Vies des douze Césars
la république était plus intéressée que lui-même à son salut ; qu’il avait acquis, depuis longtemps, assez de gloire et de puissance ; mais que la république, s’il venait à périr, ne jouirait d’aucun repos, et irait s’abîmer dans les effroyables maux des guerres civiles. »
LXXXVII. Ses souhaits pour une mort prompte.
(1) Mais ce dont on convient assez généralement, c’est que sa mort fut à peu près telle qu’il l’avait désirée. (2) Car lisant un jour, dans Xénophon, que Cyrus avait donné, pendant sa dernière maladie, quelques ordres pour ses funérailles, il témoigna son aversion pour une mort aussi lente, et souhaita que la sienne fût prompte et subite. La veille même du jour où il périt, à un souper chez Marcus Lepidus, un convive ayant soulevé cette question : Quelle est la fin la plus désirable ? « Une mort brusque et inopinée, » répondit César.
LXXXVIII. Son apothéose
(1) Il périt dans la cinquante-sixième année de son âge, et fut mis au nombre des dieux, non seulement par le décret qui ordonna son apothéose, mais aussi par la foule, persuadée de sa divinité. (2) Pendant les premiers jeux que donna pour lui, après son apothéose, son héritier Auguste, une comète, qui se levait vers la onzième heure, brilla durant sept jours de suite, et l’on crut que c’était l’âme de César reçue dans le ciel. C’est pour cette raison qu’il est représenté avec une étoile au-dessus de la tête. (2) On fit murer la curie [de Pompée] où il avait été tué ; les ides de mars furent appelées jour parricide, et il fut défendu pour jamais d’assembler les sénateurs ce jour-là.
LXXXIX. Destinée commune à ses meurtriers
Presque aucun de ses meurtriers ne lui survécut plus de trois ans, et ne mourut de mort naturelle. Condamnés tous, ils périrent tous, chacun d’une manière différente ; ceux-ci dans des naufrages, ceux-là dans les combats : il y en eut même qui se percèrent du même poignard dont ils avaient frappé César.
II.
Vie d’Auguste
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Traduction française de M.Cabaret-Dupaty, Paris, 1893, avec quelques adaptations de J. Poucet, Louvain, 2001
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I. Origine de la famille Octavia
(1) La famille Octavia était anciennement une des premières de Vélitres ; plusieurs monuments en font foi. (2) Un des quartiers les plus fréquentés de la ville s’appelait depuis longtemps Octavius. On montrait un autel consacré par un habitant de ce nom, qui commandait dans une guerre contre un peuple voisin. Averti, au milieu d’un sacrifice qu’il offrait à Mars, d’une subite incursion de l’ennemi, il enleva du feu les chairs de la victime à demi rôties, les découpa, courut au combat, et remporta la victoire. (3) Il existait encore un décret public qui ordonnait de présenter à l’avenir tous les ans à Mars les entrailles des victimes de la même manière, et qui en adjugeait les restes aux Octavius.
II. Les ancêtres d’Auguste
(1) Élevée par Tarquin l’Ancien au rang des familles romaines, celle-ci fut bientôt après classée parmi les patriciennes par Servius Tullius. Redevenue ensuite plébéienne, elle fut rétablie avec beaucoup de peine dans sa première dignité par Jules César. (2) Le premier de ses membres qui obtint une magistrature par les suffrages du peuple fut C. Rufus. Après avoir été questeur, il laissa deux fils, Cneius et Caius, qui formèrent, avec des destinées diverses, les deux branches de la famille Octavia. Cneius et ses descendants remplirent les premières fonctions de la république ; mais, soit par hasard, soit par goût, Caius et toute sa postérité demeurèrent dans l’ordre des chevaliers jusqu’au père d’Auguste. (3) Pendant la première guerre punique, le bisaïeul de celui-ci servit en Sicile sous les ordres d’Aemilius Papus, en qualité de tribun militaire. (4) Son aïeul, content d’exercer des fonctions municipales au sein de l’opulence, atteignit paisiblement le terme de sa vieillesse. (5) À ces témoignages joignons celui d’Auguste. Lui-même prétend n’être issu que d’une famille de chevaliers, ancienne et riche, et il avoue que son père est le premier sénateur de son nom. (6) Marc-Antoine lui reproche d’avoir eu pour bisaïeul un affranchi, un cordier de Thurium, et pour grand-père un courtier. Voilà ce que j’ai pu découvrir sur les ancêtres
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