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Victoria

Victoria

Titel: Victoria Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Joanny Moulin
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gouvernement indépendant de l’Irlande ! crie Ponsonby.
    — Il n’était pas censé être indépendant dans ce sens-là. »
    Le valet insiste, Gladstone va rater le ferry : « Faut y aller ! »
    « Oui, oui… Non, je dis que s’il y avait eu une dissolution de l’Union, une restauration du parlement de Grattan… »
    Le valet le pousse dans la voiture et referme la portière.
    « … cela aurait pu être un parlement indépendant, mais ce que nous demandons est une assemblée statutaire pour la gestion des seules affaires irlandaises que nous n’avons pas pu gérer à Westminster et c’est ce que… »
    La voiture s’éloigne au galop et Gladstone devient inaudible. Le policeman moustachu, dans sa guérite, fait des yeux ronds.

59
    Le 1 er  janvier 1887 est célébré à Osborne par un repas de famille plus restreint que d’ordinaire. En ce premier jour de l’année de son jubilé, Sa Majesté reçoit d’innombrables télégrammes et courriers. Elle échange des cartes de vœux avec ses enfants et petits-enfants rassemblés autour d’elle. Même le tout petit Alexandre, premier enfant de Bébé et Liko, né en novembre, en a une attachée à son poignet. Ce sont, pour la plupart, des compositions réunissant de nombreuses images miniatures. Sur un fond de rameaux de gui ou de sapins enneigés, des portraits en médaillon, où celui de la reine occupe une place centrale, côtoient des vues de Londres, des trains et des bateaux, ainsi que divers clichés de la société contemporaine. Les photographies colorisées se mêlent aux gravures et aux écussons dans ces produits stéréotypés de la sérigraphie. Parmi les menus présents échangés, une profusion de babioles anticipent les célébrations de la cinquantième année de règne de Victoria. Par exemple, Bertie lui offre le tout premier encrier du jubilé, en forme de couronne, avec un portrait de Victoria à l’intérieur du couvercle.
    La reine n’est pas particulièrement satisfaite ni heureuse du demi-siècle qui s’est écoulé depuis son accession. La mine sévère qu’elle affiche constamment, très exceptionnellement éclairée par un fugitif sourire, en témoigne. Certes, la défaite de Gladstone lui rend la tâche un peu moins pénible. Victoria est convaincue que ses propos enflammés sont l’une des premières causes des difficultés du pays qu’il prétend dénoncer. Sa Majesté lui a demandé personnellement d’y mettre un terme.
    « Quelles que soient les opinions personnelles de Mr Gladstone sur la meilleure façon de promouvoir le contentement et de restaurer l’ordre en Irlande, le pays a sans équivoque rejeté son projet, et le nouveau gouvernement devra trouver quelque autre méthode en temps utile. Elle espère que son sens du patriotisme lui fera sentir que le meilleur et le plus sage des services qu’il peut rendre à l’Irlande est de s’abstenir d’encourager l’agitation par des discours publics. »
     
    Le cabinet conservateur de Salisbury, s’appuyant sur une majorité aux Communes, n’a plus de raison de ménager les nationalistes irlandais et revient à une politique de coercition en Irlande. Randolph Churchill n’a plus le vent en poupe. Chancelier de l’Échiquier, il est poussé à proposer plus de crédits qu’il ne voudrait pour l’armée et la marine. Il démissionne pour imposer ses vues : le procédé déplaît intensément à Sa Majesté. Elle obtient de faire nommer à sa place le libéral George Goschen, qu’elle aurait souhaité comme Premier ministre au lieu de Gladstone, parce qu’il est catégoriquement opposé au Home Rule.
    Le deuxième cabinet Salisbury réprime les nationalistes irlandais en même temps que l’agitation socialiste en Angleterre. James Monro, le nouveau chef de la police métropolitaine, en collaboration avec le ministère de l’Intérieur, remporte de bons résultats en infiltrant les groupes subversifs. Sans que Victoria le sache, il déjoue un attentat à la bombe visant à assassiner la reine et son gouvernement à Westminster, pendant les cérémonies du jubilé. Quelques mois auparavant, le Times a publié des documents, qui bientôt se révéleront faux, dans le but de discréditer le parti irlandais en prétendant prouver ses connexions avec les terroristes fenians.
    Salisbury assume personnellement la charge de ministre des Affaires étrangères après le décès soudain de Stafford Northcote. En octobre 1886, par l’accord de

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