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Victoria

Victoria

Titel: Victoria Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Joanny Moulin
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À Windsor, Liszt joue pour elle La Légende de sainte Élisabeth , puis un nocturne de Chopin et d’autres pièces encore. À la fin de chaque morceau, Victoria se lève et s’avance jusqu’au piano pour féliciter le maestro. Elle marche appuyée sur sa canne, taillée dans la branche d’un chêne planté par Charles II, qui restaura la monarchie en 1660. Le pommeau est une idole indienne qui faisait partie du butin de Seringapatam, prise par Lord Cornwallis au terme d’un siège qui se termina par la victoire des Britanniques sur le royaume de Mysore en 1792.
    Elle a cette même canne à la main, le 4 mai 1886, pour inaugurer l’Exposition coloniale et impériale à Kensington. Cet événement est dû au prince de Galles, qui a fondé l’Institut impérial pour resserrer les liens entre les colonies et la métropole. Victoria visite toutes les salles où sont exposées les richesses de l’Inde, bavardant avec les artisans indiens. La foule est énorme. Sa densité enthousiaste pèse sur elle comme le monde sur Atlas.
    Pendant ce temps, il semble que les Lords survivront peut-être encore cette fois-ci à Gladstone. Les libéraux se scindent sur la question du Home Rule. Le gouvernement lui-même explose. « Harty-Tarty » Hartington a démissionné, suivi par « Jumping Joe » Chamberlain.
    « La Reine, écrit Victoria à Gladstone, est peinée d’écrire ceci, car elle souhaite toujours pouvoir accorder tout son soutien à son Premier ministre, mais il lui est impossible de le faire quand l’union de l’Empire est en danger de désintégration et de grave perturbation. »
    À Liverpool, le 12 mai 1886, elle ouvre l’Exposition internationale de la navigation et du commerce, puis elle descend la Mersey pour inaugurer l’Orphelinat des marins. Sur le ferry-boat, avec une modeste cabine pour tout abri, elle prend le thé avec Béatrice, ne voyant plus rien que les grands paquebots. Quand elle débarque, la tempête arrache d’un mât une lourde pièce métallique qui s’écrase derrière elle. Dans sa voiture découverte, sous une pluie battante, les bourrasques de vent qui la soufflettent semblent se confondre avec l’ahurissant et « incessant parfait rugissement d’acclamations ». Dans huit jours, le 20 mai 1886, elle entrera dans la cinquantième année de son règne. Partout où elle va, elle reçoit de massives manifestations de loyauté, plus enthousiastes à chaque fois. Après tout, son peuple n’a peut-être pas trouvé le temps si long…
    Gladstone a défendu son projet de Home Rule devant les Communes par un discours de trois heures, au terme duquel les députés l’ont sanctionné lourdement. En juillet, le scrutin populaire confirme sa déroute.
    « Les élections se passent merveilleusement bien, écrit Victoria à la princesse Helena. Absolument aucune défaite depuis deux jours et rien que des victoires ! Aujourd’hui 8 : les conservateurs auront plus de 300 élus et les libéraux unionistes 72. Presque 130 de majorité contre le G. O. M. qui écrit toujours plus de lettres atroces, montant les classes les unes contre les autres, et se comporte de façon abominable. Je pense vraiment qu’il est fêlé. »
     
    Le 31 juillet, Gladstone quitte Osborne, où il vient de présenter sa démission à la reine. Ponsonby l’accompagne à la voiture qui doit l’emmener au ferry.
    « Maintenant, à propos de l’Irlande, dit Gladstone à Ponsonby, je ne vois pas, sur ma vie, qu’un autre plan, généralement parlant, soit praticable à part celui que nous avons proposé…
    — … et qui a été rejeté parce qu’il donnait à l’Irlande une existence séparée de l’Angleterre ! l’interrompt Ponsonby en parlant très fort, parce que Gladstone est dur d’oreille.
    — Juste ciel, non ! Comment cela ?
    — Il donnait à l’Irlande un parlement…
    — … un parlement statutaire pour la gestion de ses propres affaires.
    — Mais égal, en cela, au Parlement de Westminster !
    — Pas égal. Le pouvoir de tous les gouvernements possibles et imaginables ne pourrait pas créer un parlement égal.
    — Vous détruisiez le Parlement impérial, l’institution qui gouverne les trois royaumes unis !
    — Non, non, non, cent fois non ! Le Parlement impérial restait en pleine possession de ses pouvoirs. »
    Le valet de pied les interrompt : « La voiture attend ! »
    « Oui… Oui, je vous parle de tous ses pouvoirs impériaux.
    — Moins le

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