Vies des douze Césars
sénat la confirma bientôt, non par un décret ni par acclamation, mais par l’organe de Valérius Messala, (2) qui, portant la parole pour tous, lui dit : « César Auguste, en te souhaitant à toi et à ta maison ce qui peut tourner à ton bonheur et à son avantage, nous confondons ensemble l’éternelle félicité de la république et la prospérité de ta famille. Le sénat, d’accord avec le peuple romain, te salue Père de la patrie. » (3) Auguste, les larmes aux yeux, répondit en ces termes que j’ai conservés ainsi que ceux de Messala : « Sénateurs, mes vœux sont accomplis. Que pourrai-je encore demander aux dieux immortels, sinon qu’ils vous maintiennent dans de tels sentiments pour moi jusqu’à la fin de ma vie ?"
LIX. Autres témoignages de cette affection
(1) Le peuple éleva à frais communs une statue, près de celle d’Esculape, à son médecin Antonius Musa, qui l’avait guéri d’une maladie dangereuse. (2) Quelques pères de famille, dans leur testament, enjoignirent à leurs héritiers de conduire des victimes au Capitole, en les faisant précéder du glorieux surnom, et d’accomplir un sacrifice en actions de grâces de ce qu’ils avaient laissé Auguste leur survivre. (3) Des villes d’Italie datèrent le commencement de l’année du jour où il les visita pour la première fois. La plupart des provinces, outre les temples et les autels qu’elles lui érigèrent, établirent aussi des jeux quinquennaux dans presque toutes les villes.
LX. Respect des rois pour sa personne
Les rois amis et alliés bâtirent, chacun dans son royaume, des villes appelées Césarée, et tous ensemble résolurent de faire achever à leurs frais le temple de Jupiter Olympien, anciennement commencé à Athènes, de le consacrer au Génie d’Auguste. Souvent ils quittaient leurs États, et venaient lui rendre des devoirs journaliers, non seulement à Rome, mais encore dans ses voyages en province, sans leurs insignes, et vêtus simplement d’une toge, comme s’ils eussent été ses clients.
LXI. Sa vie privée. Mort de sa mère et de sa sœur
(1) Après avoir représenté Auguste dans l’exercice du commandement et des magistratures, et exposé la manière dont il gouvernait la république dans le monde entier, pendant la paix comme pendant la guerre, je ferai connaître son intérieur et sa vie privée, ses mœurs domestiques et sa conduite envers les siens, depuis sa jeunesse jusqu’à son dernier jour. (2) Pendant son premier consulat il perdit sa mère. Il était âgé de cinquante-quatre ans quand sa sœur Octavie mourut. Il avait eu pour l’une et l’autre les plus grands égards durant leur vie, et il leur rendit les plus grands honneurs après leur mort.
LXII. Ses mariages
(1) Dans son adolescence, il avait été fiancé à la fille de P. Servilius Isauricus. Mais, après la réconciliation qui suivit ses premiers différends avec Antoine, cédant aux instances des deux partis qui voulaient une alliance entre leurs chefs, il épousa la belle-fille d’Antoine, Claudia, que Fulvie avait eue de P. Clodius, et qui était à peine nubile. Cependant s’étant brouillé avec Fulvie, il la répudia encore vierge, (2) pour épouser Scribonia, veuve de deux hommes consulaires, et qui avait des enfants du second. (3) Il s’en sépara également, dégoûté, comme il l’a écrit, de ses mauvaises mœurs. Il épousa aussitôt Livia Drusilla, qu’il enleva à son mari Tibère Néron , quoiqu’elle fût enceinte. Il eut pour elle l’amour le plus tendre et l’estime la plus constante.
LXIII. Ses enfants
(1) Il avait eu de Scribonia sa fille Julie. Livie ne lui donna point de postérité, quoiqu’il le désirât vivement. L’enfant qu’elle avait conçu, fut mis au jour avant terme. (2) Auguste maria d’abord Julie à Marcellus, fils de sa sœur Octavie. qui était à peine sorti de l’enfance. Puis, quand il mourut, il la donna en mariage à M. Agrippa, en obtenant de sa sœur qu’elle lui cédât ce gendre ; car alors Agrippa était uni à l’une des sœurs de Marcellus, et en avait des enfants. (3) Agrippa étant mort aussi, Auguste chercha longtemps, même dans l’ordre des chevaliers. Enfin il choisit Tibère, son beau-fils, qu’il contraignit de congédier son épouse alors enceinte, et qui l’avait déjà rendu père. (4) Marc Antoine a écrit que d’abord Auguste avait promis Julie à son fils Antoine, puis à Cotison, roi des Gètes, à
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