, Sa Majesté reçoit une étrange lettre. La personne qui lui écrit est Mrs Conroy, la belle-fille de Sir John Conroy, décédé en 1854. Elle lui adresse un mémorandum, prétendant lui révéler une conspiration pour attenter à ses jours, lorsqu’elle était enfant, dont le duc de Cumberland aurait été l’instigateur. Il avait pris l’ascendant sur l’esprit de son frère le roi George IV, et on l’avait entendu dire « qu’une seule vie fragile le séparait de la couronne, et qu’il serait néanmoins roi d’Angleterre ».
    « Il n’en a jamais montré le moindre signe », écrit Victoria dans la marge.
    Lorsque Victoria a été malade pendant de nombreuses semaines, le duc de Cumberland a commencé à répandre la rumeur que la duchesse de Kent était beaucoup trop attachée à Sir John Conroy.
    « C’est une invention de Sir John lui-même », note la reine.
    Puis le duc a fait pression sur le roi pour que la princesse Victoria soit enlevée à sa mère, afin qu’elle puisse être entourée de personnes à sa solde. Alors, soit par négligence, soit par un lent empoisonnement, la mauvaise santé de Victoria aurait été aggravée, de sorte que sa mort n’aurait étonné personne.
    « Complètement faux. Ce sont les inventions de Sir John et les horribles fables de la princesse Sophia. Un tissu de mensonges », écrit la reine à même les feuillets.
    Puis elle classe ce document qui ne lui apprend rien. Sans doute Mrs Henry Conroy la contacte-t-elle maintenant parce qu’en juin 1878 le roi Georges V de Hanovre est mort. Il était le cousin de Victoria et le fils d’Ernest-Auguste, duc de Cumberland, qui hérita le trône de Hanovre dont Victoria se trouvait exclue par la loi salique. George était né en 1819, la même année que Victoria, et certains avaient imaginé un temps de les marier. Comme son père, il n’avait cessé de montrer du ressentiment envers Victoria, prétendant opposer son veto aux mariages de ses enfants, comme pour continuer d’affirmer son droit à la succession britannique. Il est fort probable que les allégations contenues dans la lettre de Mrs Henry Conroy soient vraies. Quoi qu’il en soit, la reine soutient le contraire et le note pour la postérité, parce qu’il importe avant tout que cette querelle des Cumberland soit enterrée avec eux. Georges est mort aveugle et détrôné. Victoria avait fait en sorte qu’il soit charitablement accueilli en Angleterre après qu’il avait vainement tenté, par l’entremise de Salisbury et de Derby, de prévenir l’annexion du Hanovre au nouvel empire d’Allemagne.
    L’Allemagne, son autre patrie, celle d’Albert et de nombreux membres de sa famille, est voilée de mélancolie. Alice est retournée à Darmstadt, où elle soigne ses enfants atteints de diphtérie.

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