Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Victoria

Victoria

Titel: Victoria Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Joanny Moulin
Vom Netzwerk:
pas une voisine très rassurante. Sa volonté d’expansion coloniale se manifeste notamment en Algérie dont le général Bugeaud poursuit la « pacification » après la prise de Tlemcen. Dans l’hémisphère sud, l’amiral Dupetit-Thouars, qui a conquis les îles Marquises, veut imposer un protectorat français à Tahiti. La reine Pomaré, d’abord contrainte d’accepter, s’est rétractée, réaffirmant son allégeance à la couronne britannique. Des conflits d’intérêts se dessinent.
    En Amérique, la frontière longtemps disputée entre le Canada et l’état du Maine est enfin établie par le traité Webster-Ashburton de 1842. La Grande-Bretagne y gagne des hauteurs stratégiques, dominant le Saint-Laurent, et certaines assurances que la traite des Noirs sera mieux contrôlée et l’extradition des criminels plus efficace. Au Parlement, Palmerston s’insurge contre ce qu’il appelle la « capitulation d’Ashburton », regrettant la perte de territoires au profit des États-Unis. L’attitude expansionniste de Lord Palmerston, sa conception plutôt brutale de la diplomatie paraissent bien dangereuses.
    Dans les derniers jours de novembre, la reine a reçu au château de Walmer une dépêche l’informant des succès de ses forces armées en Afghanistan. C’était une bonne nouvelle, qui vengeait les massacres de l’année précédente. Au printemps, un corps expéditionnaire était venu des Indes, à la rescousse des garnisons britanniques demeurées cantonnées à Kandahar et Jalalabad. En août, le général Pollock a repris Ghazni. Puis le général Nott est allé jusqu’à reconquérir Kaboul. Les prisonniers ont été libérés, les fortifications détruites, les villes pillées en représailles. Akhbar Khan vaincu, Dost Muhammad rétabli à Kaboul, le conflit anglo-afghan s’est terminé et les troupes britanniques se sont retirées. Il reste que les pressions exercées sur l’Afghanistan par la Russie, à la recherche d’un accès éventuel à la mer d’Oman, à proximité de l’Inde, jettent toujours une ombre sur l’avenir.
    En Chine, la guerre de l’opium a pris fin par le traité de Nankin, qui ouvre les ports du pays au commerce des puissances étrangères. La Grande-Bretagne perçoit une indemnité et acquiert Hongkong pour une durée de cent cinquante ans.
    Victoria souhaite que les victoires de Chine et d’Afghanistan soient commémorées par des médailles particulières.
    À l’intérieur, les chartistes ont présenté une nouvelle pétition de trois millions de signatures, qui a été rejetée comme la précédente. La proclamation de grève générale qui s’est ensuivie ne présage rien de bon. Peut-être la proposition de loi de Lord Ashley pour interdire le travail des femmes et des enfants de moins de 10 ans dans les mines suffira-t-elle à calmer les esprits pour un temps.
    Il est à craindre que non. Le pays est dans une instabilité durable, aggravée par la crise de l’industrie manufacturière qui s’éternise, la cherté du pain maintenue par les mesures protectionnistes, la misère à laquelle les bas salaires et le chômage endémique condamnent les masses ouvrières. La publication du rapport d’une commission sur les conditions de travail dans les mines et les houillères révolte les consciences. De jeunes femmes, des filles y sont utilisées littéralement comme des bêtes de somme. Elles rampent à quatre pattes dans les galeries, quatorze ou seize heures par jour. Au moyen d’une chaîne qui leur passe entre les jambes, reliée à une ceinture de cuir, elles traînent des wagonnets lourdement chargés de charbon. La touffeur suffocante qui règne dans les boyaux de mine les contraignent de travailler torse nu, vêtues d’un simple pantalon en toile de sac. Elles sont d’une maigreur étique, noircies de la tête aux pieds. Le labeur et la faim ratatinent leurs seins, au point que leur torse se confond avec celui des garçons. Le taux de mortalité chez ces malheureuses, qui passent la majeure partie de leur vie sous terre, est effrayant.
    Dans le courant de l’hiver, d’étranges troubles éclatent et perdurent dans le sud du pays de Galles. Depuis longtemps les petits fermiers se plaignent du coût des routes à péage. La nuit, des bandes d’hommes masqués, déguisés en femmes, attaquent les postes, armés de fusils, de haches et de scies. Ils réveillent les gardiens et leurs familles, les chassent à travers champs avant

Weitere Kostenlose Bücher