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Vidocq - le Napoléon de la Police

Vidocq - le Napoléon de la Police

Titel: Vidocq - le Napoléon de la Police Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie-Hélène Parinaud
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personne ne s’étonne de voir apparaître les débris
d’anciennes familles que l’on croyait disparues.
    Voulant peaufiner sa crédibilité,
ayant appris que les Prussiens durant l’occupation ont brûlé la mairie de Soissons
avec toutes ses archives, il décide d’en faire son lieu de naissance.
S’installant dans la meilleure auberge, il conte à son hôtelière que quarante
ans auparavant sa mère, la comtesse de Pontis de Sainte Hélène – que Dieu
ait son âme – l’a mis au monde dans cette même maison. Pourrait-elle lui
montrer la chambre où il a vu le jour. Hélas ! se désole-t-elle, les
précédents propriétaires sont morts et elle ne sait rien. Le soir, en grand
seigneur, il commande et paye un somptueux repas. Invitant la propriétaire à le
partager, il la persuade de la sincérité de son histoire. Aimablement, elle
propose de la raconter à l’agent municipal. C’est devenu la coutume à Soissons,
depuis l’incendie des archives, de servir de témoin pour reconstituer des
preuves d’identité. Voilà donc le comte en possession d’un acte de naissance
qu’il prend la précaution de faire certifier par un notaire. Il touche au but,
entamer une carrière sans risques à la Cour lorsque Napoléon débarque à
Antibes, bien décidé à reconquérir son trône.
    Adieu les rêves de situation
brillante. L’empereur va rétablir une police militaire efficace. Il faut
disparaître au plus vite. Le soir où Louis  XVIII, abandonné
de tous, quitte en toute hâte les Tuileries, le comte de Pontis de
Sainte-Hélène est du nombre des derniers fidèles qui escortent sa berline.
     
    Tandis que l’Empereur récupère son
trône et son armée, le roi s’est installé à Gand, pendant les Cent-Jours que
dure cette épopée. Il ne vit qu’avec un petit groupe d’amis dévoués : le
duc de Blacas, le duc de Levis, le marquis de Vaublanc, le comte de Sèze, le
baron de Lally-Tollendal, le vicomte de Chateaubriand et le comte de Pontis de
Sainte-Hélène…
    Lorsque les puissances européennes,
après Waterloo, rétablissent les Bourbons sur leur fragile trône, Louis  XVIII et son entourage se réinstallent à Paris. Le roi a pu compter ses
véritables fidèles. Le comte de Pontis de Sainte-Hélène est ainsi promu
lieutenant-colonel de la garde nationale. Il est de toutes les fêtes et
représente magnifiquement le corps des officiers royalistes. Il mène grand
train. Reçoit dans son somptueux hôtel, possède le plus bel équipage de Paris
et arguant des services rendus, réclame d’importantes pensions à divers
ministères.
    C’est alors qu’il commet une erreur
qui passe inaperçue, sauf aux yeux de Vidocq. Déjà décoré de la Légion
d’honneur et de la croix de Saint-Louis, il se prétend nanti du prestigieux
ordre d’Alcantara que la couronne espagnole n’accorde que pour des actions
exceptionnelles. Seul possesseur français de cet ordre, il estime que cela doit
lui valoir une augmentation de solde. À force de réclamer auprès des
ministères, ceux-ci transmettent sa protestation aux Espagnols.
    L’ambassadeur en personne répond
avec netteté que jamais cette décoration n’a été accordée au demandeur. Cela
fait d’autant plus mauvais effet qu’il arbore sa plaque avec ostentation et
s’obstine à évoquer comment il l’a gagnée à Saragosse.
    Vidocq rédige un rapport concluant
par une demande d’arrestation du soi-disant comte de Pontis de Sainte-Hélène.
Les motifs sont l’usurpation d’identité et de décorations, sans oublier son
évasion du bagne.
    La préfecture, épouvantée à l’idée
d’un tel scandale, paralyse l’action de son chef de la Sûreté. Porter de telles
accusations contre un homme si bien en Cour, ex-favori du duc de Berry, protégé
du ministre de la Guerre, le duc de Feltre, est impossible. On lui donne
l’ordre d’abandonner ce dossier.
    Vidocq ne l’entend pas de cette
oreille. Il recherche l’ancien compagnon de chaîne du condamné Coignard, le
forçat Darius qui a purgé ses vingt ans de fers au bagne de Toulon. Lors d’une
cérémonie militaire, place Vendôme, Vidocq emmène le « libéré » et
lui demande si l’officier ne lui rappelle pas quelqu’un. L’homme regarde le
superbe cavalier qui caracole.
    « Coignard ! »,
s’exclame Darius sans hésitation.
    Comme il ne l’a vu qu’à distance,
Vidocq veut une preuve plus formelle. Il lui demande d’aller rendre visite à
son ancien compagnon, dans

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