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Vidocq - le Napoléon de la Police

Vidocq - le Napoléon de la Police

Titel: Vidocq - le Napoléon de la Police Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie-Hélène Parinaud
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du chimiste. Arrivé à proximité, il
l’envoie en éclaireur. Elle se présente comme la nouvelle bonne de son amant.
Il a été malade et souhaite la voir au plus tôt. Inquiète la jeune femme
s’habille et demande à Annette d’amener un fiacre. Toutes deux arrivent enfin à
l’adresse que le chimiste refusait de révéler à la police, un atelier de
gravure, rue de l’Estrapade. Une voiture s’arrête derrière les deux femmes.
Vidocq et ses hommes en descendent. Devant la porte du chimiste, les deux
femmes sont mises en état d’arrestation. La maîtresse ne comprend rien. Annette
a acquis la conviction, durant le trajet que sa compagne est innocente et par
signes l’indique à Vidocq qui après la perquisition la libère. Dans
l’appartement, on trouve un atelier complet de fabrique de fausse monnaie.
Henry obtient un nouveau flagrant délit. Le préfet Pasquier, gagné par
l’enthousiasme provoqué par ces réussites, nomme en novembre 1811, Vidocq chef
de la brigade de Sûreté. Cette fois-ci, il a franchi la frontière.
     
    En avril 1813, la Banque de France
fait appel à lui. De faux billets de mille francs circulent. Les termes
« l’Empereur est furieux » sont suffisamment explicites. Il exige que
les coupables soient arrêtés. Le préfet, comme le ministre de l’Intérieur, ne
voit que Vidocq pour en venir à bout.
    Le soir même, il fait incognito le
tour des tables de jeux du Palais-Royal. Il est loin le temps où le jeune
provincial se faisait dépouiller. Les castors des arcades lui servent désormais
d’indicatrices. Les croupiers comme les tenanciers, craignent sa réputation, se
désolant de ne jamais le reconnaître sous ses divers déguisements. Ce 18 avril,
sous les traits d’un colonel en retraite, il observe les différentes parties. À
un moment donné, il remarque un joueur qui sort de sa poche trois billets de
mille francs. Voyant qu’il échange quelques mots avec un autre participant, il
s’approche de ce dernier.
    « Ce monsieur joue d’une
manière remarquable. C’est m’a-t-on dit un banquier.
    — Lui ? On vous aura
trompé. C’est un peintre, un miniaturiste. Nicolas Allais. »
    Vidocq n’a aucune peine à le filer
jusqu’à son domicile, place du Louvre.
    Il frappe à sa porte, trois jours
plus tard, muni d’un mandat. Le peintre fait semblant de ne pas comprendre mais
Vidocq reste bonhomme. Très à l’aise, il lui dit comme en confidence :
    « Je vous ai vu sortir ces
magnifiques billets de votre poche, l’autre jour, dans un cercle du
Palais-Royal. »
    Le peintre joue l’étonné mais Vidocq
l’interrompt d’un geste :
    « Ne jouez pas le modeste, je
dis bien “magnifiques”. Vous êtes un véritable artiste M. Allais. Et comme les
temps sont durs, vous demandez à la société de reconnaître votre talent. Mon
rôle consiste à vous attraper. J’ai pensé qu’il vous fallait un peu de temps
pour les fabriquer, alors je vous ai laissé quelques jours afin de ne pas
repartir bredouille. »
    Et Vidocq fouille jusqu’à ce qu’il
ramène, caché dans des bosses de plâtre, du papier de banque.
    « Je brûle dirait-on ! Et
là, qu’est-ce ? De l’encre de Chine et des pinceaux encore humides. Hum,
je sens que je vais faire des découvertes. Tiens, pas de poussière. Voyons ce
que cela cache. »
    S’approchant de la cheminée, il en
tapote le manteau, parvient à le faire glisser et saisit un carton sur lequel
est épinglé un vrai billet. Par-dessus, un calque. Chaque vignette y est
méticuleusement reproduite. Allais s’effondre.
    « Quelle honte !
    — Combien avez-vous fabriqué de
billets ?
    — Trente billets de
1 000 F et trois de cinq cents.
    — Quitte à se fatiguer, autant
que cela soit pour une grosse somme. »
    Les deux hommes se rendent à la
Banque de France, toute proche. Le directeur achète les billets avant de les
brûler, cinq cents francs pour chaque billet de mille. Il remet même une prime
à Vidocq, en lui confiant, soulagé :
    « L’important n’est-ce pas, c’est
la discrétion. »
    Les Parisiens de cette époque se
méfient tellement des billets qu’à la moindre crise, la plus petite annonce de
faux, ils demanderaient à être payés en or. Tout plutôt que cette catastrophe.
On étouffe donc l’affaire.
    Nicolas Allais ne fut jamais jugé.
Enfermé au secret à Vincennes, avec sa palette et ses pinceaux, il sera libéré
lors de la Restauration. Ses actes de faussaire étant alors

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