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Vidocq - le Napoléon de la Police

Vidocq - le Napoléon de la Police

Titel: Vidocq - le Napoléon de la Police Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie-Hélène Parinaud
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aux
terrains vagues, parsemés de cahutes précaires. Toute une faune inquiétante s’y
réfugie. Ces parages sont réputés si dangereux à la nuit tombée que les soldats
des forts, venus en permission dans la journée pour profiter des spectacles,
ont ordre, le soir venu, de s’attendre et de se regrouper pour rentrer dans
leur caserne. Dans ce monde interlope et inquiétant, Vidocq s’aventure seul. Se
fiant à son oreille, il avance sur un chemin à peine tracé vers un débit de
boissons isolé d’où s’échappent des hurlements sauvages. À la porte de l’estaminet
à l’enseigne de Guillotin, des parieurs se disputent le montant de leur
mise, traînant derrière eux des chiens ensanglantés. Les combats ont commencé.
    Vidocq paie un pichet de vinasse au
patron et entre dans une sorte d’arène carrée. Au milieu des vociférations
d’encouragement, un pitbull ayant saisi un beauceron dans sa terrible mâchoire,
secoue férocement sa tête, égorgeant le chien berger qui ne geint plus,
éclaboussant les spectateurs de sang. Lord Seymour, possesseur du killer discute
tout haut en anglais avec ses amis, leur offrant cette petite descente
pittoresque dans le Paris-canaille. Venu avec les armées anglaises, il a séduit
l’aristocratie et donné le ton de la vie parisienne. Tout le monde se doit
d’être fashionable et imite ses manières : se faire suivre par des
valets anglais ou faisant semblant de l’être, porter des costumes serrés et des
chapeaux hauts de forme.
    Il conduit sa voiture à toute
vitesse sans faire attention à la populace qui traverse la rue et assiste à des
combats de chiens. Tout cela devient du dernier chic. Décidant de battre les
Français sur leur propre terrain, il avait amené ses deux écuries. La première
de chevaux de course, la seconde de chiens de combat. Pour féliciter son
champion, il offre alors à ses compatriotes du champagne que lui portent ses
domestiques dans des paniers d’osier.
    Furieux de voir leur favori à
l’agonie, les garçons bouchers, grands amateurs de bergers beaucerons,
saisissent alors leurs gourdins et tombent à bras raccourcis sur les touristes.
Ils les assomment aux cris de : « Vive Napoléon ! Vengeons
Waterloo et à mort les Godons ! »
    « Sauvez le champagne… »
lance alors Vidocq.
    Tous éclatent de rire. Pendant que
les Anglais s’enfuient pour ne pas se faire assommer sur place. Les spectateurs
se transforment en convives et les bouteilles ouvertes sont brandies à bout de
bras, perdant la moitié de leur contenu en mousse : « À la santé du
milord ! »
    Chacun essaie d’en avoir une petite
goutte et tous finissent dans la buvette du patron, rebaptisée
« bistro » à la manière cosaque, car chacun veut être vite servi.
     
    Vidocq trinque avec ses compagnons
de table, mais ne leur pose pas de questions, il se contente d’écouter puis,
avisant une accorte brunette, lui offre à boire. Une fois la belle un peu grisée,
il lui parle de son vieil ami « Antin ».
    « Ben il est là. Juste
derrière. Vous l’aviez donc pas r’connu ? » s’étonne-t-elle.
    Vidocq lui redonne à boire et va
s’asseoir à la table indiquée. Un jeune homme brun, la casquette sur l’oreille,
de fortes rouflaquettes sur les joues, plastronne en argot. Vidocq sans hésiter
lui demande du tabac et pour le remercier lui offre une tournée. Vidocq
« jaspine » en verlan convainquant facilement la tablée qu’ils ont un
confrère avec eux. La nuit étant bien avancée et la confiance acquise, Antin,
une fois seuls à table, lui glisse à l’oreille :
    « Ne nous battez plus vous êtes
un grinche » (Ne vous cachez pas de nous, vous êtes un voleur).
    Vidocq qui a fait tout ce qu’il
pouvait pour lui laisser entendre qu’il était un évadé du bagne de Toulon,
avoue d’un mouvement de tête.
    « Je comprends votre
discrétion, mes camarades sont un peu bavards.
    — C’est que je suis obligé
d’être sur mes gardes, je ne compte pas moisir à Paris, on dit qu’il y a trop
de mouchards, dit Vidocq à voix basse.
    — C’est vrai mais tant que tu
n’es pas connu de Vidocq, tu n’as rien à craindre. D’ailleurs ici, il n’y a pas
de danger, il n’oserait pas y mettre les pieds, l’assure Antin.
    — Vous le connaissez
donc ? demande Vidocq.
    — Impossible, il se déguise
tout le temps mais moi, la rousse je la sens. Il peut y venir, je le flairerai
au premier coup d’œil. Si tous étaient

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