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Vies des douze Césars

Vies des douze Césars

Titel: Vies des douze Césars Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Suetone
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mains par une ouverture étroite jusque dans la chambre la plus voisine où il se coucha sur un lit garni d’un mauvais matelas et d’un vieux manteau pour couverture. Quoique tourmenté par la faim et la soif, il refusa le pain grossier qu’on lui présentait, et ne but qu’un peu d’eau tiède.
     
XLIX. Ses derniers moments. Ses hésitations. Sa lâcheté. Sa mort
    (1) Cependant on le pressait de tous côtés de se soustraire le plus tôt possible aux outrages qui le menaçaient. Il fit donc creuser devant lui une fosse à la mesure de son corps, voulut qu’on l’entourât de quelques morceaux de marbre, si l’on en trouvait, et qu’on apportât de l’eau et du bois pour rendre les derniers devoirs à ses restes. Chacun de ces préparatifs lui arrachait des larmes, et il répétait de temps en temps : « Quel artiste va périr !» (2) Au milieu de tous ces délais, un coureur remit un billet à Phaon. Néron s’en saisit, et y lut que le sénat l’avait déclaré ennemi public, et qu’on le cherchait pour le punir selon les lois des anciens. Il demanda quel était ce supplice. On lui dit qu’on dépouillait le coupable, qu’on lui passait le cou dans une fourche, et qu’on le battait de verges jusqu’à la mort. Épouvanté, il saisit deux poignards qu’il avait sur lui, en essaya la pointe, et les remit dans leur gaine en disant que son heure fatale n’était pas encore venue. (3) Tantôt il engageait Sporus à entonner les lamentations et à commencer les pleurs, tantôt il demandait que quelqu’un lui donnât l’exemple de se tuer ; quelquefois enfin il se reprochait sa lâcheté en ces termes : « Ma vie est honteuse et infâme. Cela ne sied pas à Néron, non. Il faut être sage dans de pareils moments. Allons, réveillons-nous. » (4) Déjà approchaient les cavaliers qui avaient ordre de l’amener vivant. Dès qu’il les entendit, il prononça en tremblant ce vers grec : « Le galop des coursiers résonne à mes oreilles." ; puis il s’enfonça le fer dans la gorge, aidé par son secrétaire, Épaphrodite. (6) Il respirait encore lorsqu’un centurion entra. Feignant d’être venu à son secours, il appliqua sa casaque sur la blessure. Néron ne lui dit que ces mots : « Il est trop tard », et ceux-ci : « Voilà donc la fidélité !". (7) Il mourut en les prononçant. Ses yeux étaient hors de sa tête, et leur fixité saisissait d’horreur et d’effroi tous les spectateurs. (8) Il avait surtout expressément recommandé à ses compagnons qu’on n’abandonnât sa tête à personne, mais qu’on le brûlât tout entier, de quelque manière que ce fût. (9) Ils obtinrent cette grâce d’Icelus, affranchi de Galba, qui venait d’être délivré de la prison où on l’avait jeté au commencement de l’insurrection.
     
L. Ses funérailles
    (1) Ses funérailles coûtèrent deux cent mille sesterces. On se servit pour l’ensevelir d’une étoffe blanche brodée d’or, qu’il avait portée aux calendes de janvier. (2) Ses nourrices Eglogé et Alexandra, avec sa concubine Acté, déposèrent ses restes dans le monument des Domitii, que l’on aperçoit du Champ de Mars, au-dessus de la colline des Jardins.(3) La tombe est de porphyre ; elle porte un autel de marbre de Luna, et est entourée d’une balustrade en marbre de Thasos.
     
LI. Son portrait
    (1) Néron avait une taille ordinaire. Son corps était hideux et couvert de taches, sa chevelure blonde, sa figure plutôt belle qu’agréable, ses yeux bleus et faibles, le cou fort, le ventre gros, les jambes grêles, le tempérament vigoureux. Malgré l’excès de ses débauches, il ne fut malade que trois fois en quatorze ans ; encore ne le fut-il pas au point d’être obligé de s’abstenir de vin, ou de rien changer à ses habitudes. (2) Il avait si peu de décence et de tenue, que, dans son voyage en Grèce, il laissa retomber derrière sa tête ses cheveux, qui d’ailleurs étaient toujours disposés en étages, et que souvent il parut en public vêtu d’une espèce de robe de chambre, un mouchoir autour du cou, sans ceinture ni chaussures.
     
LII. Ses études. Ses connaissances
    (1) Dès son enfance, il cultiva presque tous les arts. Sa mère l’éloigna de la philosophie qu’elle lui représentait comme nuisible à un empereur, et son maître Sénèque le détourna de l’étude des anciens orateurs, afin de fixer plus longtemps sur lui-même l’admiration de son disciple. (2) Porté vers

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