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Vidocq - le Napoléon de la Police

Vidocq - le Napoléon de la Police

Titel: Vidocq - le Napoléon de la Police Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie-Hélène Parinaud
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compte. C’est un « escarpe » (un assassin), un « dab »,
le général de la prison. Chacun veut attirer son attention. À force de les
côtoyer, Vidocq s’est rendu compte qu’ils sont irrécupérables, foncièrement
mauvais et brutaux, sans état d’âme ni remord. Aussi a-t-il à cœur de remplir
sa mission et prouver qu’il ne fait pas partie de cette racaille inquiétante.
Or il ne connaît plus grand monde.
    Les bandits de sa génération ont
laissé la place à une autre. Pour obtenir des indications précises, il va devoir
enquêter sur les dessous de la capitale : quelle bande organise, quelle
autre écoule, quels sont les receleurs…
    Vidocq n’a pas longtemps à se
demander comment glaner les renseignements qui lui manquent, les petits
truands, séduits par sa réputation, se bousculent pour lui apporter toutes les
informations nécessaires. Comme une grosse pelote qui se déroulerait si on en
tire un bout, il explore le « milieu ».
    Dans une des salles communes, Louis
Mulot, une gouape à l’air avantageux l’aborde en se dandinant sur ses jambes
arquées et s’enhardit :
    « Je suis le fils Cornu, le
fameux chauffeur de Normandie qui faisait régner la terreur dans la vallée
d’Auge. Ici voyez-vous, y a qu’des mecs à la hauteur qui connaissent l’histoire
de mon paternel lorsque déguisé en maquignon il courait les foires. Il
attendait les marchands sur le chemin du retour pour les égorger. »
    Fier de son patrimoine familial et
de l’attention qu’il provoque, le jeune voyou lui raconte que lorsque son père
avait épousé une jolie fille de Bernay, il lui avait d’abord caché sa terrible
profession. Découvrant mieux son caractère, il l’avait initiée.
    « Elle était très douée ma
mère. Elle n’avait pas son pareil pour griller les pieds ou les aisselles des
paysans. Avec elle, leur argent était vite découvert. Si je vous disais que
pendant vingt ans, nous les Cornu, on a commis plus d’une centaine
d’assassinats avant d’être pris », se rengorge le jeune homme :
    « La famille s’est installée
près de Paris. » Avec un clin d’œil, il ajoute : « C’est plus
juteux. Tous les samedis après-midi, mon père faisait sa petite promenade
digestive sur les Champs-Élysées. Quand ces potes lui demandaient de ses
nouvelles, il leur répondait alors : “Toujours le grand soulasse, mes
enfants, toujours le grand soûlasse (l’assassinat) !” À ça j’dois dire,
qu’il avait l’chic pour nous faire rigoler. Son seul regret, ne pas avoir
refroidi tous ceux dont il avait chauffé les pieds. Les témoins ça peut
parler !
    La preuve, un jour près de Vernon
alors qu’il rentrait d’expédition, il s’est fait prendre et condamner. Vous
allez voir le meilleur. Ma mère lui rendait visite tous les jours. Une fois,
elle lui dit comme ça : “Joseph, je suis qu’une femme mais si j’étais
condamnée avec toi, j’irais à la guillotine comme à une promenade.” “C’est’y
ben vrai”, qu’il lui dit mon père. Comme elle opine, ni une ni deux, il appelle
le greffier et la dénonce. Ils ont été raccourcis ensemble ! »
    Et Louis Mulot termine sa chronique
familiale, se tapant sur les cuisses et pleurant de rire tandis que les autres
prisonniers approuvent :
    « Ça, c’est une vraie
famille. »
    Vidocq, devant la gaieté du voyou,
lui demande ce qu’il fait à Paris.
    « Dame, j’continue la
tradition. Mais moi, j’préfère la grande ville. »
    Il plastronne, fier d’avoir un
public attentif :
    « J’ai ma méthode. Faut dire
que j’ai un sacré tour de main. J’ai de p’tites jambes, et j’en fais mon gagne-pain.
Je m’allonge dans un fossé, à côté d’un cageot à roulettes comme un
cul-de-jatte qui serait tombé. J’opère près de la porte Saint-Martin. Les
promeneurs qu’on a retrouvés dépouillés et ouverts de partout et ben, c’est
bibi. » Et d’un pouce victorieux, il se désigne.
    Voyant que Vidocq garde le visage
fermé, il insiste :
    « Vous pouvez m’croire, à vous
j’dirais pas d’craques. C’est une combine extra ! Sur les boulevards, y a
toujours des bourges qui passent avec de l’argent en poche. J’les en débarrasse
et voilà tout. Lorsqu’il en arrive un, j’appelle, je gémis. Vous entendriez mes
cris, vrai, c’est à faire pitié. Lorsque l’homme se baisse pour m’aider, il
faut voir la vitesse avec laquelle je lui envoie mon chourin dans la poitrine.
Après

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