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Vidocq - le Napoléon de la Police

Vidocq - le Napoléon de la Police

Titel: Vidocq - le Napoléon de la Police Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie-Hélène Parinaud
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rien, et raconte, incapable de s’arrêter :
    « On a raison de dire que c’est
le premier pas qui coûte. J’ai pris part à plusieurs coups de main. D’abord je
faisais le guet puis peu à peu, j’ai aidé plus directement. »
    Après un temps de silence, il
continue :
    « Les gens sont si durs, si
entêtés à sortir leur argent. Au début, je me bornais à leur chauffer la plante
des pieds avec des pelles rougies au feu. Quand il n’y avait rien d’autre à
faire, tant ils refusaient de parler, il fallait bien leur arracher les ongles
ou leur crever leurs yeux. On s’habitue. De retour à Lille, une fois dans les
salles de jeu, je n’y pensais plus. »
    Vidocq lui remplit sa flûte de
champagne et Villedieu l’avale d’un trait avant d’expliquer d’un ton plus
alerte :
    « Nous avions une combine
formidable. Je commandais l’escouade chargée de poursuivre les chauffeurs.
Avertis par moi de l’endroit où devait passer la patrouille, ils agissaient au
calme. Et je touchais quand même ma part sans avoir rien à faire. La belle
vie ! Tout cela ne pouvait durer. J’avais bien remarqué que mon colonel me
regardait d’un air bizarre et que mes camarades changeaient de conversation
devant moi, mais je restais sur mes gardes. C’est alors qu’un des frères
Salembier se fit prendre. Il avait assassiné un cocher pour lui voler sa
voiture. Et sais-tu ce qu’il a fait ce capon ? »
    Villedieu regarde Vidocq avec toute
l’indignation d’un honnête homme, scandalisé par la duplicité d’un voyou :
    « Il a donné tout le monde.
Livré tous les noms de la bande, dont le mien. Voilà ce qui arrive à un
officier comme moi. Ma carrière est brisée. Dix jours que je me cache dans
Paris. Mais je ne crains plus rien maintenant que je t’ai retrouvé. Tu vas me
sortir de là, hein.
    — Aucun problème. Attends-moi
demain en début d’après-midi au Palais-Royal. Tu iras au café des Mille
colonnes et tu demanderas monsieur Christian. »
     
    Après s’être congratulés, les deux
anciens amis se quittent à onze heures du soir.
    « Qu’il aille se faire
pendre ! », lui souhaite intérieurement Vidocq, pressé de mettre le
maximum de distance entre lui et Villedieu qu’il abandonne à son sort. Prudent,
il fait plusieurs fois le tour de l’auberge afin de voir si l’ancien officier
ne le suit pas. Il prend des chemins détournés, passe à travers des potagers et
retrouve le marchand de bœufs à Sceaux. Il décide de quitter Paris et accepte
de conduire un autre troupeau.
    N’ayant reçu ni nouvelle ni argent,
il va rentrer à Arras. Sa mère ne se tient plus de joie. Elle lui annonce
l’inconduite de sa femme qui vit avec un autre homme, dont elle attend un
enfant. Nouvelle qui laisse Vidocq indifférent. Il s’occupe d’aménager une
cachette dans la maison de ses parents. Très bricoleur, il arrange une entrée
si bien dissimulée que lorsque sa maison natale sera vendue, le nouveau
propriétaire l’habitera pendant des années sans jamais rien deviner.
    Passé le temps du bricolage, Vidocq
s’ennuie. Trois mois à tourner en rond chez sa mère, à se cacher dans sa
chambre à la moindre visite d’une voisine, cela ne peut durer. Le jour du mardi
gras, il sort à la nuit tombée et va s’amuser au bal Saint-Jacques. Il est
reconnu par une de ses anciennes conquêtes qui se hâte de colporter la
nouvelle. L’information fait le tour du bal à tel point que les deux gendarmes de
service, anciens camarades de classe, Delrue et Carpentier, viennent le
regarder sous le nez. Vidocq préfère sortir prendre l’air mais les deux
pandores lui emboîtent le pas. Ils le serrent de près. Vidocq se retourne alors
et d’un simple mouvement d’épaule les met à terre et part en courant dans la
nuit. Furieux, les deux hommes le poursuivent. Vidocq va s’échapper, il
s’enfile dans une ruelle devenue… une impasse !
    Se retournant, il les voit arriver,
sabre en main, alors que lui est sans arme. Prenant alors la grosse clef de sa
maison, dans la demie pénombre, il les met en joue. Les deux hommes se
souviennent des corrections que leur a infligées l’ancien Vautrin. Laissant
tomber son sabre et levant ses bras bien haut :
    « Passe tin quemin, François,
n’va mie faire d’bêtise », dit l’un d’eux d’une voix tremblante pendant
que l’autre préfère se fondre dans la nuit.
     
    Il faut quitter la ville au plus
vite. Muni d’un petit viatique, Vidocq

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