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Vies des douze Césars

Vies des douze Césars

Titel: Vies des douze Césars Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Suetone
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seulement d’atteindre à la vieillesse, mais encore de jouir d’un bonheur constant et extraordinaire, au point qu’ayant un jour perdu dans un naufrage ce qu’il avait de plus précieux, il ne craignit pas de dire à ceux qui l’accompagnaient que les poissons lui rapporteraient tous ces objets. (6) Ce fut à Naples, le jour anniversaire du meurtre de sa mère, qu’il apprit le soulèvement des Gaules. Il reçut cette nouvelle avec tant de calme et d’indifférence, que l’on soupçonna qu’il était bien aise d’avoir une occasion de dépouiller, selon le droit de la guerre, les provinces les plus opulentes. Il se rendit aussitôt au gymnase, et prit le plus grand intérêt à voir lutter les athlètes. (7) Son souper fut interrompu par les lettres les plus inquiétantes. Dans sa colère, il menaça des plus terribles châtiments ceux qui se rendraient coupables de défection. Durant huit jours entiers, il ne répondit à aucune lettre, ne donna ni ordre, ni instruction, et ensevelit cette affaire dans l’oubli.
     
XLI. Des nouvelles plus inquiétantes le font revenir à Rome ; il est rassuré, en route, par un présage
    (1) Enfin, ému par les outrageantes et nombreuses proclamations de Vindex, il écrivit au sénat pour l’exhorter à le venger, lui et l’empire, s’excusant sur un mal de gorge de n’être point venu en personne. (2) Rien, dans ces proclamations, ne l’offensa plus que d’être traité de mauvais joueur de luth, et appelé Ahenobarbus au lieu de Néron. Il déclara qu’il allait renoncer à son nom d’adoption et reprendre son nom de famille qu’on lui rappelait par forme d’injure. À l’égard des autres imputations, ce qui en démontrait selon lui la fausseté, c’était le reproche qu’on lui faisait d’ignorer un art qu’il avait cultivé et perfectionné avec tant de soin ; puis il demandait à chacun s’il connaissait un musicien plus habile que lui. (3) Cependant les messages se succédaient avec rapidité. Saisi d’effroi, il revint à Rome. Un présage des plus frivoles le rassura dans sa route. Il vit, sur un monument, une sculpture qui représentait un soldat gaulois terrassé par un chevalier romain et traîné par les cheveux. À ce spectacle, il fut transporté de joie et rendit grâce au ciel. (4) Dans ces graves circonstances, il ne harangua ni le peuple ni le sénat. Il tint conseil à la hâte avec quelques principaux citoyens qu’il appela chez lui, et passa le reste du jour à leur faire voir des instruments de musique hydrauliques d’une espèce toute nouvelle, à leur montrer chaque pièce l’une après l’autre, à discourir sur l’emploi et le mérite de chacune, et à leur assurer même qu’il étalerait tout ce mécanisme sur le théâtre, si Vindex le lui permettait.
     
XLII. Révolte de Galba et de l’Espagne. Accablement de Néron. Ses fureurs. Il donne un grand repas et y chante de ses vers
    (1) Mais, à la nouvelle de la défection de Galba et des Espagnes, il fut anéanti, et, perdant entièrement courage, il resta longtemps sans voix et à demi-mort. Revenu à lui, il déchira ses vêtements, se frappa la tête, et s’écria que c’en était fait de lui. Sa nourrice le consolait en lui rappelant que de semblables désastres étaient arrivés à d’autres princes. Il répondit qu’il éprouvait des malheurs inouïs et sans exemple, puisqu’il perdait le trône de son vivant. (2) Néanmoins il ne retrancha ni ne diminua rien à ses habitudes de luxe et de paresse. Il fit plus : après avoir reçu de province une heureuse nouvelle, il donna un splendide festin ; ensuite il chanta, avec accompagnement de gestes bouffons, contre les chefs de la défection, des vers plaisants qui furent répandus dans le public. Il se fit même porter secrètement au théâtre, et envoya dire, à un comédien qui plaisait beaucoup, qu’il profitait des occupations de l’empereur.
     
XLIII. Projets atroces qu’on lui attribue. Il se nomme seul consul et se dispose à marcher contre les révoltés
    (1) On croit que, dès le commencement de la révolte, il avait conçu une foule d’atroces projets dont la nature ne répugnait point à son caractère. Il voulait faire égorger et remplacer les commandants des armées et des provinces, comme des conspirateurs, tous animés d’un seul et même esprit ; massacrer, en quelques lieux qu’ils fussent, tous les exilés et tous les Gaulois qui étaient dans Rome ; les premiers, pour qu’ils

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