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Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I

Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I

Titel: Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benjamin Franklin
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justesse et de l'utilité des observations et des avis qu'il renferme.
L'almanach de Franklin eut un tel succès, qu'on en vendit dix mille dans l'année, nombre qui doit paroître très-considérable, si l'on réfléchit qu'à cette époque l'Amérique n'étoit pas encore très-peuplée. On ne peut pas douter que les salutaires leçons, contenues dans cet almanach, n'aient fait une impression favorable sur plusieurs de ses lecteurs.
Peu de temps après, Franklin entra dans sa carrière politique. En 1736, il fut nommé secrétaire de l'assemblée générale de Pensylvanie ; et réélu tous les ans pour la même place, jusqu'à ce qu'on l'éleva à celle de représentant de la ville de Philadelphie.
Bradford, étant chargé de la direction de la poste, avoit, comme l'a observé Franklin lui-même, l'avantage de répandre sa gazette plus facilement que les autres, et par conséquent de la rendre plus propre à faire circuler les annonces des marchands. Franklin obtint, à son tour, cet avantage. Il fut nommé en 1737, directeur des postes de Philadelphie.
    Tandis que Bradford avoit occupé cette place, il en avoit agi indignement envers Franklin, en s'opposant, de tout son pouvoir, à la circulation de son papier-nouvelle : mais lorsque Franklin eut la facilité de prendre sa revanche, la noblesse de son ame ne lui permit point d'imiter son lâche concurrent.
La police de Philadelphie avoit établi dès long-temps des gardes de nuit [Ils ont, comme en Angleterre, le nom de Watchmen, et crient exactement l'heure qui sonne.], qui sont, à-la-fois, chargés de prévenir les vols et de donner l'alarme en cas de feu. Cet emploi est peut-être l'un des plus importans qu'on puisse confier à une classe d'hommes quelconque. Mais les règlemens à cet égard n'étoient pas stricts. Franklin entrevit le danger qui pouvoit en résulter ; et il proposa des arrangemens, pour obliger les gardes à veiller avec plus de soin, sur la vie et la propriété des citoyens. L'avantage de ces changemens fut aisément reconnu, et on ne balança pas à les adopter.
Rien n'est plus dangereux que les incendies pour des villes qui s'agrandissent. Les autres causes, qui peuvent leur nuire, agissent lentement et presqu'imperceptiblement : mais celle-ci détruit en un moment les travaux des siècles. On devroit donc multiplier, dans toutes les cités, les moyens d'empêcher le feu de s'étendre. Franklin en sentit bientôt la nécessité ; et vers l'année 1738, il forma, à Philadelphie, la première compagnie pour éteindre les incendies. Son exemple ne tarda pas à être suivi ; et on compte maintenant, dans cette ville, plusieurs compagnies du même genre. C'est à ces institutions qu'on doit, en grande partie, attribuer la promptitude avec laquelle les incendies sont éteints à Philadelphie, et le peu de dommage que cette ville a éprouvé de ces sortes d'accidens.
Peu de temps après, Franklin suggéra le plan d'une association pour assurer les maisons contre le feu.
    Cette association eut lieu. Elle subsiste encore ; et l'expérience a montré combien elle est utile.
Il paroît que, dès l'instant où les Européens se sont établis en Pensylvanie, un esprit de dispute a régné parmi les habitans de cette province. Pendant la vie de William Penn, la constitution de la colonie fut changée trois fois. Depuis cette époque, l'histoire de ce pays n'offre guère qu'un tableau des querelles, qui ont eu lieu entre les propriétaires, ou les gouverneurs et l'assemblée. Les propriétaires prétendoient que leurs terres devoient être exemptes d'impôts. L'assemblée soutenoit le contraire. L'objet de cette dispute se renouveloit à chaque instant, et s'opposoit à l'établissement des loix les plus salutaires. Par ce moyen, le peuple se trouvoit souvent dans de très-grands embarras.
Lorsqu'en l'année 1744, l'Angleterre étoit en guerre avec la France, quelques Français et quelques Indiens firent des incursions sur les frontières de la province. Les habitans de ces frontières n'étoient pas en état de leur résister. Il devint nécessaire que les citoyens s'armassent pour leur défense. Le gouverneur Thomas demanda alors à l'assemblée une loi pour une levée de milice. L'assemblée ne voulut consentir à l'accorder qu'à condition qu'il donneroit lui-même sa sanction à certaines loix favorables aux intérêts du peuple. Mais le gouverneur, qui croyoit ces loix nuisibles aux propriétaires, refusa de les approuver ; et

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