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Vidocq - le Napoléon de la Police

Vidocq - le Napoléon de la Police

Titel: Vidocq - le Napoléon de la Police Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie-Hélène Parinaud
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s’y cacher. Surtout, ils y retrouvent des complices,
des filières avec des spécialistes. Le « caroubleur » crochète des
portes, le « détourneur » dévalise les boutiques, le
« rouletier » vole les voitures, le « chourineur » est un
assassin… Paris devient sous l’Empire, le paradis des receleurs.
    Henry est certain qu’il a fait avec
Vidocq une recrue exceptionnelle. Il n’est pas au bout de ses surprises lorsque
ce dernier lui livre tous les protagonistes d’un crime. Un jour dans la cour de
la prison, une bagarre éclate entre Blignon et Charpentier, deux compagnons de
cellule. Le plus fort, Blignon flanque une correction à son adversaire qui s’en
va panser ses blessures dans la cantine. Vidocq qui s’y trouvait,
l’ausculte :
    « C’est pas trop grave. Ton œil
va juste changer de couleur. »
    Charpentier qui boit de l’alcool
autant qu’il en bassine ses plaies, s’accroche à moitié ivre à Vidocq :
    « Tu vois comme il m’a arrangé
le Blignon et bien, il ne l’emportera pas en paradis. Si je voulais, il ne
battrait plus personne. On sait ce qu’on sait.
    — Laisse-le tranquille, il est
plus fort que toi.
    — Si j’voulais, il serait
bientôt fauché (décapité).
    — Vous êtes tous les mêmes à la
Lorcefée (La Force). À vous vanter de tout savoir sur tout le monde, alors que
vous ne savez rien. » Vidocq hausse les épaules.
    Indigné, Charpentier veut montrer
qu’il sait ce qu’il dit. Il empoigne le revers de la veste de Vidocq et entre
deux hoquets, lui raconte :
    « Il fait partie d’une bande de
galériens évadés, il est là sous un faux nom. En réalité, c’est un forçat en
rupture de ban condamné à vingt-cinq ans de fer. Il en a commis des coups et
des fameux. Tiens pas plus tard qu’il y a huit jours. Une informatrice lui a
indiqué qu’une vieille ramasse de l’argent de plein de monde. Quelque fois,
elle en a pour des 20 000 francs en or ou en billets. Bligon avait besoin
de moi pour l’aider à lui couper l’cou et la foutre à l’eau. Part à deux.
C’était bien tentant. Il a fallu attendre qu’elle finisse sa tournée afin de
ramasser sa recette. On l’a suivie et quand elle a repris le chemin de chez
elle, Blignon et moi, on s’est rapproché et après l’avoir entortillée dans son
mantelet, il l’a chourinée et j’l’ai j’tée dans l’fleuve. Voilà qui pourrait
l’faire taire si j’voulais. »
    Vidocq dubitatif se demande si
Charpentier ne cherche pas avant tout à se venger, quitte à mentir. Dans son
rapport à Henry, il s’ouvre de ses doutes. Le policier l’informe alors que le
meurtre n’était que trop réel. Grâce à lui, il a pu punir les criminels. Pour
une fois, le fichier de l’inspecteur n’est pas à jour. Stupéfait de ne pas les
avoir confondus à travers leurs fiches signalétiques, il se hâte de combler
cette lacune. Plus encore que d’avoir découvert des assassins, Henry est ravi
d’avoir trouvé un vrai policier. Pas un simple indicateur mais un détective,
quelqu’un qui cherche, qui enquête. Comme un chasseur qui découvre un
merveilleux limier, il ne laisse à personne d’autre le soin de l’utiliser.
    Le 2 juin 1810, à l’occasion de la
nomination du nouveau ministre de la police Savary qui remplace Fouché, il
rédige le rapport qui permet à Vidocq de ne plus être un détenu et de devenir
un de ses collaborateurs. Pour plus d’efficacité, il obtient du préfet Pasquier
l’autorisation de le faire secrètement libérer de la prison de La Force, en organisant
une fausse évasion. On annonce qu’il va être transféré à Bicêtre et de là,
renvoyé au bagne. Les détenus, comme les gardiens, sont persuadés, qu’une fois
de plus, Vidocq va réussir la « belle ».
    Des paris s’organisent, non sur la
possibilité d’une évasion que tout le monde considère comme acquise mais sur le
moment choisi. Avant ou après Bicêtre. Ce sera avant.
     
    Le soir du 25 mars 1811, tous les
prisonniers, accrochés aux barreaux des fenêtres, hurlent des encouragements
lorsqu’ils voient paraître le géant blond qui, vêtu des habits de bure des
détenus, est menotté et entravé. On le traîne jusqu’au « panier à
salade » qui stationne au milieu de la cour. Cette voiture spéciale, tirée
par un cheval, ne cesse de brinquebaler, empêchant le prisonnier de rester
assis et stable. Très étroite, c’est une véritable cage, si petite que le
prisonnier ne peut

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