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Vidocq - le Napoléon de la Police

Vidocq - le Napoléon de la Police

Titel: Vidocq - le Napoléon de la Police Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie-Hélène Parinaud
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j’me r’dresse et j’achève la bête. Plus de dix à ce jour, et c’est pas
fini. Dame, Paris coûte cher. »
    Sur un dernier éclat de rire, il
pirouette avec complaisance sur lui-même :
    « J’en ai pas pour longtemps à
rester ici. J’suis là pour vol mais aucun des témoins n’m’a reconnu et pour
cause, ils sont décédés. Les bourres n’ont pas convoqué le portier que j’ai
laissé à moitié mort et à qui j’ai volé sa montre. Lui m’a bien vu… J’vais
pouvoir bientôt me r’mettre à l’ouvrage et achever l’travail ! »
    Vidocq, lors d’une visite de parloir
d’Annette, lui confie un rapport à remettre à Henry où figurent tous les
renseignements qu’il possède sur l’affreux rejeton de cette terrible famille.
En le dénonçant, Vidocq a la sensation de venir en aide à la société en
éliminant un rat nauséabond. Ces égouts immondes, ces cloaques répugnants, il
voudrait pouvoir les désinfecter comme à Lyon.
     
    L’inspecteur Henry apprécie ces
rédactions concises où figurent les détails précis qui permettent de confondre
les criminels. Les truands se vantent devant Vidocq des pires méfaits. La
difficulté est de trier les renseignements en fonction de leur importance. Il
choisit de ne livrer à Henry que les meurtriers.
    La côte de Vidocq monte. Elle
explose lorsqu’il révèle à Henry, les relais d’une bande de forçats évadés qui
mettent les rues parisiennes en coupe réglée. Avec les guerres de Napoléon qui
entraînent tous les hommes valides sur les routes d’Europe, celles de France ne
sont plus sûres, infestées de bandits qui mettent les voyageurs à l’amende,
quand ils ne les assassinent pas.
    Onze ans auparavant, revenant
d’Égypte et remontant sur Paris, le futur Empereur avait laissé ses bagages aux
soins de son mamelouk, Roustan.
    Le voyant charger ses pistolets, il
l’avait arrêté :
    « Nous sommes en France, pas en
Arabie. Range tes pistolets ! »
    Résultat, ses malles furent pillées.
Devenu empereur, la situation pour les voyageurs ne s’était pas améliorée mais
Napoléon faisait surveiller ses affaires par des pelotons de gendarmes. Par
contre ses appartements des Tuileries et de Saint-Cloud furent souvent
cambriolés. Si les palais de l’empereur n’étaient pas à l’abri des voleurs, les
maisons des particuliers étaient sans arrêt visitées. Les rues devenaient de
véritables coupe-gorge au sens littéral du terme.
     
    Le 3 décembre 1804, lendemain du
sacre impérial, les promeneurs qui traversent les Champs-Élysées butent sur un
corps : « Mon Dieu, il bouge encore ! »
    Philippe Lebon, l’inventeur de
l’éclairage public, agonise, la poitrine percée de onze coups de couteau. À cet
homme génial et inoffensif, les voyous n’ont laissé aucune chance. Ils lui ont
volé une montre et quinze sous, tout ce qu’il avait sur lui. Invité dans la
capitale pour le couronnement de Napoléon, il voulait demander sa mutation à la
direction des Ponts et Chaussées. Celle-ci doit prendre en charge ses obsèques,
tant sa famille est démunie.
    Des crimes gratuits comme celui-ci,
il y en a des dizaines par nuit dont on ne recherche même plus les assassins.
Ils recommencent le lendemain, en toute impunité.
    Un an plus tard, l’année
d’Austerlitz, l’Empereur décide de mettre de l’ordre. Le seul résultat notable
fut la numérotation des maisons.
     
    Quant aux rues, déjà étroites et
encombrées de détritus de toutes sortes, éclairées la nuit de lanternes à huile
retenues par de longues cordes qui lorsque le vent les agite, paraissent faire
courir sur les façades de longues pattes d’araignées, elles sont abandonnées
aux truands. Là aussi, une pierre suffit à installer une obscurité propice aux
guets-apens. Paris est redevenue une cour des miracles, livrée sans défense à
la pègre. Les voleurs ont leur langage, leurs lieux de rencontre comme les
barrières de la Courtille ou de Ménilmontant où la police refuse de se
hasarder.
    Paris offre au plus maladroit des
malfaiteurs, un lieu d’action idéal pour y exercer ses activités. Il est sûr
d’y trouver des cibles faciles, des positions de replis, des cachettes. Pour
peu qu’il connaisse quelques signes de reconnaissances, emploie un langage
particulier à l’envers, le verlan, un argot inconnu des policiers, il est
tranquille. Malgré toutes les interdictions, Paris reste le lieu favori des
évadés qui savent pouvoir

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