Vidocq - le Napoléon de la Police
depuis longtemps », rage le préfet. Des
assassinats en série inquiètent la population des environs de Paris. Quelques
mois auparavant, un boucher qui se rendait à la foire de Corbeil, a été agressé
avec une sauvagerie inouïe et laissé pour mort. À présent, les gens se terrent,
refusant de sortir à la nuit tombée. Le gouvernement, excédé des critiques de
la presse sur son impuissance, veut des résultats.
Lorsque les gendarmes retournèrent
le corps, ils virent que la victime tenait serré dans sa main crispée, un bout
de papier déchiré :
À Monsieur Rao […]
marchand de vin, bar […]
Roche […]
Cli […]
C’est le seul indice. Les policiers
n’ayant pu l’interpréter, l’enquête piétine. On se résigne donc à la confier à
Vidocq. Il se rend sur place, examine les lieux et demande à voir les relevés
d’empreintes de pas, le meurtre ayant été perpétré sur un sentier boueux.
Personne n’y avait songé. Le chef de la Sûreté est bien le seul à se servir de
la gélatine, fabriquée par son ami Nicolas Appert, le célèbre confiseur, inventeur
de la boîte de conserve. La coulant dans les traces, il obtenait d’excellents
moulages, servant à confondre les coupables. Cette fois-ci, il ne pouvait donc
en être question. Reste à décrypter l’énigme du bout de papier. Vidocq suggère,
en remplissant les blancs :
À Monsieur […] Rao […], marchand
de vin, bar [rière de] Roche [chouart, chaussée de] Cli [gnancourt].
À partir de cette piste, il se met
en chasse. Vidocq et ses hommes écument tous les marchands de vin de ce
quartier mal famé. Déguisé en charbonnier, Vidocq repère au bout de quelque
temps un cabaretier, Raoul, beau-frère d’un bagnard et déjà condamné à des
peines sévères pour vol.
L’observant jour après jour, Vidocq
le voit s’exercer à tirer sur une cible au fond de son jardin. Empruntant
chaque fois un déguisement différent, le chef de la Sûreté ne le lâche plus,
espérant qu’il se dévoile.
Un soir, il le voit sortir par
l’arrière de sa maison. Il le suit de loin, sur la route de Corbeil où a eu
lieu le crime, jusqu’à un gros bourg de la Somme. Il entre dans une auberge
isolée, à l’enseigne du Cygne dont il ne repart qu’à l’aube pour
retourner barrière de Rochechouart. Il s’agissait donc bien d’un rendez-vous
secret. Enfin une première indication.
De retour à son bureau au 6
petite-rue-Sainte-Anne, Vidocq s’enferme dans la loge d’acteur qu’il a
aménagée. Sur une table, des faux nez, des perruques, un assortiment de fards.
Le long des murs sont suspendus de multiples costumes, d’ouvriers, de
militaires et même d’ecclésiastiques. Une fois grimé, il part pour sa filature.
Qui pourrait identifier Vidocq dans ce colporteur dépenaillé, aux mains
crasseuses et au regard louche. Il avance d’un pas lourd, sa hotte sur le dos,
le long des routes jusque dans la Somme. Arrivé dans la petite ville de Rosières,
il s’inscrit à l’hôtel du Cygne sous le nom de Frénot.
Il est maintenant à pied d’œuvre
pour découvrir quels sont les membres de la terrible bande de chauffeurs qui
depuis deux ans, terrorisent la région.
Pendant trois semaines, il parcourt
la contrée, de hameau en village, entrant dans chaque maison, proposant sa
camelote à prix défiant toute concurrence. Il bavarde avec les paysans, gagne
leur confiance et observe les allées et venues de chacun. Il identifie le chef,
Le Capelier, un aubergiste qui dirige une bande de soixante truands. Son
second, une femme, la veuve Giraud, surnommée la « Louve » tant elle
est féroce. Raoul sert à écouler la marchandise à Paris. Vidocq sait que s’il
est découvert, on ne lui fera pas de quartier. Pour éviter toute fuite, il
décide de ne prévenir la gendarmerie qu’au dernier moment, après s’être fait
admettre dans la bande. Pour y arriver, il fait la cour à la fille Le Capelier,
une accueillante brunette. Il lui promet de l’épouser, dès qu’il aura, par un
bon coup, mis de côté de quoi monter le ménage.
La fille en parle au père qui décide
d’aider son futur gendre. Mais il ne suffit pas de faire le joli cœur, Frénot
doit faire ses preuves. On lui indique trois vols avec effraction à faire.
Vidocq s’en tire en « professionnel » à la satisfaction de ses futurs
employeurs. C’est dit, il participera au prochain coup. Pour faire la liaison
avec la police, Vidocq a fait venir un de
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