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Viens la mort on va danser

Viens la mort on va danser

Titel: Viens la mort on va danser Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Segal
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lieu à l'église voisine,
l'église Saint-Pierre-et-Saint-Paul. C'est le premier Noël depuis la guerre.
Une foule très nombreuse sé presse ét se tasse sur les bancs. Les femmes sont
vêtues de noir. Le sermon est très simple et sage : il appelle les fidèles à
l'amour, essayant d'oublier les actes de guerre et de haine. Le chœur d'enfants
est d'une grande beauté; la soliste a des sanglots dans la voix. Je suis
heureux de pouvoir partager leur communion. Parfois, les fidèles se retournent
et me regardent, ne sachant trop qui je suis. Je me retourne aussi, j'écoute la
soliste et les chœurs, attentif au moindre son. Guettant tous les bruits,
scrutant, fouillant l'ombre. Les rumeurs d'un éventuel plasticage ont couru
dans la soirée. On parle de représailles contre cette église située dans un
village chrétien.
    Finalement, la cérémonie se termine, les
portes s'ouvrent et tout le monde se sépare. Les Yared et moi rentrons au
château Boustany. Au pied du sapin je trouve un livre, Lumière du Liban : quand le Liban et
Beyrouth se reposaient encore au bord de la Méditerranée.
    Les quelques chocolats accrochés à l'arbre
comme des perles ont été dévorés par les chiens.
     
    Lundi 27 décembre
    A l'Hôtel-Dieu (grand hôpital du centre de Beyrouth,
côté chrétien), je rencontre la directrice de l'école d'infirmières. Je propose
de donner bénévolement des cours sur la rééducation des handicapés à ces jeunes
filles qui, dans quelques mois, une fois terminées leurs études, devront
s'occuper des centaines de paralysés de la guerre du Liban. Mon offre de
services est acceptée.
     
    Mardi 28 décembre
    Je retourne à l'hôpital Dar el Bâche pour donner
des cours aux rééducateurs. Je leur confie toutes les techniques que j'ai
apprises au Viêt-Nam,  aux Etats-Unis, en Australie, etc. : lever les malades
pour. prévenir les escarres, en les mettant dans un cadre de posture; utiliser
les spasmes musculaires pour empêcher l'atrophie. Je ferai confectionner des
cadres de posture [4] , en bois ou en métal, par
Gilbert. Ce sera une véritable révolution pour ces malades couchés depuis deux
ans. Ils se retrouveront debout, deux heures par jour au minimum, ce qui
réduira d'autres problèmes liés à la cicatrisation, telle l'incontinence
urinaire qui souille perpétuellement les blessures.
     
    Mercredi 29 décembre
    Soirée en ville chez les. Libanais
chrétiens qui se sont « absentés » à Paris le temps des combats. Ils nous
racontent les nombreux problèmes de leur installation à Paris : difficiles
accords des rideaux avec la moquette et autres fariboles. Leïla, qui a vécu les
combats et la peur, est outrée, déçue, écœurée.
     
    Jeudi 30 décembre
    Grâce à Leïla, j'ai réussi à avoir une
entrevue avec le président Sarkis. Cet « homme de dossier », cet homme de
dialogue, apparaît comme l'homme fort, le médiateur qui peut mettre un terme
aux troubles sanglants et reconstruire le pays. Ce président, de famille
chrétienne maronite, vient de former le premier gouvernement de son sextennat,
un cabinet de technocrates que préside le musulman Selim al Hoss. J'attends de
lui les moyens financiers et les autorisations nécessaires pour lancer un grand
mouvement de rééducation et de réinsertion des blessés.
    La route qui mène au palais présidentiel
longe le camp palestinien de Tall el Zaatar, qui signifie en arabe « la Colline
des oliviers »... A l'approche du palais, les véhicules sont fouillés. Quelques
photographes et journalistes essayent d'intercepter les visiteurs. Puis le palais
apparaît : une bâtisse moderne construite en 1971 par des architectes suisses.
    Nous pénétrons dans le salon où l'on nous
sert le café. Leïla est accompagnée du frère du président. Après une courte
attente, un planton nous fait entrer dans son bureau. J'ai gardé mon blouson de
cuir comme pour le baroud; le président, lui, est en complet gris anthracite,
il porte des lunettes carrées. On nous sert à nouveau le café puis, face à la
carte du Liban, nous échangeons quelques mots. Le président semble discret,
fidèle au portrait que l'on m'avait décrit : « pointilleux, goût du labeur
acharné, érudit, intégrité proverbiale ».
    Le président attend mes questions. « Je
pense, monsieur le Président, que vous n'êtes pas sans connaître le but de ma
mission... » et j'expose les points importants Le, président s'est un peu penché;
il écoute avec une extrême

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