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Vidocq - le Napoléon de la Police

Vidocq - le Napoléon de la Police

Titel: Vidocq - le Napoléon de la Police Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie-Hélène Parinaud
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considérés comme
anti-impériaux, il était devenu sans s’en douter, un résistant royaliste !
     
    Face à tous ses succès, les autres
policiers finissent par se liguer contre lui. Ils expédient des lettres
anonymes contre Vidocq. Ils n’hésitent pas à déposer des objets provenant de
vols à son domicile puis d’y effectuer des visites inopinées, prétextant un flagrant
délit. D’autres inspecteurs avertissent, dévoilent, l’incognito de Vidocq aux
malfaiteurs qu’il traque, pour faire échouer ses enquêtes. Ils font même
circuler une fausse fiche : « Vidocq, marchand d’eau-de-vie, chef de
voleurs, évadé des fers. Individu ne vivant que de crimes et de rapines,
protégé par des policiers douteux. »
    C’est le genre de terme qui déplaît
à Henry qui se sent directement visé. Au début, il avait obtenu du préfet que
chaque dénonciation contre Vidocq lui soit communiquée afin qu’il puisse la
réfuter par écrit. Par la suite, devant l’évidence de ses succès et l’attitude
pleine de fiel des autres policiers, le préfet embrasse son parti. Mieux, leur
opposition larvée le hérisse tellement qu’il repousse toutes les critiques,
d’où qu’elles viennent, contre le chef et responsable de la brigade de Sûreté.
     
    Souvent, après une enquête, Vidocq
bavarde avec Henry, toujours heureux de voir celui qu’il n’appelle plus que
« mon ami » ou « mon fils ». Les deux hommes aiment faire
le point, évoquer certaines enquêtes plus difficiles que d’autres. Ce soir-là,
les bureaux sont déserts, il y règne une atmosphère de calme, favorable aux
confidences. Les deux hommes assis en face l’un de l’autre, fument sans mot
dire. Henry, s’ébrouant décide de mettre en garde son meilleur limier :
    « Le succès est dangereux à
porter, il fait tant d’envieux. Il n’y a que la politique qui soit plus à
craindre qu’eux, soupire-t-il.
    — La politique ? »
l’interroge Vidocq.
    Henry prend une pincée de tabac,
prise en étendant ses jambes près du poêle rougeoyant et commence :
    « Je vais vous donner un
exemple dont peu de personne a eu connaissance. À l’automne 1800, vous étiez
trop occupé à vous évader à cette époque, pour y avoir pris garde. Notre
glorieux Empereur n’était encore que consul. Il avait le pouvoir certes mais
devait le partager avec deux autres et pour dix années seulement, ce qui ne
devait pas l’enchanter… Les avantages illimités d’une monarchie absolue lui
faisaient alors défaut. »
    Vidocq, sentant qu’il va recevoir un
secret d’État, se cale dans son fauteuil, pendant qu’Henry, perdu dans ses
souvenirs, évoque les prémisses de l’Empire.
    « Il y a toujours eu des
opposants à tous les régimes. Cette fois, l’armée était le groupe le plus
hostile à Bonaparte. La plupart de ses chefs se sentaient aussi capables que
lui et estimaient que son poste leur revenait. Outre cette opposition qu’il
dispersera en envoyant les soldats hors de France, guerroyer sans cesse et si
possible mourir sur le champ d’honneur… restaient les républicains, les
émigrés, les princes, les agents royalistes, plus quelques fous… bref, le tout-venant.
    Je n’ai jamais su qui lui mit en
tête que sa popularité y gagnerait s’il était victime d’un attentat. Le fait
est que cette idée, qui lui permettrait d’exiger que lui soient confiés des
pouvoirs exceptionnels, premier pas vers l’autorité impériale, le séduisit.
Pour un tel homme, les désirs sont des ordres. Mais, pour démontrer que les
jours du Premier consul étaient en danger, il fallait obligatoirement produire
les éléments d’un complot. Avec un peu de patience, il l’aurait eu sa
conspiration. Il suffisait d’attendre que Cadoudal débarque. Mais, le
tempérament bouillonnant de Bonaparte n’incluait pas la patience. Il voulait
son attentat et tout de suite !
    On lui en fabriqua donc un sur
mesure, mais très maladroitement. Il désigna pour cette mission un de ses
fidèles dont il se resservit trois ans plus tard, lors de l’assassinat du duc
d’Enghien, le capitaine Jacques Harel. Trouver des conspirateurs n’est pas
chose facile. »
    Les deux hommes échangèrent un
demi-sourire entendu.
    « Harel servit d’abord d’agent
provocateur. De cafés en guinguettes, il disait du mal du gouvernement. À ce
jeu, il ne dégotta qu’un ex-petit employé de bureau aigri de 33 ans, Demerville.
Harel l’enrôla facilement dans sa

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