Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Vidocq - le Napoléon de la Police

Vidocq - le Napoléon de la Police

Titel: Vidocq - le Napoléon de la Police Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie-Hélène Parinaud
Vom Netzwerk:
conspiration mais problème, il n’était pas
volontaire pour poignarder le consul. Et un complot avec un seul homme, cela
fait mesquin. Partout il chercha des complices, Bonaparte lui-même mit la main
à la pâte. Sur un papier portant son en-tête, il désigna des coupables
potentiels : « pensez à Ceracchi et Arena ». Le premier, un
sculpteur romain, avait fait un buste de Bonaparte en Italie, tout en
manifestant ses convictions républicaines ; le second, un Corse.
L’Empereur aime peut-être sa patrie d’origine mais pas tous ses habitants. Il
disait à son frère Lucien, après Brumaire : “Les Corses sont des gens
qu’il faut tenir à distance.” Or il avait un compte à régler avec le clan Arena
qui était considéré comme ennemi du clan Bonaparte, sur leur île de beauté.
Joseph Arena, ancien député, ne portait pas le Premier consul dans son cœur
mais fréquentait volontiers Joseph Bonaparte. À l’époque, le consul se méfiait
de l’ambition de ses frères. Harel rajoute donc le nom d’Arena à sa
conspiration. Pour faire nombre, on inscrit également les amis de Ceracchi, le
peintre Topino-Lebrun, le sculpteur Dayteg et jusqu’au médecin de Demerville.
En gros, une quinzaine de personnes. Restait à les faire se rencontrer sur les
lieux du crime alors que la moitié d’entre eux ne se connaissait même pas.
L’endroit choisi fut l’Opéra. La date le 10 octobre 1800. On y jouait les
Horaces. Dans les hautes sphères, on avait décidé que les artistes ne pouvaient
manquer de s’y rendre. Bonaparte y prend donc une loge et fait truffer la salle
de policiers armés jusqu’aux dents. C’est à ce moment que je remets mon rapport
au préfet Dubois qui le transmet au ministre de la police, Fouché. »
    Comme il interrompt son récit, en
étouffant une grimace Vidocq soupire :
    « Il vous a mis au secret et
arrêté le complot fantoche ?
    — Pire. Il m’a laissé en poste
et a fait semblant de considérer cette conspiration comme réelle. Puis, il a
introduit Dubois qui a présenté le rapport devant les trois consuls et tous les
autres ministres réunis. On ne pouvait plus reculer, tout le monde fut arrêté.
Des gens qui ne s’étaient même pas rendus à l’Opéra et n’ayant aucune arme chez
eux, furent extrêmement surpris d’apprendre qu’ils avaient voulu attenter à la
vie du Premier consul. On inventa aussi des armes, baptisant cette comédie
ratée la « conspiration des poignards ». Il fut froidement décidé que
seul un artiste pouvait les fabriquer. On inclut donc le peintre Topino-Lebrun,
alors en pleine création d’une grande toile : Caïus Gracchus. Il eut beau
protester qu’il était peintre et non forgeron, on ne l’écouta pas. Personne ne
se demanda pourquoi fabriquer des coutelas alors qu’on en trouve dans n’importe
quelle quincaillerie.
    Le Premier consul continua à donner
des conseils et à allonger sa petite liste :
    « Voyez si Salicetti n’y serait
pas aussi, avec Massena, Brune et Bernadotte. »
    Certains commencent à comprendre que
cette belle machination aidait surtout Bonaparte à se débarrasser de ses
rivaux. La ficelle étant un peu grosse, l’ironie perçait sous les commentaires
des ministres. On renonça donc à arrêter les généraux. Les magistrats quant à
eux, firent du scandale. Rien n’était régulier, des prisonniers détenus
illégalement, sans mandat, sans dossier. Un des consuls, Cambacères, conseilla
à Bonaparte d’abandonner cette ridicule histoire et de la dissimuler sous un
attentat contre le bâtiment de l’Opéra lui-même plutôt que contre sa personne.
Un coup de sang d’artistes qui n’aimaient pas les décors ou la musique.
    Coup de théâtre, le 24 décembre de
la même année, près de l’Opéra, la machine infernale de Cadoudal explose sur le
passage de Bonaparte. Il l’avait enfin sa conspiration, avec de vrais morts,
une véritable bombe et d’authentiques comploteurs. Il suffisait d’attendre un
petit mois et on la lui apportait à domicile.
    La page fut tournée, on rafla tout
le monde dans le même attentat. Le 9 janvier 1801, le tribunal condamna à la
peine de mort Ceracchi, Arena, Topino-Lebrun et Demerville. Ils montèrent sur
l’échafaud à la fin du mois.
    Quant à Bonaparte, ayant eu la peau
du général Moreau, grâce à la conspiration de Cadoudal, il renonça à supprimer
Bernadotte, Brune et Massena.
    — La morale de
l’histoire ? » demande Vidocq en

Weitere Kostenlose Bücher