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Victoria

Victoria

Titel: Victoria Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Joanny Moulin
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pleins de gens, sont venus à notre rencontre, et sur l’un des grands vapeurs ils dansaient un branle au son d’un orchestre. On ne peut s’empêcher de remarquer combien les jours sont plus longs ici qu’en Angleterre. »
    Puis imperceptiblement la nuit tombe. Toute la côte est illuminée de feux de joie. Le Royal George répond au chaleureux accueil des Écossais en lançant des fusées bleues. Les marins dansent et chantent sur le pont, tandis qu’un mousse joue du violon. À toute heure de la nuit, ils escaladent lestement les beauprés, grimpent dans les vergues, tenant des lanternes entre les dents. Il est 1 heure du matin quand on jette l’ancre, avec un jour de retard, à Leith, qui est le port d’Édimbourg, dans l’embouchure de la rivière.
    Le mouillage ne fait qu’aggraver le mal de mer. Victoria insiste pour débarquer dès 8 heures. Tout le monde est pris de court. Le lord-prévôt, qui doit lui remettre les clés de la ville, cavale pour rejoindre la procession avant que la reine n’arrive à Dalkeith, chez le duc de Buccleuth. Le lord-maire est fébrile, incertain du protocole.
    « De quel côté du carrosse la reine est-elle assise ?
    — À droite.
    — Faut-il s’agenouiller ? De quel genou ?
    — C’est mieux de s’agenouiller. Le droit. »
    Hormis la brève visite de George IV en 1822, aucun souverain britannique ne s’est rendu en Écosse depuis Charles I er , en 1650. Deux révolutions, puis deux soulèvements armés des partisans des Stuarts, et presque deux siècles ont passé depuis.
    Victoria est sous le charme. Elle entre de plain-pied dans l’univers de Walter Scott, qui l’a tant fait rêver. « C’est un conte de fées », dit Albert. La pittoresque Édimbourg produit sur eux une impression marquante, avec son château perché au sommet de son rocher au beau milieu de la ville, et toutes ses maisons en pierre de taille. Ils se rendent au monument national sur Carlton Hill, où des édifices célèbrent les grands hommes, le poète Robert Burns et le philosophe David Hume comme l’amiral Nelson. Le style néo-classique de ces ouvrages vaut à la capitale des Lumières écossaises d’être surnommée « l’Athènes moderne ».
    « Je suis sûr que l’Acropole ne pouvait pas être plus splendide ! » s’exclame Albert en contemplant Édimbourg du point le plus haut du château. Au loin se dessinent les falaises du crag de Salisbury et le siège d’Arthur.
    La Compagnie royale des archers, corps d’élite fondé par George IV, exclusivement formé de lords et de gentilshommes, leur fait une escorte. Ils ont l’air redoutable, avec leur arc dans une main et leurs flèches passées dans la ceinture. Marchant tout près de la voiture, ils sont rudement chahutés par une foule enthousiaste.
    En sortant de la ville, il est saisissant de voir combien le pays et les gens sont différents de ceux que l’on rencontre habituellement en Angleterre. Les cottages des paysans, aux toits de chaume, ont des murs en pierre. Les femmes aux longues chevelures flottant dans le vent sont belles comme dans les tableaux des peintres hollandais, les vieilles portent de curieux bonnets, filles et garçons hirsutes accourent pieds nus sous la pluie, et ce sont partout des têtes rousses. Albert trouve que ces Écossais, tant par leur aspect physique que par leur grande correction, ressemblent à des Allemands. Même la nourriture qu’on leur sert, porridge de flocons d’avoine, finnan haddies , ou harengs fumés, est délicieusement exotique. Puis, quand vient le soir, la brume calédonienne efface les images du jour comme celles d’un songe. L’Écosse leur paraît étrangement familière.
    Ils voient les ruines de Craigmillar, où vécut la reine Mary. À Édimbourg, ils sont entrés dans la pièce où est né Jacques VI d’Écosse qui devint Jacques I er de Grande-Bretagne. Victoria est fascinée par les traces bien réelles de l’histoire. Elle visite ces lieux comme en pèlerinage, admire les objets comme autant de saintes reliques. Voici les châteaux de Dundas et de Blackness, Hopetoun et Dalmeny, Rosyth où l’on dit que naquit la mère d’Oliver Cromwell, et là-bas Dunfermline où est enterré Robert Bruce. À Dupplin, chez Lord Kinnoul, le 42 e  bataillon des Highlanders, vêtus de leurs kilts et tartans traditionnels, les accueille au son de la cornemuse : de très beaux hommes, robustes, aux barbes viriles.
    Perth, sur les bords de la Tay,

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