Vies des douze Césars
Pour Q. Metellus plutôt comme la copie infidèle de sténographes qui n’avaient pu suivre la rapidité de son débit, que comme un ouvrage publié par lui-même. De fait, je trouve que plusieurs exemplaires ne sont pas intitulés Discours pour Metellus, mais Discours écrit pour le compte de Metellus. Toutefois, c’est César qui y parle, pour se justifier, en même temps que Métellus, des accusations de leurs détracteurs communs. (7) Auguste hésite même à lui attribuer les harangues Aux soldats en Espagne ; on en possède néanmoins deux sous ce même titre : l’une, qu’il aurait prononcée avant le premier combat, et l’autre avant le second ; mais Asinius Pollion dit qu’à la dernière bataille, la brusque attaque des ennemis ne lui laissa pas le temps de haranguer ses troupes.
LVI. Jugements sur ses Commentaires. Ses autres ouvrages
(1) César a laissé aussi des mémoires sur ses campagnes dans les Gaules et sur la guerre civile contre Pompée. Pour l’histoire des guerres d’Alexandrie, d’Afrique et d’Espagne, on ne sait pas quel en est l’auteur. Les uns nomment Oppius, et les autres Hirtius, qui aurait même complété le dernier livre de la guerre des Gaules, laissé inachevé par César. (2) Voici le jugement que Cicéron a porté des Commentaires de César, dans le traité à Brutus : « Ses commentaires sont un livre excellent ; le style en est simple, sans détours et plein de grâce, dépouillé de toute pompe de langage : c’est une beauté sans parure. En voulant fournir aux futurs historiens des matériaux tout prêts, il a peut-être fait plaisir à des sots, qui ne manqueront pas de charger d’ornements frivoles ces grâces naturelles ; mais il a ôté aux gens de goût jusqu’à l’envie de traiter le même sujet. » (3) Hirtius dit aussi, en parlant du même ouvrage : « La supériorité en est si généralement reconnue, que l’auteur semble plutôt avoir ravi que donné aux historiens la faculté d’écrire après lui. Mais nous avons plus de motifs que personne d’admirer ce livre : les autres savent avec quel talent et quelle pureté il est écrit ; nous savons, de plus, avec quelle vitesse et quelle facilité il le fut. » (4) Asinius Pollion prétend que ces commentaires ne sont pas toujours exacts, ni fidèles, César ayant, pour les actions des autres, ajouté une foi trop entière à leurs récits, et, pour les siennes mêmes, ayant altéré, sciemment ou faute de mémoire, la vérité des faits. Aussi Pollion est-il persuadé qu’il devait les récrire et les corriger. (5) César a laissé encore un traité en deux livres Sur l’Analogie, un autre, en autant de livres, appelé Anti-Catons, et un poème intitulé le Voyage. (8) Il composa le premier de ces écrits en passant les Alpes, pour aller rejoindre son armée, après avoir présidé les assemblées de la Gaule Citérieure ; le second, vers le temps de la bataille de Munda ; le dernier, dans les vingt-quatre jours qu’il mit à se rendre de Rome dans l’Espagne Ultérieure. (7) On a aussi ses lettres au sénat ; et il paraît être le premier qui ait écrit ses rapports en divisant les pages à la façon d’un mémoire, tandis qu’auparavant les consuls et les généraux écrivaient les leurs dans toute l’étendue des feuilles. (8) On possède enfin de César des lettres à Cicéron, et sa correspondance avec ses amis sur ses affaires domestiques. Il y employait, pour les choses tout à fait secrètes, une espèce de chiffre qui en rendait le sens inintelligible (les lettres étant disposées de manière à ne pouvoir jamais former un mot), et qui consistait, je le dis pour ceux qui voudront les déchiffrer, à changer le rang des lettres dans l’alphabet, en écrivant la quatrième pour la première, c’est-à-dire le d pour l’a, et ainsi de suite. (9) On cite même quelques essais de sa prime jeunesse, par exemple un Éloge d’Hercule, une tragédie d’Oedipe, un Recueil de bons mots. Mais Auguste défendit de publier aucun de ces écrits, par une lettre, aussi courte que simple, adressée à Pompeius Macer, à qui il avait confié le soin de ses bibliothèques.
LVII. Sa célérité
(1) Il excellait à manier les armes et les chevaux, et il supportait la fatigue au-delà de ce qu’on peut croire. (2) Dans les marches il précédait son armée, quelquefois à cheval, mais le plus souvent à pied, et la tête toujours nue, malgré le soleil ou la pluie. Il
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