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Vidocq - le Napoléon de la Police

Vidocq - le Napoléon de la Police

Titel: Vidocq - le Napoléon de la Police Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie-Hélène Parinaud
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coupables lors
d’une identification, on ne laisse aucune échappatoire aux suspects. Aussi
a-t-il choisi, lors de cette rencontre, d’y mêler trois de ses hommes d’origine
méditerranéenne. Il a pris soin de les choisir de la même taille et vêtus de la
même façon que les suspects. Ainsi aucune erreur ne sera possible. Le
malheureux changeur désigne d’un doigt tremblant les deux Italiens :
    « Je suis formel, ce sont
eux. » Et il s’évanouit.
    Ces manières, un peu trop
indépendantes, ne plaisent pas au Préfet et à son entourage. Delavau entend
bien le remettre à sa place, c’est-à-dire « à sa botte ». Vidocq est
un policier hors pair, difficile de trouver des fautes de service. De plus, le
nouveau roi de France, Charles  X, ayant succédé à son
frère Louis  XVIII, le 16 septembre 1824, a suivi
l’engouement du public pour son chef de la Sûreté. Face aux succès remportés,
il a rendu officiel les lettres de rémissions accordées par son prédécesseur à
Vidocq. Chacun sait à présent que l’ancien jugement le condamnant au bagne est
cassé et ses condamnations effacées. Vidocq ne peut plus être légalement
poursuivi par son passé.
     
    Mais si on ne peut rien lui reprocher,
il n’en va pas de même pour les collaborateurs qu’il a choisis. Tous
proviennent du milieu des anciens bagnards. Éliminant les policiers ordinaires,
il a préféré des hommes en qui il a confiance, pouvant se mêler aux bandits
sans attirer l’attention.
    Cela n’est plus toléré par le
nouveau préfet. Il veut des hommes irréprochables, nets et dignes,
« propres sur eux ».
    « Vous voulez des enfants de
chœurs ! » s’écrie Vidocq.
    C’est cela. Ils sont devenus
honnêtes, on le sait car on les surveille, mais ils ne vont pas à la messe, pas
plus que Vidocq d’ailleurs. Avec l’avènement de Charles  X, très pratiquant, c’est presque un crime. Aussi le préfet exige-t-il un
changement de comportement, notamment religieux. Comme son chef de la Sûreté
n’obtempère pas, il lui envoie une seconde note très sèche de rappel à l’ordre,
à laquelle Vidocq répond, le 20 juin 1827 :
    « Depuis dix-huit ans que je
sers la police, je n’ai jamais reçu un seul reproche de vos prédécesseurs.
Depuis votre nomination, voilà la deuxième fois que vous m’en adressez. Pour
vous éviter la peine d’en faire de nouveaux comme à moi le désagrément de les
recevoir, je vous prie de recevoir ma démission. »
    Désormais c’est un homme totalement
libre.

IX

La guerre des polices
    Un nouveau préfet reprend les rênes
et accentue les tendances de son prédécesseur. Henri Mangin, homme aussi
intègre qu’intransigeant, père de douze enfants, a décidé de
« purifier » Paris. Il révoque la plupart des crieurs de journaux,
coupables à ses yeux, d’influencer l’opinion publique en annonçant les titres
de la presse. Il fait interdire les rues aux colporteurs, car leur présence
entraîne des attroupements propices aux voleurs. Il réduit l’étalage des
commerçants qui débordent sur la chaussée, cela fait désordre et en catholique
pratiquant, décide de chasser toutes les prostituées. Le départ du chef de la
Sûreté qu’il ne considère que comme un ancien bagnard, lui parait une
épuration. Désormais, grâce à Dieu, les policiers seront des fonctionnaires,
pieux et réservés. Cependant à Paris, la nouvelle de la démission de Vidocq,
malgré le refus de la préfecture de la rendre publique, fait le tour de la
capitale. La pègre se réjouit autant que les policiers d’être débarrassée de
cet enquêteur infatigable.
     
    Personne ne se demande ce que Vidocq
va faire. Il a cinquante-deux ans et inaugure sa nouvelle existence en se
remariant avec sa cousine, Fleurine Matiez, puis il acquiert une grande
propriété à Saint-Mandé. Le couple s’y installe et le parc étant vaste, Vidocq
décide d’y ouvrir une usine. Il a inventé plusieurs procédés : du carton
bouilli qui permet de faire des valises et surtout du papier tramé et
ingrattable donc infalsifiable. Il veut commercialiser ses inventions. Le 1 er juillet 1828, il interrompt ses travaux pour une parenthèse officielle. Il est
invité à assister à la cérémonie solennelle d’entérinement des lettres de grâce
que lui avait accordées Louis  XVIII, dix ans
auparavant, le 1 er avril 1818. Cet épisode clôture la période la
plus agitée de son existence mais pour Vidocq, il y a

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