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Vidocq - le Napoléon de la Police

Vidocq - le Napoléon de la Police

Titel: Vidocq - le Napoléon de la Police Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie-Hélène Parinaud
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faux documents, distribuant même des
prospectus pour vanter la perfection de son travail dans tous les ports
français.
    Les affaires marchent à tel point
que Vidocq essaie un autre système. Il met au point une triangulaire. Plutôt
que de travailler contre de l’argent avec lequel il achète des marchandises au
prix fort, il se fait payer, en échange, par des marchandises, à prix réduit.
Il choisit des dentelles qu’il sait pouvoir revendre au prix fort. De cette
façon, son commerce officiel reste légal et il gagne encore plus d’argent.
Grâce à ce système, il repasse continuellement la frontière pour choisir sa
marchandise à Alençon, ou au Puy.
    Un jour, les choses tournent mal.
Arrivé à Douai où il a donné rendez-vous au portefaix chargé de l’attendre avec
sa marchandise, il trouve l’homme saoul et avachi. L’ivrogne lui avoue en
rotant qu’il a laissé tomber quelques ballots de mousseline dans un fossé. Des
milliers de livres perdues par la faute de ce poivrot ! Furieux, Vidocq le
corrige à coups de poings. Ceux qui veulent s’interposer sont brutalement
repoussés. Deux gendarmes qui patrouillaient dans les parages, viennent
rétablir l’ordre. Arrêtés comme « tapageurs » sur la voie publique,
les deux comparses sont conduits au violon. Dans le local de la gendarmerie,
ils refusent de dire la raison de cette rixe. Vidocq, après avoir décliné sa
nouvelle identité, le citoyen Léger s’apprête à repartir lorsqu’une voix
demande derrière lui :
    « Est-ce qu’il y a du gibier
pour Lille ? »
    Un brigadier entre dans la pièce
pour regarder le registre des plaintes et admissions au moment où on pousse les
deux hommes vers la porte en leur ordonnant d’être sages.
    « Sacrebleu, Vidocq ! Et
ben j’en connais qui vont être content de te revoir. »
     
    Couvert de chaînes, surveillé nuit
et jour, il est enfermé dans un cul de basse-fosse. Traité comme l’ours d’un
zoo, il peut à peine se mouvoir pour se nourrir. Des années après il évoquera
encore ces rats qui courraient sur son visage, le mordant pendant son sommeil
et lui volant sa nourriture. Lorsqu’on lui annonce qu’avec les autres condamnés
de la prison, il va être transféré à Bicêtre et de là réuni à la chaîne
générale en partance pour le bagne de Brest, cela lui est presque une
délivrance.
    Encadrée d’un peloton de cinq
gendarmes à cheval et de huit dragons, l’escorte est puissamment armée. On fait
monter les prisonniers dans une longue charrette, chacun ayant déjà un boulet
au pied. Rivés l’un à l’autre, les quatorze bagnards arrivent à peine à marcher
mais ils peuvent parler.
    Vidocq finit par les convaincre de
tenter une évasion. Ils se décident pour passer à l’attaque d’attendre la forêt
de Compiègne. Les ombrages seront plus propices à une embuscade. L’un des
prisonniers, Desfosseux, ayant dissimulé une minuscule lime, les fers sont peu
à peu sciés au bout de trois jours.
    À l’endroit indiqué, sur un signal,
les fers tombent, les captifs sautent à terre et s’éparpillent dans les
buissons. Les cavaliers chargent alors sabre au clair. Les prisonniers refusant
de se rendre, ils leur tirent dessus. À la première décharge, sept corps
jonchent le terrain. Armés de quelques pierres et de bâtons les autres se
rendent et regagnent la charrette. Le 1 er prairial an V (20 mai
1797) Vidocq et ses compagnons d’infortune sont aux portes de Paris. Leur
voiture entre dans un vieil hospice crasseux. Après avoir traversé plusieurs
cours, on les fait descendre, près du greffe. Une fois noté leurs signalements,
on les pousse dans une grande cour entourée de hauts bâtiments noirs :
Desfosseux qui connaît la « maison » lui explique :
    « Voici le vrai Bicêtre. Sous
la construction que tu vois là, il y a des cachots de sûreté. On y enferme ceux
qui sont dangereux ou condamnés à mort. Dans une de ces geôles souterraines, on
a encagé un des lieutenants de Cartouche qui l’avait trahi pour obtenir une
commutation de peine. Il l’a eue, il y est resté quarante-trois ans ! Pour
revoir une fois le soleil, il a fait semblant d’être mort. On se méfiait
tellement que lorsqu’il expira, on le laissa toute une semaine à pourrir dans
ses fers avant de sortir son corps », éclate-t-il de rire.
    Il lui désigne d’un geste large les
autres constructions appelées cours : la grande cour, la cour des
cuisines, la cour des

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